Si
Tortharry sévit encore de nos jours, son existence reste pour le moins discrète en dehors des frontières de la République Tchèque. Le groupe se forme en 1991, lors de l’explosion du deathmetal à l’échelle internationale, puis enregistre trois démos jusqu’en 1993, comprises dans un laps de temps durant lequel les premiers albums de deathmetal tchèque émergent du label national Monitor, pour citer Only Your
Death is Welcome, Sanctuary of
Abhorrence,
Sex ‘n’
Death ou The
Advent respectivement signées par
Krabathor,
Tortura, DARK et DAI, bref autant d'efforts d’assez bonne facture mais quasiment inconnus du public deathmetal, en dehors des oeuvres du vétéran
Krabathor ayant réussi quant à lui un bon export ultérieur grâce au soutien de l’écurie allemande
Morbid Records.
When the Memories Are Free, premier album de
Tortharry, voit précisément le jour en été
1994 dans des conditions tout aussi difficiles que les sorties des disques de ses compatriotes, sur le petit label tchèque Taga Records sans force de distribution ni moyens promotionnels, flanqué de surcroît d’une pochette sans attrait particulier. Notre quatuor maitrise pourtant bien son sujet, lâchant un deathmetal relativement carré, comptant un couple de guitaristes, Dan Pavlik et Jarda Rubes, aux jeux relativement complexes et très complémentaires.
When the Memories Are Free compte toutefois plusieurs points faibles, à commencer par ses morceaux de facture conventionnelle, reprenant les contours du deathmetal nord américain d’
Obituary,
Viogression,
Brutality ou
Monstrosity, maintes fois copié jusqu’à cette année
1994, période où le style commence d’ailleurs à entrer dans une phase de décélération qu’il n’avait encore jamais connue. Bien que clair et accordant une place méritée à chaque instrument, son enregistrement reste en outre assez plat, en partie faute à la caisse claire de la batterie bien trop creuse pour apporter l’épaisseur tant attendue.
Si tous les morceaux de
When the Memories Are Free ne sont pas forcément mémorables,
Tortharry parvient courageusement à sortir plusieurs titres du lot, pour retenir le bon I’m Afraid et son break acoustique en son cœur, le bel enchainement de l’interlude apaisant The Noble avec le dynamique Inner
Frost*, ou encore l’excellent Thirtees, six minutes instrumentales durant lesquelles le quatuor nous montre un talent d’écriture et d’interprétation plutôt remarquables.
Album deathmetal sincère des nineties, paru sans aucune vague comme tant d’autres,
When the Memories Are Free serait à jamais perdu sans la puissance du web, qui permet aujourd’hui aux historiens de partir à la recherche de ces nombreux enregistrements majoritairement méconnus mais gagnant pourtant à être connus. Si au bout du compte
Tortharry ne possède ni force ni originalité particulières sur son premier jet, il livre une oeuvre d’une architecture solide, méritant et nécessitant un investissement bien supérieur à quelques simples écoutes superficielles.
Fabien.
C'est sans doute parce qu'il a été remis dans son contexte mais je trouve le 11 sévère, personnellement j'ai vraiment aimé cet album.
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