Whatever Happens

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17/20
Nom du groupe Evolvent
Nom de l'album Whatever Happens
Type Album
Date de parution 02 Mars 2015
Style MusicalMetal Mélodique
Membres possèdant cet album14

Tracklist

1.
 Dawn
 01:31
2.
 Win or Die
 03:02
3.
 Hurricane
 04:52
4.
 Love Doesn't Love Me
 04:09
5.
 Our Fate
 04:26
6.
 We Are
 04:38
7.
 Over Seasons & Time
 04:03
8.
 Embrace
 04:49
9.
 Whatever Happens
 05:01
10.
 Siempre
 03:36

Durée totale : 40:07

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Evolvent


Chronique @ ericb4

22 Mars 2015

L'inspiration aidant, Evolvent a su faire évoluer ses arguments et le démontre à travers cette revigorante production !

Un élan d'inspiration à chaque fois renouvelé semble imprégner le projet artistique du combo français depuis ses débuts. Du moins s'est-il laissé le temps de faire mûrir ses gammes et de densifier ses arpèges pour nous concocter quelques savoureux instants d'un metal mélodique atmosphérique et symphonique gothique bien enlevé. Pour mémoire, l'aventure a commencé à l'aune d'un discret EP, « Spiritual Confession » (2008), celui-ci ayant peu à peu fait place à un premier album full length, « Delusion » (2011), déjà invitant. Mais, c'est avec « Human Instinct », EP sorti trois ans plus tard, que l'on sent poindre un décollage du groupe. Cette fois, on n'aura pas attendu longtemps, un an à peine, pour voir se dessiner leur second opus de longue durée, à l'instar de « Whatever Happens », que nous allons parcourir ensemble.

A l'échelle internationale, une rude concurrence attend le combo francilien, à l'image de groupes sachant également peaufiner leurs lignes mélodiques, tels que Within Temptation, Delain, Stream Of Passion et autres Xandria, Arven, Voices Of Destiny, Leah ou Sirenia, entre autres. Mais, c'est sans compter ce petit supplément d'âme transcendant l'oeuvre de nos acolytes et qui nous lie, consciemment ou non, à leur message musical. C'est dire que le champ émotionnel de l'auditeur est bien souvent sollicité. Et ce, d'autant plus que rien ne semble pouvoir stopper la progression du vaisseau amiral. Qui sont donc les maîtres d'oeuvre de cette cossue production ?

Avant même de pénétrer dans le cœur de l'oeuvre, une douce lueur vient caresser nos pupilles. On le doit à l'artwork de la pochette, élaboré et finalisé au studio Strychneen. Celui-ci témoigne de traits épurés et de subtiles nuances de tons, mettant en exergue une solaire déesse, au regard romantique et nous accueillant à bras ouverts. Après avoir pu admirer la vitrine de l'opus, entrons en son sein pour une exploration de la boutique. Commençons par saluer nos hôtes. S'avance vers nous le membre fondateur en la personne de Sébastien Latour (Monolithe, ex-Markize, ex-Anthemon), pianiste émérite, pluri-claviériste et programmeur. Continuons notre tour d'horizon avec Clément Botz, guitariste, clarinettiste et choriste, suivi du bassiste Matthieu Gimenez et du batteur Frédéric Artale. Enfin, comment oublier la soprano Emma Elvaston (Blackdawn), illuminant de son timbre de voix chatoyant et de ses fines modulations chaque bémol, chaque dièse contenus dans les dix plages de cette truculente galette. Pour enrichir encore son propos, le quintet a également requis les compétences vocales d'Oxy Hart, de José Castillo et d'Alexandre Warot (grunts et choeurs). L'instrumentation a également gagné en luxuriance grâce au délicat toucher de la violoniste Isabelle Hermant.

