C'est dans le registre Néo Classique que le combo indonésien poursuit sa route, ou plutôt, son ascension. Celui-ci compte déjà dans son escarcelle un discret MCD intitulé "
After Joker" (2009) ainsi que le généreux et impactant album "
Black Symphony" (2010). Etonnant alors de le voir sortir un fluet EP de cinq titres glissant sur une vingtaine de minutes à peine, et ce, trois longues années plus tard, me direz-vous! Et vous auriez raison. Quel est alors l'intérêt du message musical que vient nous livrer
Blodwen?
L'ambitieux quintet, tout droit venu de Djakarta, nous offre un patchwork où se rejoignent des influences symphoniques, mélodiques et alternatives au carrefour d'un Néo Classique dynamique, affriolant, et finalement impactant. Globalement, on perçoit une unité instrumentale sans failles ainsi qu'une parfaite intégration de la partie vocale au sein d'un corps orchestral témoignant d'une belle épaisseur artistique. Enfin, les contrastes d'ambiances, prodigués par de savants arrangements, ainsi que quelques soli de guitare convaincants d'efficacité ne manquent pas à l'appel.
Par ailleurs, les lignes mélodiques s'avèrent des plus lumineuses où que l'oreille se trouve projetée. On le doit aussi au talent de la mezzo-soprano Bernice B Nikki, dont le timbre oscille entre celui de
Tarja, de Simone Simons (
Epica) et d'Akane Liv (
Liv Moon), avec un poil moins de coffre sur les médiums tout de même. Mais, la belle sait se montrer séduisante, car diablement bien inspirée par ses gammes. Suivons-là dans ses pérégrinations atmosphériques.
Une belle aura se dessine sur certains titres taillés pour être mués en singles. Ce à quoi a pensé le groupe, aussi bien sur l'énergique entame "
Eye of Storm" que sur l'invitant "Hampa Dunia", sans oublier l'imparable outro "
Riverfall". Le premier titre frappe par la richesse de ses harmonies, sa guitare frénétique et son rythme syncopé. Les profondes impulsions vocales de Bernice évoquent ici celles de Simone, y compris sur le break et la reprise, permettant d'ailleurs au titre d'aller crescendo avant de s'incliner en douceur au final. Enfin, un joli solo de guitare complète le tableau.
Même schéma pour "Hampa Dunia". Des riffs acérés se fondent dès lors dans un bain orchestral tout aussi mélodieux, d'où émergent des refrains addictifs à souhait.
Mais, c'est l'outro qui remporte les suffrages! Les riffs frondeurs ici contenus, chevauchant une véloce rythmique, finit par rencontrer un tapping martelant. C'est alors que les inflexions de la belle, pleines d'un chatoyant relief, sous des faux airs de
Tarja, illuminent couplets et refrains comme personne. Un petit solo de guitare vient s'agréger au fil du morceau ainsi que des choeurs en fin de piste. On finit donc en apothéose! On se dit alors qu'on aurait aimé quelques prolongations de cet acabit. Aussi, se plait-on à réécouter ces délicieux instants, histoire de calmer l'appétit de nos gourmettes oreilles.
Mais le goûter n'est pas fini! On aurait oublié la captivante ballade de l'EP, placée en plein coeur de la savoureuse galette. Ainsi, sur les six minutes de l'hypnotique "Blue Romance", des arrangements finement travaillés permettent aux couplets de se montrer affectueux et aux refrains d'afficher leurs gammes immersives. Ce qui n'est pas sans rappeler l'univers éthéré de
Liv Moon. En outre, on y perçoit le spectre très large de la tessiture vocale de la jeune interprète, à la croisée des chemins entre Simone et Akane Liv, rien de moins. Bref, l'impact émotionnel est total.
Quand la diva se retire de la scène, il reste encore une instrumentation témoignant d'une cohésion difficile à prendre en défaut. Cela dit, "
Once Upon a Time" à l'ambiance souriante un tantinet festive n'oublie pas de se muer en une orchestration plus classique, celle où excelle précisément le groupe. Dommage que le propos musical soit aussi bref et qu'il ne suive pas un chemin mélodique plus serein. Lorsqu'on sait qu'il se cale entre deux hits, on se demande si, en définitive, il n'aurait pas été plus judicieux soit de le densifier, soit de s'en abstraire.
Au final, cet EP se laisse écouter sans le moindre effort de concentration auditive tant il se montre mélodiquement avenant et vocalement caressant. Le Néo Classique y trouve là un gemme indéniable dans ses rangs, susceptible d'éveiller chez l'auditeur d'authentiques plaisirs. Aussi, on pourra conseiller cette oeuvre, à considérer comme un test de son auditoire pour le groupe, à des publics variés.
Il faudra néanmoins réagir rapidement face à une concurrence accrue dans le registre du metal à chant féminin d'obédience classique à tendance symphonique et/ou mélodique. Et ce, notamment avec un album plus richement doté en nombre de plages. Quelques petits défauts de production seront aussi à gommer pour délivrer un propos musical irréprochable et influent. Arguons que le "test" devrait être passé avec succès et qu'ainsi nos acolytes pourront bientôt sortir de l'ombre.
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