A l’ombre du géant du sludge métal qu’as toujours été
Zakk Wylde (et ses vocaux atypiques ressemblant à
Ozzy Osbourne avec l’accent d’un bucheron amerlocque), son groupe
Black Label Society, dans l’obscurité exista de 1991 à 1997, le regretté groupe
Acid Bath, formation de sludge/stoner disons…alternatif. La preuve par cet opus, officiellement le second album des six larrons américains mais le premier vrai disque d’
Acid Bath à sortir dans les bacs(en août
1994) celui-ci est nommé « When The Kite Strings Pops », et je le porte à votre attention par cette chronique
Dans la capitale de l’état de Louisiane, New-Orléans (ou Nouvelle-Orléans) où les américains parlant notre langue sont nombreux et où la ségrégation raciale continue encore et encore, dans cette ville hors normes se forma
Acid Bath qui sortit donc en
1994, «
When the Kite String Pops », la même année où sortit le légendaire « The Downward Spiral » de
Nine Inch Nails.
Acid Bath était composé de :
Audie Pitre,(qui sera renversé par un chauffard ivre le 23 Janvier 1997) ce fut le bassiste,le choriste mais surtout le pivot musical de la formation sudiste.
Dax David Riggs, chanteur aux multiples talents,sachant passer du chant stoner (voir stoner-doom) aux vocaux death en passant par des airs mélodiques de belle qualité.
Deux gratteux, Sammy « Pierre » Duet (désormais membre du groupe de black death brutal
Goatwhore, lui aussi fondé à La Nouvelle-Orléans) et Mike Sanchez.
Tomas "Tommy" Viator, claviériste de son état et responsables des samples usités dans l’album et enfin Jimmy Kyle, le batteur, qui aura été tout au long de la carrière d’
Acid Bath, l’un des membres du noyau formé par le chanteur et le bassiste.
Le cover du disque est une reproduction d’un des dessins de clowns de
John Wayne Gacy, l’un des tueurs en série les plus effroyables des USA et cela, on le comprit après la découverte en 1978 de trente-trois cadavres de jeunes hommes sous sa maison.
Au niveau musical, on a affaire à un style bâtard de sludge métal incluant du death métal, du deathcore « primitif » et du stoner-doom. Dax David Riggs et ses musicos proposant à leurs auditeurs «
Dope Fiend », morceau de sludge-stoner aux guitares hurlantes. Le rythme est lent, comme lorsque un toxicomane est « défoncé », quelques cris gutturaux ci et là et la basse, omniprésente car nécessaire donne de la contenance à la brutalité crue des vocaux death et accompagne de manière intéressante les litanies stoner et mélodique de Dax. Les samples sont peu utilisés dans cet album, mais de façon presque comique comme avec «
God Machine », pur moment de sludge-death avec des rafales vocales qui décoiffent et une tornade musicale appuyant les rares accalmies verbales du chanteur.Dans le même genre, il y a indubitablement le jouissif « Cassie Eats Cockroaches » au thème flou mais à la composition limpide, elle. Rythme infernale pour la batterie et riffs qui nous balafrent de leurs violentes griffes électriques. Une décharge permanente de 10 000 volts. Dax chante en courant alternatif, une fois de façon hystérique, une autre fois de façon mielleuse, ce qui donne aux vocaux des accents deathcore (avant l’heure) Pour finir, un morceau court et coup-de-poing! « Cheap Vodka », dans une veine nettement plus néo-brutale !le genre de titres à écouter pour le fun!
Sur le schéma purement prosaïque maintenant, «
When the Kite String Pops » dégage l’odeur dérangeante et belliqueuse de la mort donnée après agressions sexuelles ou non, de l’homicide sous toutes ses formes (de la plus folle à la plus calculée) et in extenso, ce disque sent la décortication de la psychologie des tueurs en série. Et fort heureusement dans cette galette, ceci est traité de façon intimiste et jamais tape-à-l’œil. On entrevoit dans les quatorze titres de l’album, les mondes crées par ces « monstres », sortes de paradis artificiels conçus dans leurs têtes grâce aux drogues ou juste sous l’effet de leur psychose (ou bien les deux !)On s’en rend vraiment compte dès l’écoute de morceaux comme « Screams of The Butterfly », « Tranquilized » et bien sur dés le début de la pépite de ce disque, ballade fragile, recherchée, éthéré et raffinée. Je vous parle de «The
Bones of Baby Dolls. Dax David Riggs y est doux et fin, presque à fleur de peau sur un riff acoustique de toute délicatesse avec lequel il semble en symbiose…il vit sa chanson!Ici, la griffe d’un stoner-doom mélodique, voir folklorique y est plus que palpable.
« Jezebel » est, au contraire, l’exemple de la réalité de la folie humaine nous rattrapant ! Le rythme assez soutenu et les riffs croisés de Sammy et Mike ne jurent absolument pas avec la dysharmonie des chants de Dax David et des coups de boutoirs de Jimmy Kyle derrière ses fûts. Sans oublier le pont subtil et adroit du chanteur, qui de par ses vocaux placides et froids (tel le comportement d’un tueur) nous montre qu’après la cacophonie dans la psyché du tueur au début du titre vient le calme essentiel du meurtrier. Le chaos reprend cependant le dessus après l’acte criminel. Finissons-en avec le titre « Dr.Seuss is
Dead », morceau complètement cinglé où le rythme ne cesse de changer.la compo ? Une batterie aliénée et imprévisible, des couplets et refrains clairement deathcore (nous sommes pourtant en
1994 !)Et les deux guitares sur la même longueur d’ondes. Un pandémonium !voila ce qu’est cette chanson ! C’est comme si l’on vous invitiez à rentrer dans la tête d’un schizophrène. Cela m’a rappelé la lecture de «
Psycho Killer » de Keith Ablow…
Ce disque vaut la peine d’être écouté tant il déborde d’originalité…glaucque, agressif mais jamais macabre…
Acid Bath à réussi le pari de rentrer dans l’univers des serial-killers sans, pour autant, tomber dans les clichés habituels. Bonne écoute !
Bj
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