Quant à la production d'ensemble, un soin particulier a été apporté au mixage, avec une balance bien équilibrée entre chant et instrumentation, permettant ainsi une mise en relief optimale des deux parties. On remarquera également une belle profondeur de champ acoustique, synonyme d'un partage bien inspiré de l'espace sonore entre chaque élément instrumental. Quant à l'enregistrement, il a autorisé un balayage très précis des pistes, avec des finitions coupées au scalpel, très peu de rajouts samplés, peut-être quelques sonorités supplémentaires en post-production, guère plus. Ce minutieux travail technique, conçu au Creative Soundshop, est l'oeuvre du grunter Alexandre Warot. Concernant le mastering, il a été réalisé par le Studio Sodasound. Enfin, les photographies du groupe, au grain, aux couleurs et au cadre soignés, sont l'oeuvre de Javics Datriggas. C'est dire que les différents aspects artistiques et techniques ceinturant l'opus n'ont nullement été laissés au hasard, loin s'en faut. Ils ont même contribué à sa mise en valeur.

Une habile économie générale de l'opus ménageant espaces évanescents et plages affriolantes nous est ainsi offerte, favorisant dès lors une prolongation de la durée d'écoute chez l'auditeur. Sortie chez Dooweet Records, cette rondelle d'une quarantaine de minutes nous introduit bien souvent, par quelques savants arpèges au piano, à l'heureuse découverte de son environnement musical. L'orchestration d'ensemble témoigne d'une cohésion instrumentale et vocale sans failles. Et ce, tout en sachant distiller quelques fêlures atmosphériques. Que ce soit au cours des soli de guitare, de violon, de batterie, de piano ou au chant, on retrouve cette énergie communicative empreinte de fragilité fondant toute la teneur et la magie de l'instant. On se trouve ainsi immergé dans un metal mélodique aux accents épiques, avec une touche gothique atmosphérique, apte à capter nos sens. Sans plus attendre, pénétrons maintenant dans l'antre de la bête.

Comme souvent, dans ce registre, une partie instrumentale nous invite à entrer en contact avec les éléments. Et l'entame de l'opus n'échappe pas à cette « règle ». Ainsi, « Dawn » nous salue avec les honneurs, à l'instar d'une douce triangulation entre un violon cajoleur, un synthé en tapinois et un piano aux notes enjouées. On déambule alors dans un espace sonore feutré, enrichi de choeurs, avant que ne s'éveille une saisissante rythmique. Cette jolie progressivité du corps orchestral a pour corollaire une enivrante lumière mélodique. Il faudra cependant se contenter de brefs instants de cette opulente et souriante instrumentation pour nous ravir. Mais, comme il ne s'agit là que d'une mise en bouche, les frustrations se dissiperont bien vite avec ce qui va suivre.

Ce qui frappe d'entrée de jeu, c'est la découverte de plusieurs titres frénétiques résolument taillés pour les charts, et ce, sous l'égide d'atmosphères variées. Calés dans une dynamique rythmique souvent entraînante, il s'avère difficile de passer outre, tant leurs lignes mélodiques se montrent invitantes, leur instrumentation flamboyante et leur empreinte vocale pénétrante. Pour l'occasion, des guests ont contribué à magnifier ces pièces d'orfèvre.

A commencer par l'apparition d'Oxy Hart au chant sur l'imparable « We Are ». D'inspiration symphonique tout en suivant une rythmique d'une souplesse féline, l'orchestration nous enveloppe littéralement à chaque frasque. Les choeurs et la voix d'Oxy font le reste pour nous imposer leurs séries de notes toutes plus chatoyantes les unes que les autres. Par ailleurs, de somptueuses nuances de tonalité que suivent des riffs feutrés nous impactent sans mal, notamment quand intervient le léger vibrato de la soprano. Celle-ci nous accompagne ainsi sereinement sur des couplets bien ciselés et des refrains confondants. On remarquera au passage un joli pont technique à la batterie ainsi qu'une lead guitare ondoyante pour nous séduire encore, si besoin était. Enfin, la dernière montée vocale de la sirène, venue tutoyer les aigus les plus sensibles, fait merveille. On comprend que l'émotion est ici au rendez-vous. Cette note finale « qui tue » se retrouve sur d'autres plages, comme sur l'énergique « Love Doesn't Love Me ». La belle partage ici le micro avec Alexandre Warot, pour un subtil jeu de contrastes entre voix féminine limpide et grunts caverneux. Cette fois, c'est au piano et au synthé que s'effectue l'entame avant que ne prenne place une rythmique entraînante, parfois syncopée, et des riffs cinglants, à la manière de Sirenia nouvelle mouture. De leur côté, les impulsions haut perchées de la diva nous font traverser des couplets acidulés et des refrains d'une pure jouissance auditive. Un break opportun au piano vient alors se faire happer par une reprise aux riffs échevelés et par l'inattendu duo mixte au top de sa forme. Pas de doute quant à l'immersion inspirée par ce titre non plus, donc.

