Voici le premier album d’Era Vulgaris, groupe originaire d’Irlande formé en 2004. Il est certain que ce n’est pas la pochette qui pourra vous donner envie de vous pencher sur leur musique ! Un gâteau écrasé ? Une vieille tache de café ? Une trace de freinage au fond d’un slip ? Je sais pas trop, espérons que le contenu se révèle plus savoureux que l’emballage…
J’ai vu sur la page Myspace du groupe que les chroniques concernant cet album sont très variables, pour certains c’est l’engouement total et pour d’autres, le sentiment de "ni chaud ni froid". Ca ne m’étonne pas, car cette première réalisation est très inégale et si j’ai pu y écouter de très bonnes parties musicales, beaucoup de maladresses et de longueurs m’ont également sauté aux oreilles. Le groupe pratique un thrash qui se veut à la fois old school, sa musique est en effet assez basique, et moderne grâce à des vocaux tour à tour thrashcore ou mélodiques. On pense donc aussi bien à des groupes actuels comme
Mastodon qu’à des légendes comme
Pantera, notamment dans la façon de saccader et de marteler certaines rythmiques. Les riffs ne sont pas spécialement marquants et pourraient presque être interchangeables d’un morceau à un autre, d’autant que les rythmiques sont en permanence mid-tempo.
Cet album, qui dure tout de même 56 minutes, manque donc dans l’ensemble d’accélérations et une impression de routine s’installe assez rapidement, surtout lors des morceaux les plus longs. De plus, les soli sont de qualité très variable, certains sont fort réussis ("Just Ask Yourself", "
Fate Draws A Curtains") et d’autres très pénibles à écouter, ça ressemble parfois à de l’impro maladroite ("Brittle", "Harmonic Discontent"). De temps en temps Era Vulgaris s’embarque dans un thrash légèrement plus fun ("Just Ask Yourself") ou dans des délires jazzy moyennement convaincants ("I Must Have Your Brain"). Ces tentatives de dévier vers quelque chose de plus original (et encore, ça a déjà été fait par d’autres !) nous montre en tout cas que le groupe a des idées.
Par contre, de très bonnes parties émergent de temps à autre, ce qui sauve l’album du naufrage. Par exemple, le final de "I Must Have Your Brain" est une très jolie partie de guitare acoustique, mais qui est par contre en décalage complet avec le morceau. "
Fate Draws A Curtain" est un titre qui démarre de façon très molle puis qui embraye à 4’15 sur un bon solo assez rock accompagné d’une rythmique en arpège sympa. Le chant clair, bien que simple, est lui aussi réussi sur cette partie. Enfin, "Harmonic Discontent" est une tentative plaisante de mélange entre gros riffs et guitare claire, dommage que le chant soit si linéaire. Et je me suis agréablement fait emporter par le long final atmosphérique.
«
What Stirs Within » est l’album d’un groupe qui manque encore d’expérience, ce qui explique les imperfections et les hésitations de cette première réalisation. J’attends de tenir entre mes petits doigts boudinés la prochaine sortie de cette formation pour réellement me forger un avis sur la valeur de Era Vulgaris. En tout cas le potentiel est là.
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