White Tiger

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15/20
Nom du groupe White Tiger
Nom de l'album White Tiger
Type Album
Date de parution 1986
Labels EMC
Style MusicalGlam Rock
Membres possèdant cet album18

Tracklist

1. Rock Warriors
2. Love-Hate
3. Bad Time Coming
4. Runaway
5. Still Standing Strong
6. Live to Rock
7. Northern Wind
8. Stand & Deliver
9. White Hot Desire
Bonustrack
10. Rock Warriors (Remixed)

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White Tiger


Chronique @ adrien86fr

18 Janvier 2013

Electric weapons, leather shields..

Repéré pour la première fois dans les vastes plaines du Bengale en Inde au cours de la suprématie de l’Empire Moghol des années 1556-1605, le tigre blanc ou tigre blanc royal constitue de fait un tigre du Bengale atteint d’une anomalie génétique comparable à l’albinisme dénommée leucistisme et consistant en un gêne récessif donnant une couleur blanche au pelage ou à la plume de l’animal. Sujet à un taux particulièrement élevé de consanguinité, le tigre blanc s’avère donc être très souvent atteint de strabisme notamment en période de stress et présente également une hyper sensibilité à l’anesthésie. On ne peut plus rares et protégés à l’échelle planétaire au travers d’un statut de protection légale logiquement justifié par des intérêts d’ordre scientifique et de préservation du patrimoine biologique concerné, on dénombrait dix-sept cas de tigres blancs entre 1907 et 1933 en Inde notamment dans les districts d’Orissa, de Bilaspur et de Sohagpur ainsi qu’une petite dizaine de spécimens au nord de la Chine dans les années 1940. Aussi, notons qu’un cas remarquablement classieux et décibéllisé de tigre blanc fut localisé en 1986 sur les terres arides et débauchées du Sunset Strip de Los Angeles en Californie.

L’histoire de White Tiger est intimement liée à celle des légendaires Kiss et Black Sabbath. Mars 1984, le guitariste Vinnie Vincent est viré sans ménagement de Kiss dès la fin de l’american leg du « Lick it Up Tour » pour incompatibilité d’humeur avec ses employeurs Paul Stanley et Gene Simmons, et se voit remplacer en juin de la même année par le virtuose Mark Norton (RIP 1956-2007) rebaptisé Mark St. John pour l’occasion. Contraint de s’adapter musicalement au cahier des charges de la Kiss Inc., de changer de look et de laisser au vestiaire sa créativité débordante, l’expérience que l’on pensait synonyme de rêve vire définitivement au cauchemar quand St. John contracte le syndrome de Reiter qui lui paralyse les mains et l’empêche de jouer une fois les sessions d’enregistrement d’« Animalize » terminées. Remplacé sur scène par Bruce Kulick, Mark St. John pourtant guéri comprend qu’il n’entre plus dans les plans du binôme décideur Stanley/Simmons et quitte le groupe de lui-même avant de regagner sa Californie natale. Désireux de continuer l’Aventure Musicale, St. John décide en 1985 de monter son propre projet qu’il nomme White Tiger en référence à l’astrologie chinoise qui consacrera comme année du Tigre l’an de grâce 1986 qui verra la mise au monde du premier album du combo. Recrutant pour ce faire l’ex Black Sabbath David Donato au chant qui assura brièvement l’intérim entre Ian Gillan et Glenn Hughes en 1984, son frère cadet Michael Norton au poste de bassiste et le futur Silent Rage Brian James Fox derrière les fûts, St. John autoproduit un premier disque éponyme qui voit le jour en 1986 donc sous la bannière du modeste E.M.C. Records.

