Winds of Torment

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16/20
Nom du groupe Scorn (FRA)
Nom de l'album Winds of Torment
Type Album
Date de parution 25 Mars 2022
Enregistré à Notos Productions
Style MusicalThrash Death
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1.
 Let Me See Your Blood
Ecouter
2.
 Resilient
 
3.
 Dripping Veins
 
4.
 Scorn
 
5.
 Winds of Torment
Ecouter
6.
 Despondency
 
7.
 The Urge to Kill
 
8.
 Deathstroke and Agony
Ecouter
9.
 The Horde
 
10.
 Sentenced to Live
 

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Scorn (FRA)



Chronique @ JeanEdernDesecrator

03 Juin 2022

Entre thrash et death, un best-of des deux genres

A l'époque où on a pris la sale habitude de chercher de la bonne musique dans les limbes du net plutôt que dans l'atmosphère joyeusement confinée d'un concert, cela ne fait pas de mal de refaire les choses dans le bon sens. Ainsi, je n'ai pas découvert le groupe de thrash/death Scorn au hasard d'un clic entre deux putaclics, mais lors du Metallo'Ween 2021 à Hendaye, que ce quatuor local avait bien chauffé avec un set brutal, envoyé avec un plaisir de jouer communicatif, et une bonne dose d'humour potache de son chanteur Manu entre les morceaux. Le gros contraste entre l'attitude à la cool et presque désinvolte du groupe et l'exécution impitoyable de sa musique ne manquait pas de piquer ma curiosité, et il me tardait de voir ce que ça donnerait sur leur futur album, ce que le chanteur avait annoncé avant de laisser la place au très bon death progressif de Prophetic Scourge.

Scorn, qui n'a rien avoir avec le projet indus de l'ex batteur de Napalm Death Mick Harris, a été formé en janvier 2021 à Saint Jean de Luz, réunissant son line-up complet début 2021, autour de Manu (Ex Can Of Worms, vocaux), Guillaume (Ex Outcast, guitare), Rob (basse), et Tony (Ex Red Dead, batterie). On peut dire qu'ils n'ont pas perdu de temps, puisqu'au printemps 2021, ils commençaient à mettre en boîte eux-mêmes les dix titres de ce premier album, confiant le mixage et le mastering à Eric Dorléans de Notos Studio.
L'artwork a été réalisé par Mosa Eye, le livret et la maquette du CD ont été faits par Remedy Art Design, et l'album est sorti le 25 mars 2022 sur le label Great Dane Records (Gorbringer, Death From Above, …).


Alors généralement, un groupe local qui pond un album avec dix concerts au compteur, ça donne du sous-thrash fagoté comme l'As de Pique recouvert de grouiii-grouii de gorêt et enregistré par Jean-Miche-Muche qui vous colle un vieux son des années 80. Eh bien que nenni. Malgré la rapidité avec laquelle les choses se sont goupillées, le niveau de qualité de ce premier album des basques surprend, et le mot est faible.
Si on se demandait où se situe le point d'équilibre parfait entre thrash et death, Scorn est pile dessus, à l'instar du Sepultura des débuts, et prend un malin plaisir à jouer avec, dansant d'un pied sur l'autre. Leurs influences ne sont pas évidentes ni voyantes, et si je cite pêle-mêle des groupes comme Kreator, Obituary, Coroner, Carcass ou Gojira, le combo a sa personnalité bien affirmée.
On notera un talent certain pour pondre des riffs addictifs et aisément mémorisables, sortir des breaks casse-cervicales auxquels il est difficile de résister. Le qualificatif de saccadé va comme un gant à notre quatuor, mais il peut aussi se montrer groovy (le riff moteur de "The Horde", le break de "Let Me See Your Blood"). Scorn semble avoir choisi les meilleurs morceaux de barbaque des deux carcasses, usant du savoir faire des anciens pour les accommoder à sa sauce, comme ont pu le faire les excellents bataves de Cryptosis.

L'aspect technique n'est pas en reste avec des riffs à la précision chirurgicale, autant sur les palm mutes que les enchainements de notes slayeriennes. La batterie est assez impressionnante, d'autant plus que les tempos sont généralement rapides et les parties très denses, offrant un voyage sans retour au paradis de la double grosse caisse. C'est ultra carré, tiré au cordeau, charnu et fourni, et on sent le souci du travail bien fait. Le groupe s'essaie même à jouer avec les signatures rythmiques sur le galopant "Resilient", entre 4/4 et ternaire, dans un même riff, ce qui donne l'impression de se faire bouffer les oreilles par une vilaine araignée maléfique. La basse de Rob a un petit coté Testament dans son grain, clair mais légèrement saturé, qui fait bien le lien entre agression et mélodie.

En effet, si le thrash/death de Scorn est foncièrement violent, il n'en oublie pas d'être mélodique à la manière d'un Coroner, à l'intérieur même des riffs, volontiers complexes et recherchés, ou des soli. En parlant de ceux-ci, outre ceux que Guillaume a joués lui-même, pas moins de trois guitaristes ont été invités pour poser leur patte certains titres : Nicolas Soulat (ex guitariste de Outcast) sur "Resilient", Aurélien Mauro (The Dissident) sur "Winds of Torment", Sébastien Hérault (Landing Strip) sur "Dripping Veins". Il y a aussi des passages plus tordus et dissonants, comme sur "Despondency", mélangeant des accords bizzaroïdes voivodiens à des hammer à la Deicide, ce qui ne les empêche pas d'asséner un gros break à mosh à la fin du morceau. Quant aux vocaux de Manu, ça growle avec efficacité, entre Max Cavalera et Stéphane Buriez, en plus death et grave, sans fioritures, utilisant sa gorge de manière très rythmique. Les thèmes abordés dans les paroles sont en accord avec le contenu sombre et impitoyable de la musique : la violence du monde actuel, les pulsions agressives, l'absence d'optimisme.

Scorn se joue avec désinvolture des conventions et des attentes, en expédiant le morceau ayant l'honneur et la responsabilité de porter son propre patronyme en treize petites secondes, tel un Napalm Death du thrash.
Même lorsqu'il est un poil moins inspiré et plus convenu ("Dripping Veins", "The Urge to Kill"), la qualité des riffs, des transitions et l'efficacité dont fait preuve le groupe à chaque instant évite à l'intérêt tout décrochage intempestif.

Avec ce premier opus, sorti à peine deux ans après sa fondation, Scorn a réussi son coup, presque sans répit jusqu'au dernier titre, "Sentenced to Live" qui se révèle encore plus malsain que les autres, comme une ouverture finale vers l'enfer. Le son de l'album est parfaitement dosé, puissant et précis, avec quelques effets de manche de-ci de là dans les infra-basses me semble-il, qui enfoncent jouissivement la tête de l'auditeur sous le plancher des vaches au moment où il cherche un peu d'air. Entre thrash et death, il fournit un best-of des deux genres, exécuté avec une maturité surprenante. Avec un tel premier essai, la barre est déjà placée très haut et ce sera dur de faire mieux, mais je ne me fais pas de soucis pour la suite, ces gars vont clairement dans la bonne direction…




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