Certains groupes de heavy metal sont autant attachants pour leur aspect visuel que pour leur son. Ce n'est pas insulter les américains de "
Savage Master" que de les prendre en parfait exemple de cette constatation. Nous avons une chanteuse magnifique habillée de cuir et de fer, accompagnée de musiciens en tenue de bourreaux. Un petit côté cocasse et pervers que l'on aime bien. L'aspect musical plaira néanmoins qu'aux addicts du heavy metal orthodoxe. Leur premier album sorti en 2014 chez Skol Records et intitulé "
Mask of the Devil" posait les bases d'un heavy metal américain particulier, déjà très underground à l'époque de sa gloire. On parle ici de USPM, du heavy metal épuré qui avait donné les lettres de noblesse à un groupe comme "
Omen". Néanmoins, "
Savage Master" s'attarde aussi à celui qu'ont pratiqué "
Cirith Ungol" ou encore "
Slough Feg". Des petites nuances dans un jeu très rigide qui ont néanmoins convaincu High Roller Records pour les signer, pour un EP 2 titres, paru en 2015, puis pour un second album, toujours dans la même veine de ce que l'on avait découvert d'eux en 2014. Un disque bâti à coups de fouet et de chaîne. Ne plaira donc à priori qu'aux amateurs de jeu SM.
"
With Whips and Chains" ouvre par une introduction un peu fade ("Call of the
Master"). On entend au départ une femme chantée faux au coin du feu, puis une invocation au démon. Celui-là se manifeste, puis laissera place au heavy metal, à des coups de semonce qui font monter la pression afin de servir sur un plateau le titre successif. C'est "
Dark Light of the
Moon" qui est ainsi servi. On remarque dans ses riffs saccadés une légère inspiration pour la NWOBHM, mais aussi pour le groupe américain "
Slough Feg". Le chant de Stacey est corrosif, presque irritant, dans la pure tradition de ce heavy particulièrement orthodoxe, massif. Nous percevons toutefois une légère subtilité si on dépasse la seule partie rythmique. "Looking for a
Sacrifice" sort également son épingle du jeu en proposant un jeu assez dynamique et un petit côté espiègle. Même si cela s'avère répétitif, on s'éprend sans difficulté du titre "
Path of the
Necromancer". Sans doute l'extrait le plus efficace de la galette. Et cela en grande partie à cause de son refrain particulièrement entêtant.
Le groupe s'en sort aussi pas trop mal concernant son "Ready to
Sin". les salves mettent la pression et révèlent l'entière solidité de la piste, malgré la structure dégarnie de son heavy metal. Ce style, absent de toute fioriture et de subtilité, pose néanmoins quelques difficultés à l'écoute de "
Black Hooves", à force de répétitions, même si les guitaristes font du bon boulot sur la partie instrumentale de ce morceau déjà présenté lors du précédent EP. Le titre éponyme tout comme le menaçant "
Vengeance Is Steel" et sa rythmique en cavalcade, sont symptomatiques des défauts que l'on accorde en général au heavy épuré et monobloc de la branche USPM. C'est pataud, sans légèreté, à perte de souffle et répétitif à l'usure. Dans un jeu empruntant davantage à la NWOBHM, "
Satan's
Crown" se révèle au départ sympathique, puis devient poussif à la longue. Son successeur sur la tracklist, "Burned at the Stake" s'en tire juste un peu mieux avec une musique qui pourrait paraître toute aussi rutilante.
Il y aura des amateurs, mais fort est de constater que ça ne s'adresse pas au plus grand monde. Le heavy metal pratiqué par "
Savage Master" est quelque peu éculé, mais surtout particulièrement éreintant. On en revient à retrouver les qualités, mais également les défauts que l'on accorde à l'USPM des années 80. Qualitativement, on ne s'éloigne aucunement de leur premier ouvrage. S'en est presque une redite. Il faudra s'accrocher au chant scandé de Stacey ou aux riffs parfois monotones de la bande. Ce qui n'empêchera pas nos yeux de s'illuminer sur quelques titres, ou de reprendre à tue-tête le refrain de "
Path of the
Necromancer" sous la douche. Voila, après une première phase de dégoût, je suis presque conquis par ce heavy bas du front. Je me sens coupable. Aussi coupable que lorsque je zieute sur leurs photos promo. Le chant de Stacey a beau se révéler très difficile à accrocher, il en reste que c'est un très beau brin de fille. Une vraie sorcière. Oui, finalement je suis coupable et j'aime la punition.
13/20
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