Entre ce Where
Stone is
Unscarred des Italiens d'
Hyperion et moi, c'est une longue histoire. Une très longue histoire. Elle commence, peu ou prou, à la période où il sort, en 1999, alors que je venais de quitter, bien malgré moi, un emploi de vendeur dans un de ces magasins de disques qui n'existent quasiment plus aujourd'hui. Le contexte de plus en plus difficile de ces petits commerces écrasés par ces grands conglomérats avait contraint mon patron à mettre la clef sous la porte. L'endroit était pourtant convivial puisque s'y retrouvaient des gens de tous bords partageant une passion commune et où la notion "clients"/"vendeurs" finissait même par s'estomper. L'endroit était peut-être convivial mais absolument pas rentable. L'issue était donc irrémédiable.
A cette période donc, l'enseigne d'en face, celle qui avait eu la peau de mon sanctuaire et, accessoirement, de mon gagne pain, agitateuse culturelle depuis 1954, faisait, justement, la promotion de ce premier album des Transalpins. Animé par cette fierté, cet orgeuil et cette colère qui, malheureusement, a souvent influencé mes choix, je décidais que ce disque serait le symbole de cette période maudite et que jamais, ô grand jamais, je ne l'achèterais. Comme pour punir ce trublion pédagogue, et toutes les multinationales naviguant dans son sillage, de cette immonde mise à mort en le privant de mon argent et de cette centaine de francs que j'avais gagné à la sueur de mon front. Je sais c'est ridicule. Cela dit, à ma décharge, à l'époque j'avais la naïveté des gens de 20 ans. Celle qui vous abandonne à 30. Enfin normalement.
Pour revenir à cet opus, parce que bien évidemment, finalement, j'ai cédé et je l'ai acheté (sans doute au moment où la naïveté m'a définitivement quitté), il a des aspects intéressants. Très intéressant même puisqu'il fait partie de ces disques à la fois empreint de ce que commence à être le
Power Metal ultramontain, à savoir vif et très soucieux de la musicalité de son propos, et tout en continuant à être passéiste en gardant les scories de ce Heavy Speed
Metal certes mélodique mais âpre dans lequel, par exemple,
Mesmerize s'est fait un nom. Enfin surtout en Italie. D'ailleurs ce disque est un peu une version un peu plus rugueuse, un peu mieux produite, avec un peu plus de synthé et un peu plus moderne de Tales of Wonder.
Un entre-deux donc. Un entre-deux qu'un mixage loin de ceux aseptisés des brulots ausoniens actuels, mets assez bien en valeur. Il y a ici, en effet, un peu le même grain que celui qu'on retrouve sur les premiers Shadows Of Steele (notamment au niveau des claviers).
Et puis il y a aussi ce chanteur, Matt McHantin, dont la voix est assez loin de celles de ses congénères s'époumonant souvent en des aigus très caractéristiques et en des tessitures au rendu un poil fluet. Non, lui serait plutôt du genre médium-aigu avec quelques aspérités vraiment séduisantes dans la gorge et, surtout, du coffre. Du genre qui ne se prive pas, de surcroit, d'aller chercher quelques notes très hautes.
L'un des autres atouts de ce disque, même s'il m'en coute de l'avouer, se cache dans sa diversité. J'ai beaucoup d'affection pour ses morceaux les plus rapides, The Mirror of Soul ou
Eyes Full of
Fire, mais, même si je trouve le choix de les avoir ainsi placé au début de cet album peu judicieux, d'autres plus posés et pesant, comme par exemple ce
Perpetual Burns aux refrains très réussi ou ce
Shade of
Sin ont, eux aussi, beaucoup de qualités. Tout comme d'ailleurs ce Neverending
Wind à l'entame très aérienne aux synthés très connoté années 80 ou ce
Labyrinth.
Aujourd'hui j'écoute donc ce premier, et dernier, album d'
Hyperion avec plaisir pendant que ces agitateurs qui autrefois ont écrasé, saccagé et détruit ces lieux merveilleux qui étaient les miens sont menacé par d'autres. On ne peut arrêter l'immuable marche de ce destin au cynisme redoutable...
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