Whitesnake, White Wolf, Great White, White Lion, White Eagle et ce fameux White Tiger… Franchement, à l’énoncé de tels patronymes zoophiles, une question cruciale ne peut que tarauder l’amateur de combos de rock dur old school de la bonne époque : y-avait-il au cours de son âge d’or, une fucking différence entre le vénéré hard rock et un zoo peuplé d’animaux blancs dans lequel se promener nonchalamment et s’extasier plus que béatement face à des espèces animales toutes plus en voie de disparition les unes que les autres ? Suspicion complotiste d’une jadis infiltration bicéphale de la WWF et du Ku Klux Klan dans les sphères de notre chère Passion à des fins politico-lobbyistes éhontées à part, la dimension intrinsèquement musicale de ce premier full length se révèle au travers de l’introductive « Rock Warriors » exposant un hard rock dynamique et efficace animé par les envolées lyriques d’un chanteur talentueux en la personne de Donato mais surtout ponctué par un shredding solo tout bonnement hallucinant signé des phalanges extra-terrestres du regretté Mark St. John. Malgré un son un peu trop light pour l’année 1986 trahissant de fait la signature du quartette sur un micro label n’allouant certainement que peu de moyens aux budgets pourtant vitaux de production et de promotion de ses poulains, « White Tiger » contient outre le précité « Rock Warriors » une poignée de titres plus qu’intéressants qui flatteront sans conteste les conduits otiques des esthètes amoureux des rythmiques vengeresses et des soli de six-cordes électrique endiablés. Il conviendra ainsi de souligner l’enthousiasme communicatif de la bien nommée « Still Standing Strong » qui puissante et charismatique à souhaits s’avère être l’un si ce n’est le meilleur moment de l’opus affublé non pas d’un seul mais de deux soli à se claquer littéralement la gueule contre un mur de béton armé. Mention spéciale également à la fausse ballade « Northern Wind » elle aussi marquée par un solo guitaristique de maitre-expert, titre mélancolique et brillant au mélodisme accru ne tombant cependant et fort heureusement jamais dans les abysses insurmontables d’une complainte émasculante à faire perdre sa paire de précieuses testicules au plus viril et téméraire des hard rock motherfucking bad boys hantant les clubs rock de L.A. et de Navarre à la recherche d’un nouveau groupe à checker, d’une ligne d’héro à sniffer ou d’une midinette à inséminer.

De bons musiciens font rarement de la mauvaise musique me direz-vous, et pourtant, ce premier méfait sonore au sens premier du terme semble être le contre exemple optimal à cet adage ne pouvant se révéler véridique et absolument irréfutable dans le cas de White Tiger. Malgré la présence en ses rangs d’un frontman au talent vocal certain ayant quelques années plus tôt rappelons-le remporté son audition chez Black Sabbath face à un dénommé Ron Keel et d’un guitariste soliste hors normes que les spécialistes de la branlette de manche intergalactique n’hésiteront pas une seconde à qualifier de shredder, « White Tiger » tend irrémédiablement à décevoir l’auditeur quant à sa banalité affligeante, hors exceptions précédemment étayées. Peu aidés par une production « do it yourself » créditée St. John, comment parvenir à s’enthousiasmer naturellement à l’écoute de morceaux aussi prévisibles et incohérents qu’un « Love/Hate » certes groovy mais à la rythmique rudimentaire voyant un Donato tenter de mimer sans grand succès les invectives vocales saccadées propre à un certain Mick Jagger, qu’un « Bad Time Coming » soporifique à même de faire bailler un auditeur sous amphétamines ou qu’un on ne peut plus conventionnel « Runaway », cependant sauvé in extremis du désastre irrattrapable par une énième flamboyante démonstration de gratte G&L Rampage encore et toujours tricotée par les doigts d’or du regretté et banni Mark St. John, une constante du disque réellement appréciable sur chacune des neuf pistes de ce dernier soit dit en passant. Malheureusement et quel exercice difficile que celui de faire preuve d’honnêteté et d’équité dans le jugement inhérent à un premier LP médiocre d’un groupe de légende constitué d’artistes que l’on respecte au plus haut point, même constat quand sa chaine hi-fi de salon crache avec véhémence les décibels entrechoqués de la commune et hyper prévisible « Live to Rock », de l’agréablement enjouée mais finalement gauche et peu intéressante « Stand & Deliver » exhortant au courage et au dépassement de soi ou encore de l’ultime et on ne peut plus banale encore une fois malgré un solo-mitraillette dantesque de l’ex Kiss « White Hot Desire » sujette à un concept thématique conventionnellement glam pour l’époque (« You got the need, I got it too […] Your body yearns to start the fire […] So heat me up anytime »).