Mais, le combo ne s'est pas arrêté en si bon chemin ! C'est tout en puissance qu'il a déployé son arsenal de séduction sur « Hurricane ». Ses riffs plombants à souhait et sa lead guitare virevoltante escortent une dense rythmique mais au tempo un tantinet alerte, comme Xandria a pu nous le montrer. Là encore la luminosité mélodique des refrains ne rencontre aucun obstacle pour nous impacter. En outre, un corps à corps entre une alerte guitare et un synthé reptilien s'observe. Intéressant jeu de contrastes aussi entre un break en piano/choeurs et une reprise orchestrale magmatique. Pour sa part, l'empreinte vocale d'Emma se fait angélique, avec de sinueuses inflexions et une évolution en crescendo, à la manière de Voices Of Destiny, première période. Dans ce dessein, s'inscrit également le titre éponyme de l'opus, somptueusement introduit par des arpèges au piano. La rythmique se veut tout aussi souriante et ses riffs se font vrombissants. Une fois de plus, la ligne mélodique est difficile à prendre en défaut, la qualité des arrangements aidant. Pour varier sa proposition, cette fois, la déesse use de fines oscillations, laisse s'exprimer son timbre le long d'un large spectre vocal et, graduellement, atteint les cimes des aigus. Un break apparaît ici également, avant que ne surgisse une stupéfiante reprise vocale et orchestrale. Comme pour rompre avec cette embardée et pour nous câliner un peu, la piste s'achève à la lueur d'un beau dégradé, tout en douceur.

Dans l'ombre de ces hits, c'est sans complexes qu'une grappe de titres émoustillants vient s'inscrire dans ce programme. Dans cette mouvance, une instrumentation progressive ravit les sens sur « Win or Die ». C'est en mid-tempo et sous l'impact de riffs acérés que les couplets et les refrains se montrent aptes à harmoniser les tendances. Sur cette piste, les impulsions cristallines de l'interprète atteignent leur cible, notamment lorsque les envolées lyriques se font ouïr. Ce serait sans compter avec un fuligineux solo de guitare que vient corroborer une voix masculine en arrière-fond. Un poil moins immersif que les morceaux sus-cités, il n'en révèle pas moins un chemin harmonique finement tracé. Il en va de même pour le sculptural « Over Seasons & Time ». Nous stimulant d'une caresse atmosphérique, cette piste fait rapidement place à une rythmique massive assistée de riffs griffus. Un piano fringant prend parfois l'ascendant et un beau solo de guitare nous imprègne de l'ambiance un poil sulfureuse, aux subtiles nuances harmoniques. Les ondulations vocales de la belle viennent parachever ce tableau aux couleurs à la fois suaves et intenses. C'est à la porte de la clôture que resplendit à nouveau l'ultime note céleste, faisant irrémédiablement frissonner nos tympans. Sans être tubesque, ce titre est apte à éveiller en nous d'authentiques plaisirs. Tout comme son voisin, le vivifiant « Embrace » qui, avec sa double-caisse en fusion, nous agrippe par les serres de ses riffs puissants. Un chemin mélodique aussi truculent que rigoureux, étreint par quelques nuances de tonalité, nous inonde tout le long, notamment sur les savoureux refrains de cette plage. Exigeante techniquement, celle-ci nous octroie deux breaks successifs, l'un assis sur des riffs rentrants se faisant surprendre par une reprise vocale d'inspiration lyrique, le second témoignant d'un plus rugissant raccord oral encore. Difficile dans ces conditions de jouer la carte de l'indifférence, une fois de plus. C'est donc sans encombres qu'on écoute le message musical évoluer au fil de la piste.

