Bon, autant vous le dire tout de suite, ce n'est pas par son histoire, ses péripéties ou ses dérapages qu'
ASG gagne à être connu. En effet, le quatuor de la côte Est des Etats-Unis (La Caroline du Nord précisément là où grandit Mickael Jordan) a été créé comme en gros tout les groupes de rock, n'a pas connu de changements de line-up si ce n'est l'arrivée de Jonah Citty avant cet album pour renforcer le trio initial. Pour le reste il s'agit du classique quatuor deux guitares-basse-batterie avec le leader
Jason Shi au chant qui pour la petite histoire ne s'est retrouvé à l'origine derrière le micro que du fait des difficultés qu'ils avaient rencontré pour trouver un chanteur. Bien lui en a pris.
Sinon le groupe était un des premiers groupes signé chez Volcom Entertrainment depuis 2002 au milieu de groupes plutôt axé punk initiant le passage des groupes de stoner diverses chez ce label (
Valient Thorr,
Torche,
Year Long Disaster + divers splits-cd).
Pour le reste que dire si ce n'est que le groupe n'est jamais réellement passé à la postérité malgré des disques sortis en gros tous les deux ans, ce «
Win Us Over » étant le quatrième et malgré une tournée européenne l'an dernier laquelle devait les faire passer par le Hellfest, show annulé du fait de problème d'acheminement par avion, scoumoune quand tu nous tiens.
Non, ce qui fait que les petits gars d'
ASG gagnent clairement à être connu, c'est la faculté qu'ils ont à produire une musique entraînante et puissante tout en piochant allègrement dans pas mal de domaines musicaux car en effet,
Jason Shi, le compositeur principal a ingurgité de nombreux styles et ce background ressort par alternance selon les compositions tout en conservant cohérence et homogénéité. Du punk au heavy metal, du hardcore au rock californien pour teenagers, du stoner au rock indie et autres scènes alternatives, leur musique a toujours brassé large et ce depuis le très prometteur «
The Amplification of Self-Gratification» (qui effectivement n'est pas le premier mais l'album éponyme le précédent d'une année est en gros introuvable et de plus a presque la moitié des titres en commun avec celui-ci donc...). Le «
Feeling Good Is Good Enough» de 2005 avait exploré la facette plus hardcore et agressive de la musique du groupe et voici donc «
Win Us Over» à l'artwork assez typé stoner par ses polices, ses figures féminines et l'aspect tiré de rêveries «chanvrées» qui ne déparerait pas chez
Colour Haze ou
Spiritual Beggars.
Cet album n'est en rien un album surprenant pour qui connaît l’œuvre d'
ASG par ailleurs (tout du moins ce qu'ils ont fait avant, je n'ai pas encore eu l'occasion de bien explorer le petit nouveau sorti cette année). On retrouve la patte du groupe avec ce coté énergique oscillant entre l'easy-listening et le plus crade avec ces airs de guitare incisifs, ces passages plus planants et la voix tantôt claire tantôt plus nerveuse de
Jason Shi (bien que les cris soient ici moins souvent au rendez-vous que sur «
Feeling Good Is Good Enough »).
En fait, on est dans la continuité de ce qu'
ASG a toujours fait mais avec des progrès notables par rapport aux albums précédents. Par exemple, on n'a pas le ventre mou de milieu d'album formé de compositions toujours potables mais moins transcendantes que le reste qui subsistait dans les fournées déjà proposées. Ici, le groupe aligne les très bons titres tout du long sans temps morts avec une ogive qui surpasse les autres titres de la tête et des épaules ramenant un coté purement jouissif émotionnellement par dessus l'affection qu'on acquiert pour l'ensemble.
Mieux, ici chaque titre a vraiment une identité propre et personnelle, chacun trouvant une résonance particulière au sein de l'album tout en conservant une vraie homogénéité et une cohérence interne à l'album. Tout se retrouve ici sublimé, le groupe joue plus fort qu'il ne l'a jamais fait avec des riffs heavy bien entrainants (comme sur « Gallop Song » avec ce coté balancé que ne rejetterait pas Motorhead) mais avec de nombreuses nuances comme sur le plus lent « A Number to Murder
Two » qui passerait sans problème en tant que ballade sur tout album d'un groupe californien The Offspring-like.
J'ai parlé plus tôt d'ogives et bien je compte ici trois titres que je place devant les autres, trois hymnes en puissance rivalisant d'audace, en l'occurence «
Palm Springs » enregistré avec le chanteur du groupe de punk Dwarves, « The Dull Blade » avec son immense riff de base et les hurlements rageurs par dessus et surtout « Low
End Insight » qui me file des frissons avec son refrain ravageur.
Dans cet album,
ASG a mis ses meilleurs ingrédients et produit donc une œuvre complète d'un groupe qui maîtrise son sujet à 100%, des parties heavy colossales, des passages rock à à faire rougir Sum 41, Blink 182 et consorts et au passage tomber raide toutes les nymphettes groupies de surf plus sûrement que David Hasselhoff dans Alerte à Malibu et des parties énervées aptes à faire partir le plus timide des punks en guerre contre l’oppression de la société, batte de base-ball à la main. Affilié à la scène stoner sans l'être vraiment à part quelques riffs qui pourraient évoquer
Karma To Burn et l'emploi de quelques techniques similaires (les sonorités de guitare sur « Coffee
Depression Sunshine),
ASG livre ici le plus grand témoignage de son talent dans son registre à part, crossover sans thrash, pouvant évoquer un
Jane's Addiction en plus rentre-dedans ou le rejeton d'un coïtus interruptus entre
Zeke et
Torche...
Bref, je ne vais pas faire beaucoup plus long et juste conseiller à tout amateur de rock ou de metal qui n'est pas rebuté par la présence parfois d'une voix quelque peu édulcoré (comprenez vraiment dans le style rock californien) d'aller traîner vos guêtres auditives du coté de ce quatuor américain, en commençant par cet album-ci, chef d’œuvre de ce qui est sans aucun doute et malheureusement l'un des groupes les plus sous-cotés de la scène rock internationale.
Très bonne chronique, et ayant pris le groupe en live dans la tronche hier soir, je vais me pencher sur cet album. A voir en concert, car ils ont une puissance rare et une énergie communicative
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