Premier album éponyme d’un groupe des plus intéressants sur le papier, sorti en l’an de grâce 1986, illustré par un artwork sympathique révélant quatre membres frisant le 20/20 au niveau de la dégaine rock n’roll perruques incluses (mention spéciale au batteur peroxydé Brian James Fox qui produira quelques temps plus tard des hectolitres de cyprine dans les petites culottes de groupies consentantes au cours de son épopée Silent Rage), le premier et unique release du Tigre Blanc constitue un disque de hard rock bancal et globalement perfectible ou seuls quelques titres parviennent à émerger d’un océan d’insipidité. Même si une production davantage substantielle plus en phase avec son époque aurait été bienvenue, « White Tiger » s’avère incontestablement être dans sa nature intrinsèque un effort laborieux n’enlevant cependant rien aux expressions ponctuelles hallucinantes du talent extraordinaire du fluide et ultra rapide Mark St. John via des soli apocalyptiques, six cordiste banni par le destin qui s’en ira rejoindre en avril 2007 des suites d’une hémorragie cérébrale les Randy Rhoads, Steve Clark, Dave Prichard, Paul Hackman, Criss Oliva, Tim Kelly, Robbin Crosby et autres Derek Frigo notamment au paradis des classieux guitaristes trop tôt disparus. Malgré ses carences qualitatives certaines et ce paradoxe saisissant concernant l'association de structures musicales basiques et de soli ultra alambiqués, « White Tiger » est un vinyle collector qui trouvera une bonne place dans la discothèque tant des amateurs de shredding guitarists que des fans hardcore de Kiss se décrivant comme tel.

6 Commentaires

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largod - 20 Janvier 2013: Toi, tu as l'oeil du tigre. Joli papier Adrien.
adrien86fr - 21 Janvier 2013: Merci à vous pour vos comms les gars ;-)

@ Zaz : je dois avouer que l'hommage de Stephan Biard dans RockHard sur St. John m'a motivé à me procurer le vinyle ; la médiocrité de ce dernier m'ayant elle même inspiré un article. Concernant l'intro, j'étais initialement parti dans l'astrologie chinoise et ses astres/signes zodiacaux, son cycle sexagésimal, pour finalement me rabbatre sur la strabisme (lol) du tigre blanc, autrement moins complexe et migrainant.
samolice - 19 Janvier 2016: Putain, un tigre atteint de strabisme. Pas facile pour jouer de la guitare!

Super papier, merci Adrien.
Ce qui est cool, c'est que je peux, de temps en temps, me régaler d'une de tes nombreuses chros que je n'ai pas encore pris le temps de lire.Top.
J'ignorais tout de ce groupe et donc bien évidemment aussi la participation de St John, de même que je ne savais pas qu'il avait quitté notre monde en 2007. J'hallucine.
J'ignorais également le fait que Ron Keel avait postulé dans le Sabb'. Les bras m'en tombent...
Sinon, le paragraphe sur la "comparaison" entre les noms des groupes de hard rock et les animaux d'un zoo est énorme! Merci pour la poilade.
Keep on rockin'
adrien86fr - 21 Janvier 2016: Merci pour ton comm avisé Sam ! Tout ça me redonne envie de réécouter ce vinyle des plus pittoresques.. Allez, c'est pour ce soir sur la platine :)
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