On aurait eu tort d'en douter, le combo n'a pas omis de faire montre d'une touche romantique dont lui seul a le secret. Ainsi, un piano/voix nous installe confortablement pour recevoir en substance les mots bleus inscrits dans la ballade « Our Fate ». Non sans rappeler Voices Of Destiny, les ondulations vocales de la soprano ravissent nos pavillons. Par moments, quelques modularités renvoient aux clartés immaculées de l'espace vocal d'Arven. Nous évoluons alors dans un bain orchestral aux doux remous. Une caressante rythmique nous effleure alors avant de voir s'envoler le rossignol jusqu'à la note transcendante qui, ici encore, ne manquera pas de nous émouvoir. Au piano, d'achever de nous convaincre, s'il le fallait, de remettre le couvert. C'est en apothéose que s'achève notre périple avec « Siempre ». Ce titre à la rythmique pop légère s'avère lumineusement interprété, en italien, par le duo mixte de voix aériennes Emma/José. Ainsi, les couplets se montrent éminemment harmonieux et les refrains ouatés. Sur fond de changements de tonalité, une guitare acoustique partage l'espace sonore avec un violon larmoyant et un piano aux accords hypnotiques. On ne résiste pas longtemps aux séries de notes distillées par une cohésion globale d'excellente facture. Une touche de romantisme bien inspirée, pour finir, donc...

On ressort de l'écoute de cet opus conquis par la magie d'un instant fragile, où se meuvent des chapelets d'accords incitatifs à l'adhésion. Aussi, rares sont les moments où le champ mélodique apparaît lacunaire dans son principe d'émission. De plus, la qualité de la production d'ensemble, dont les arrangements mis en œuvre, a permis une mise en lumière de compositions bien customisées, quasi magnétiques, et de paroles au phrasé finement sculpté. Pas de doute, l'évolution que d'aucuns étaient en droit d'attendre, est bel et bien là. Certes, on aurait pu souhaiter davantage de titres, plus d'allonge sur certains passages, notamment sur la partie instrumentale, voire même, une fresque, avec un titre phare dépassant les six minutes, exercice de plus en plus souvent réalisé dans ce registre metal. Une pointe d'originalité supplémentaire, voire une petite prise de risques, aurait pu combler d'autres attentes encore. Mais, faisons-leur confiance, ces aspects seront certainement passés au crible d'ici leur prochaine mouture.

Cet album pourra amplement satisfaire les amateurs de metal mélodique à chant féminin et assimilés. Son évidente accessibilité le rend diffusable auprès d'autres publics encore, moins en phase avec l'univers metal mais qui, grâce à lui, pourraient le devenir. Le combo y a veillé et compte bien dépasser partiellement les frontières du registre auquel il est attaché. Il a déjà mis le pied à l'étrier avec son single « Under the Rain » (2013), mais aussi avec son second EP.

A l'aune de cette captivante production, selon votre humble serviteur, le jeune quintet francilien saura pousser à l'addiction les plus rétifs. Dans ces conditions, on l'aura compris, il aura assurément moins à souffrir de la concurrence par ses pairs que par le passé. Car, l'inspiration aidant, Evolvent a su faire évoluer ses arguments et le démontre aisément à travers cette revigorante production ! Autant dire que, dès à présent, la formation a de beaux jours devant elle. Du moins, on ne peut que le lui souhaiter...

