Généralement, lorsque l’on évoque la Grèce sur
Spirit of
Metal, ce n’est pas pour parler plages, mythologie ou moussaka. Les
Hellènes ont effectivement déjà fait leurs preuves depuis belle lurette sur la scène metal, et des groupes comme
Rotting Christ,
Varathron,
Necromantia ou Septic
Flesh ont initié cette scène nationale à l’identité sonore bien définie, avec ce son chaud, ce souffle épique et ces nombreux claviers qui confèrent une aura presque mystique à la musique.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la nationalité de Lunar Spells, trio formé en 2020 à peine et composé de K.C.H. à la basse, V.T. à la batterie et Cryptic aux claviers/guitares/chant, ne saute pas aux oreilles : à l’écoute des 35 minutes de leur premier album,
Where Silence Whispers, c’est plutôt du côté de la Finlande que l’on se tourne, avec des combos comme
Satanic Warmaster, The
True Werewolf ou Warmoon
Lord auxquels on pense immédiatement.
Les Athéniens nous servent un black tranchant, agressif et à l’intensité soutenue appuyé par des blasts rapides et un excellent riffing. Pour le coup, les claviers ne sont pas prédominants ici, les quelques nappes tissant un climat surnaturel qui vient nous envelopper dans les brumes d’un autre temps. L’ensemble repose principalement sur la prestation de Cryptic, dont les mélodies de six cordes sont particulièrement inspirées et habitées, lâchant des rafales de riffs froids, fiers et guerriers qui se suffisent à eux même pour créer cette ambiance noire et glaciale essentielle au genre. Les synthés viennent la plupart du temps simplement appuyer certaines parties de guitare, jouant les mêmes notes dans leur registre héroïque et épique (le très bon Among the
Ashes,
Majesty of the
Silent Moon), atténuant généralement la violence de la musique en créant cette ambiance plus fantastique que réellement angoissante. Cette ambiance est d’ailleurs parfaitement rendu sur la très belle pochette qui habille l’album et qui, comme la musique, renvoie directement à l’époque bénie des 90’s. Ajoutons à ça un chant déchiré éructé avec haine, et on a tous les ingrédients pour faire un album de black metal simple, efficace et prenant.
La galette n’est pas pour autant exempte de défauts, avec en premier lieu un ensemble un peu répétitif malgré une modeste durée de 35 petites minutes : c’est que les six morceaux qui composent l’opus évoluent beaucoup sur des structures et des tempi similaires (ça blaste quand même beaucoup, avec assez peu de variations, et les riffs, bien qu’excellents, se ressemblent quand même pas mal), formant un ensemble très compact et homogène.
On soulignera néanmoins quelques passages qui se distinguent, comme l’attaque sautillante de The
Wounds of
Salvation que l’on croirait droit sortie de The
Devil Crisis (The
True Werewolf), ou le dernier morceau,
Anguish and
Sorrow, au riffing à la fois fier et mélancolique, avec ce mid tempo central qui fait la part belle à la basse et dont les notes de claviers pastichent outrageusement des notes d’orgues sentencieuses.
Bref, sans rien révolutionner au genre,
Where Silence Whispers est donc un très bon album de genre, profond, intense, rapide et possédé, qui vaut sacrément le détour, surtout pour un premier enregistrement, avec ce qu’il faut d’atmosphère pour nous immerger encore plus dans cette noirceur délectable. A réserver prioritairement à ceux qui préfèrent Hadès à Apollon, les premiers
Naer Mataron aux derneirs
Rotting Christ et le ouzo à la
Mythos !
Effectivement, trés bonne surprise ce skeud. J'ai même voulu me le prendre. Mais plus du tiers du prix global qui part dans les fdp, à chaque fois ça me défrise :-(
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