Dans le paysage audio français, le Black
Metal a toujours eu une certaine omniprésence dans la scène extrême. Que l'on parle alors des Légions Noires et leur affiliation aux groupes traitant et prêchant le style comme un culte à part entière, les lignées de groupes apparentés de près ou de loin à l'union bâtarde des
Alcest et
Peste Noire, ou les modernes, proposant un son net et tranché contrairement aux maîtres de « l'underground » et du old school (entre autres), chacun y trouve sa place et son compte.
Parmi tout ce melting pot vicié et nuisible de fanges BMeuse, il existe un noyau de groupes qui officie dans une moulure assez particulière. Non pas qu'ils soient fondamentalement différents des formations d'ailleurs, on note tout de même de fortes similarités dans la manière de faire, issu à mon sens d'une appartenance géographique commune qui donne à cet organisme désorganisé, une certaine identité. On peut cracher dessus ou l'acclamer, il est difficile d'y échapper tant il ressort de ce nid pourri un nombre de groupes assez imposant. J'ai nommé le Black
Metal Parisien.
L'appartenance de la grosse majorité des membres de chaque projet à d'autres groupes fait jaser les provinciaux, et fait naître de ces unions incestueuses et consanguines façon 62, des groupes parfois de très bonnes factures, parfois d'immondes bouses, ou bien trop souvent des groupes d'origine banales ne faisant que copier les autres et remplir de premières parties les affiches des concerts de la capitale et des alentours.
Griffon, comme de nombreux projets issus d'Ile de France n'échappe pas à cette règle du mélange inter-fraternel, mais se classe avec la sortie de l'EP «
Wig Ah Wag » dans les réalisations intéressantes de l'année, surtout pour un groupe qui débute.
Tout d'abord on a affaire à une production léchée, faisant soigneusement ressortir chaque instrument de son emplacement primaire, ce qui me donne à titre personnel déjà une approche positive lors de l'écoute, tant j'aime entendre et comprendre la musique, plus que la deviner. En omettant les exceptions, bien sur.
Se rayant définitivement de la caste du TRVE BLACK par le son,
Griffon n'en revendique pas moins une envie sévère d'afficher avec réussite et conviction un héritage d'une culture Black que beaucoup d'autres n'ont fait que saloper jusqu'à présent.
Pas de maquillages sur scène ni sur les photos promos, une approche très simpliste et énergique de la représentation visuelle, dans le respect de l'auditeur et du public, public d'ailleurs plus enclin à headbanguer et se bousculer que se la jouer méchant avec les bras croisés très haut.
Musicalement parlant, l'EP délivre cinq titres avec une intention toute honnête de montrer que même si chaque membre trempe son biscuit dans une autre entité, le sperme qu'ils ont récupéré à la main et la bouche, puis mis en commun a fini par faire germer avec une certaine délicatesse un affreux petit rejeton, qui par son air criard et sa voix éraillé, permet aujourd'hui à
Griffon de se lancer. Se lancer dans quoi?
Et bien tout d'abord dans une approche assez moderne du black, mélangeant style plus rock'n'roll avec des patterns et riffs presque dansants, contenant avec maîtrise la violence du metal extrême et arborant fièrement les influences mélodiques du nord.
Alors même si parfois on se retrouve à dandiner du cul sur des passages qui, même si un poil comiques de par leur progression simple et attendue, ont le mérite de démontrer une variation et une certaine technicité dans le jeu des musiciens, on se plaît à retourner dans le vif du sujet à coup de rythmiques blastées et trouées par la double.
Pour tout ceux qui ne supportent pas l'attrait et l'attachement à la musique mélodique dans le Black, criant haut et fort qu'il faut en finir avec ces hérétiques, passez votre chemin clouté de croix renversées.
Car ce que
Griffon apporte, ce n'est pas forcément de l'originalité (bien que le titre éponyme soit consciemment « ancré », c'est le morceau le plus efficace et celui que je préfère) ni de l'authenticité au sens TRVE du terme, mais un souffle frais sur une scène parisienne qui commence à trop s'enliser sans se renouveler. Pour l'instant tout jeune, le groupe se cherche une identité, quelque chose qui va marquer les esprits, mettre en route la machine, et cet EP est une preuve de cette démarche, où même si le groupe avance encore un peu à l'aveuglette, on découvre un potentiel qui lui est bien visible. Audible.
Et quand ça sera lancé... Histoire à suivre de près!
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