4 Commentaires

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Sonadenn - 22 Mars 2015: Très belle chronique à nouveau qui donne envie de découvrir ce groupe. Le titre proposé à l'écoute est effectivement bien sympathique et très accessible.
frozenheart - 22 Mars 2015: Chronique toujours très bien écrite ericb4!
Encore un groupe à découvrir, et une écoute qui s'annonce intéressante.
Rien que par la vidéo jointe, on sent bien le désir du groupe de faire un Metal symphonique de grande qualité.

Je vais donc me pencher davantage sur le groupe et son album !
ericb4 - 22 Mars 2015: Merci pour vos éloges. On a là un groupe dont on entendra parler encore quelques temps, à mon humble avis. A découvrir et à écouter sans tarder, donc!...
JFR68 - 25 Mars 2015: il est rare qu'un chroniqueur apporte un éclairage sur la qualité du Mixage de façon aussi précise. CEla ne fait pas tout, mais met en relief la qualité ou le potentiel d'un groupe, Merci à toi. Pour le reste ta Chro me donne envie de découvrir cet OPUS. Chose que je faire de ce pas.
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Chronique @ metalstormrider

13 Avril 2015

Terriblement délicat et controversé…

Nous pouvons voir le contenu du calice sous deux aspects, soit en se réjouissant de sa plénitude ou en se désolant de son vide apparent. Mais pourquoi devrions nous être d’éternels insatisfaits tourmentés par la frustration ?

Si je vous dis qu’Evolvent est un groupe de Gothic avec un chant féminin, quelle pourrait être votre première réaction ? Vous souvenir d’exercices de style plus ou moins réussis, parfois synonymes de pâle copie musicale, pire encore une musique fade dont seule l’esthétique soignée de l’Artwork peut sauver quelques ventes. L’amertume vous gagne laisse place à une méfiance en réponse à la peur de ne trouver qu’un produit dénué d’âme, cruellement fade, peu inspiré, ou au contraire donnant cette impression d’être trop sur-jouée pour être sincère. Tout sera donc ainsi malheureusement dit pour qui « Gothic à chant féminin » est devenu une appellation presque péjorative. Cependant, lorsqu’il le style est habillement maitrisé, ne doit-on pas louer le niveau technique que requière cet exercice périlleux ? Combiner les styles, trouver un processus créatif et les ambiances au service d’une musique protéiforme et hautement porteuse en émotions n’est pas chose aisée. Notre combo étant français, ne pourrait-il pas susciter aux septiques, mais néanmoins chauvin, l’envie de découvrir leur musique ?

Evolvent n’a donc pas choisi le chemin de la facilité : persévérer sa quête musicale dans un style qui conquière de moins en moins les foules devenues de plus en plus septiques. L’origine géographique reste un Handicap de taille, notre beau pays préférant promouvoir la variété et le Jazz, oubliant souvent qu’il a vu naître de prestigieux noms du courant classique. Et ce courant fait encore des émules qui essayent de renouveler le style et les codes rigides qu’il impose. Le second handicap est le nombre trop restreint de concert pour assurer la promotion correcte de son travail.

Pour osez se risquer dans cet univers sombre et propre au groupe, il est inutile d’invoquer les auras des fleurons pratiquant ce noble style mais privilégier une approche un peu plus phénoménologique. Cette objectivité permettra de ne pas fermer définitivement les portes de la reconnaissance à des anonymes possédant toutefois un réel talent.

Ce voyage chimérique débute en admirant le superbe artwork, un digipack en guise d’écrin esthétiquement très réussi montrant un groupe soucieux de la présentation de son dernier opus « Whatever Happens ». Une toile complexe, sombre, mystérieuse et aérienne qui doit introduire l’œuvre et en refléter le contenu le plus fidèlement possible.

Une décennie d’existence, ponctuée par la réalisation de 4 albums studio unanimement salués par les amateurs avertis… dix ans qui ne semblent pas avoir émoussé la passion du groupe pour une musique qui se veut élitiste. La sincérité et la maturité du groupe s’étalent sur les dix nouvelles compositions, marquant probablement une nouvelle évolution dans la maîtrise technique et dans l’écriture. Il est donc temps pour nous de transcender le temps et l’espace pour apprécier cette nouvelle symphonie et voir si elle succède dignement au très bon « Human Instinct », sorti il y a à peine un an.

