Tenter aujourd'hui de s'illustrer dans le si concurrentiel registre metal symphonique à chant féminin relèverait, pour les nouveaux entrants, d'un véritable tour de force. Conscient des risques encourus de s'investir corps et âme dans cette périlleuse entreprise, le jeune quintet français originaire de Besançon se lance prudemment dans l'arène, accouchant d'un EP 5 titres en guise d'introductif message musical. Les 25 brèves minutes de la modeste auto-production seront-elles de nature à venir inquiéter leurs homologues sur leurs terres, à l'instar de
Beyond The Black,
Once,
Sleeping Romance ou encore
Metalwings ?
Ce faisant, la mezzo-soprano Lydie et ses compères – Pat (claviers), Fr6 (guitares), Erik (basse) et
Jack (batterie) – officient dans un rock'n'metal mélodico-symphonique gothique et à forte connotation lyrique, qui n'est pas sans renvoyer aux premiers efforts de
Nightwish,
Xandria et consorts. En outre, la menue rondelle se pare d'un set de compositions à la fois énergisant, racé, délicat et éminemment efficace, laissant entrevoir la féconde inspiration de ses auteurs. De plus, le manifeste jouit d'un enregistrement de bon aloi, d'un mixage à parités égales entre lignes de chant et instrumentation, tout en n'accusant que de peu de sonorités résiduelles. De quoi nous intimer d'aller explorer plus en profondeur les arcanes de l'offrande...
A l'aune des pistes les plus vivifiantes, le combo détiendrait les clés pour nous rallier à sa cause, et ce, sans avoir à forcer le trait. Ce qu'il nous prouve dès les premières mesures de l'entraînant « When the
Winds Mingle » et sous l'égide de l'envoûtant « The
Forbidden Fruit » ; deux vibrantes pièces nightwishiennes en l'âme et délivrant chacune une ligne mélodique des plus radieuses mise en habits de lumière par les ensorcelantes envolées lyriques de la sirène. Tout en développant une belle gradation du corps orchestral, d'insoupçonnés changements de tonalité, et en distillant des arrangements d'excellente facture, les deux brûlots se parent également d'enivrants harmoniques, que pourraient bien leur envier
Xandria ou
Delain. Et comment esquiver « La Boite a Musique », lumineuse et frissonnante offrande dotée de galvanisants refrains et de saisissantes montées en puissance ? Dans l'ombre de
Sirenia, entonné dans la langue de Molière, et gagnant en intensité ce qu'il ne perd nullement en mélodicité, cet aérien méfait sera propice au déclenchement d'un headbang subreptice.
Quand il ralentit un tantinet le rythme de ses frappes, le collectif ira jusqu'à nous convier à de rares moments de pure jouissance auditive, instants privilégiés dont il semble avoir le secret. Aussi ne résistera-t-on que malaisément à l'enivrante ligne mélodique du mid tempo « The
Lady of the
Lake », dans la droite lignée d'un
Nightwish estampé « Oceanborn ». Dans cet océan de félicité, des couplets finement ciselés alternent sereinement avec des refrains immersifs à souhait. Mis en exergue par les magnétiques modulations d'une déesse bien habitée, ce hit en puissance ne ratera pas sa cible et poussera même le chaland à une irrépressible remise du couvert...
Lorsqu'elle s'aventure dans d'amples espaces symphonico-progressifs, la troupe parvient là encore à nous retenir plus que de raison. Ainsi, à mi-chemin entre
Amberian Dawn (seconde mouture) et
Darkwell, le mid/up tempo syncopé «
Eclipse of Your Light » conjugue habilement accélérations et ralentissements tout en livrant de sémillants gimmicks guitaristiques et en multipliant les effets de surprise. Dans ce rayonnant paysage de notes où abondent les variations atmosphériques évoluent les cristallines et pénétrantes inflexions de la maîtresse de cérémonie. Un exercice de style souvent redouté mais qui sied particulièrement bien à la formation française, et qui, au final, s'imprimera sans jambage dans la mémoire de ceux qui y auront goûté.
Aussi, à la lumière de leur premier essai, nos cinq gladiateurs ont-ils bien appris les leçons de leurs maîtres inspirateurs, nous octroyant ainsi une œuvre aussi charismatique que techniquement efficiente, sans accuser une quelconque baisse de régime ou d'inconsistantes zones de remplissage. Certes, peu de prises de risques sont à mettre à l'actif du combo français et on aurait souhaité une offre plus étoffée sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal. Et si les sources d'influence ne sauraient se faire oublier, le collectif délivre néanmoins d'identifiables séries d'accords et les patines de la belle d'un battement de cils aspirent le tympan. C'est dire qu'un réel potentiel s'esquisse déjà, à modeler quelque peu toutefois pour espérer voir le combo convoler parmi les valeurs montantes du metal symphonique à chant féminin. Bref, une formation à suivre de près...
Note : 15/20
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire