Lorsque l’on joue du Grind, plusieurs possibilités s’offrent à nous : notamment l’engagement politique à la
Napalm Death, le total gore à la
Last Days Of Humanity. Les parisiens de
Grind-O-Matic ont choisit une autre voie : celle de l’humour, attention pas dans le graveleux à la
Gronibard ou
Ultra Vomit mais plutôt dans l’humour noir.
Welcome to Grind-o-Land est un concept album sur les attractions mortels d’un
Luna Park n’étant certainement pas mis ses engins aux normes, chaque titre représentant une attraction précise.
Formé en 2003, le groupe a déjà deux démos et un album à son actif, fort de cet expérience
Grind-O-Matic nous propose un second album fort intéressant. L’imagerie mi années 30, mi « l’étrange noël de monsieur
Jack » à quelque chose de comique et inquiétant à la fois à l’image de leur mascotte Bob...
Après une courte intro mettant bien dans l’ambiance, The
Hurricane’s Terrific
Gravity Force délivre un Grindcore dominé par les hurlements furieux de Roger et les guitares dissonantes de Manu (réminiscences d’un passé musical plus Indus). Clem n’est pas en reste derrière ses fûts, délivrant des blast-beat d’entrée de jeu sur Caught in a Perfidious Net. Dans tous les cas le trio ne se contente pas d’un schéma scolaire et ce
Welcome to Grind-o-Land respire la folie avec ses avantages et ses inconvénients… La mise en place est irréprochable et les parisiens usent régulièrement de breaks alambiqués ou d’interludes rappelant le concept du disque, mais l’abus de riffs dissonants et l’envie de pondre à tout prix des plans originaux est parfois un peu trop flagrant (The Unfortunate Somersault Fault).
Cela dit les parisiens savent aussi utiliser la lourdeur et l’efficacité, par exemple sur The Umbrella Jump percutant pas si éloigné d’un bon vieux
Agathocles ou
Regurgitate. A mesure que l’on avance dans l’album les influences
Death se font davantage sentir, Tragic Artistic Acrobatics se rapprochant de
Napalm Death, notamment dans la dualité des chants.
La production est correcte dans l’ensemble mais la basse est quand même un peu trop en retrait à mon goût, un peu plus de puissance et de rondeur n’aurait pas nuit non plus, mais pour un disque autoproduit on reste dans le domaine du convenable.
A mon avis c’est tout de même dans les titres les plus cartons que
Grind-O-Matic excelle,
Demented Breakneck Ride délivre un Grind /
Death des plus dévastateurs avec une utilisation parcimonieuse et intelligente de ses fameuses guitares dissonantes. Les chansons sont cantonnées entre 1 :30 et 3 minutes à part l’ultime et étrange piste (16 minutes bien trop longues de Grind expérimental à vrai dire), les titres ainsi déroulent sans provoquer le moindre ennui, surtout que la variété est suffisante pour ne pas avoir l’impression d’écouter en boucle le même titre : mention spéciale au frénétique High Commotion
Mountain Drive.
Les efforts de singularité de
Grind-O-Matic sont indéniables sur ce deuxième album et le potentiel aperçu est alléchant. Bien sûr un surcroît de technicité, d’impact et de colère serait nécessaire pour rivaliser avec les terreurs du Grind actuel que sont
Kill The Client,
Inhume ou Mumakill. Ne faisons pas la fine bouche tout de même, je rappelle que
Grind-O-Matic évolue en autoproduction et que l’originalité de ce disque tant dans la musique que dans l’artwork augure un futur intéressant pour les parisiens.
Pas mal, ça part juste un peu trop dans tous les sens pour le vieux conservateur que je suis…
BG
je vais me pencher dessus, car les démos m'avaient bien convaincues!
tcho!
ça fait plaisir de lire une chronique détaillée et travaillée, puisque c'est malheureusement assez rare...
juste une petite précision sur le son, la basse ne se fait pas beaucoup entendre effectivement, mais parce qu'il n'y en a pas ! hehe
au départ par résignation à la pénurie de bassiste, puis finalement pas attrait pour ce côté un peu plus tranchant dans le son.
et merci aussi aux autres commentaires, qui sont tout aussi encourageants !
manu
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