Musicalement, cet opus nous propose un niveau musical supérieur aux précédentes réalisations nous offrant un univers sombre parfois proche d’un Mercury Rain et la fantaisie d’un Within Temptation. « Dawn », la superbe introduction montre le caractère à la fois sobre et classieux de l’album, nous démontrant que ce « Whatever Happens » est loin d’être un projet caricatural…

Au travers de riches mouvements, le groupe nous offre une belle démonstration de maîtrise des codes classiques détournant judicieusement des tonalités plus baroques pour insuffler la vie à sa musique. Grace à de judicieux arrangements, des lignes de claviers inspirées et combinées à la puissance des rythmiques Evolvent renforce l’ambiance lourde et menaçante, assurant que toute histoire ne peut se résoudre que dans la violence. « Huricane Master » aborde d’ailleurs ce ton martial et déterminé.

Mais le monde est parfois fait de contradictions, et, là ou certains, nombreux je l’espère, salueront la technicité et la couleur particulière du chant lyrique d’Emma Elvaston, d’autres éprouveront un certain ennui devant une interprétation finalement assez stéréotypée, très proche de structures déjà entendues et finalement convenues.

Les growls ne sont présents que sur « Love Doesn’t Love Me », heureusement pour ceux, qui, comme moi, trouvent cette approche manquant souvent de maturité… les autres seront bien entendu séduits par cette démarche. Pour le reste des compositions, les voix masculines claires viennent seconder subtilement la diva, donnant une certaine sensualité et une cohérence au concept de l’album.

Faisant preuve d’une habilité indéniable dans l’harmonisation des lignes mélodiques, la créativité du groupe passe aussi par la recherche d’autres couleurs musicales, la superbe complainte « Our Fate » en témoigne, orchestrée d’une superbe mélodie agrémentée par l’apport d’instruments à vents judicieusement intégrés…Les introductions du claviériste, Sébastien Latour sont un véritable régal pour les oreilles, pléthores de trouvailles harmonisées pour vous donner le frissons, enrichies de nombreux passage atmosphériques. Des titres tels que « Over Seasons And Time » ou « Whatever Happens » apportent cette légèreté et ce raffinement emmenant d’ailleurs l’auditeur dans un univers plus progressif.
Mais il n’est pas question pour notre maestro, et fondateur du groupe, d’afficher un pédantisme qui devrait restreindre l’expression des autres membres d’Evolvent. La place de chacun est préservée dans cet opus au sein duquel le terme « symphonique » prend tout son sens.
Le processus créatif puise sa plénitude dans des fondements à la fois solides, accessibles et personnels se détachant un peu plus encore de ses modèles.

La meilleure des symphonies possède aussi ses détracteurs, et, possédant la qualité de ses faiblesses, « We Are » se pose en titre possédant un très bon refrain, mais finalement assez commun dans le style, les lignes de chants offrent un effet de style un peu déroutant et surtout une prise de risque. En second mouvement, le placement du chant se place de manière plus conventionnelle sur un tempo plus enlevé permettant une belle montée en puissance… et cette montée n’atteindra malheureusement pas à son apogée à cause d’un son de batterie un peu trop synthétique.

Au final, peu importe la plénitude du calice, la véritable réjouissance viendra du précieux nectar qu’il contient et de l’empreinte qu’il aura laissé sur votre âme si elle déclenche cette émotion vive et particulière qui font ces grands albums. Ensuite l’appréciation de ce nectar peut être compromise par une absence de sensibilité face à cette approche à la fois trop personnelle et protéiforme ou peut être trop contrariée par les quelques faiblesses que ce « Whatever Happens » possède. En espérant que la prochaine dégustation nous offrira des parfums encore plus subtils.

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