Nouvel entrant dans l'univers metal symphonique à chant féminin, ce jeune quintet italien originaire de Foggia jouerait d'ores et déjà les redoutables outsiders, et ce, deux ans à peine suite à sa création, en 2016. A la tête d'un encourageant EP dénommé «
Vengeance » (2016) et ayant participé à d'importants événements, dont le Female
Metal Voices Tour Russia 2017, auprès de
Sirenia,
The Agonist et
Cellar Darling, nos acolytes auraient le vent en poupe. Aussi, décidèrent-ils d'intensifier leurs efforts, investissant les studios une année durant, accouchant alors de leur tout premier album full length répondant au nom de « Welcome
Apocalypse » ; une galette généreuse de ses 62 minutes, sortie en 2018 via le prolifique label danois Mighty Music. Indice révélateur d'une sérieuse envie d'en découdre de la part de la formation trans-alpine...
A bord du vaisseau amiral, nous accueillent la frontwoman, claviériste et parolière Samuela Fuiani et le guitariste et parolier Ruggero Doronzo, cofondateurs du projet, rapidement rejoints par le bassiste Davide Ricciardi, le guitariste Gianni Colonna (ex-
Incinerator, ex-Social
Mayhem) et le batteur Giuseppe Centonza (Wicked
Dream, ex-Nereid). De cette étroite collaboration émane une œuvre metal symphonique à la fois saillante et énigmatique, aussi troublante qu'évanescente, aux enchaînements inter-pistes sécurisés, se singularisant de par son orientation dark gothique. Aussi, des sources d'influence aussi diverses que
Lacuna Coil,
Evanescence,
Ravenscry,
We Are The Fallen,
Autumn,
The Flaw, ou encore
One Without ne sauraient être éludées.
De ce projet où se mêlent orchestrations et choeurs samplés, vibes orientalisantes, en émanent des thématiques aussi fondamentales que la dualité entre la vie et la mort, la fuite du temps, l'au-delà, la misère de la condition humaine. Ce faisant, on effeuille une rondelle aux arrangements orchestraux de bonne facture et témoignant d'un mixage bien équilibré entre lignes de chant et instrumentation, signé Stefano Morabito (guitariste du groupe death metal italien
Eyeconoclast). Avec la participation d'Andrea Cislaghi (chanteur du combo metal gothique italien
Macbeth) sur l'un des titres. Nos cinq valeureux gladiateurs auraient donc mis les petits plats dans les grands...
Au moment où il intensifie le rythme de ses frappes, le groupe trouve sans mal les clés pour nous rallier à sa cause. Aussi le tympan sera-t-il irrémédiablement aspiré par les ensorcelantes séries d'accords échappées du tubesque up tempo « Heroes », dans la lignée de
The Flaw. Infiltré par les sulfureuses volutes de la sirène, ce hit en puissance émanant de l'introductif EP ne tardera pas à décocher ses couplets bien customisés que relayent des refrains certes convenus mais d'une efficacité redoutable. Dans cette énergie, « Mirror Mirror » nous happe à la fois par ses riffs crochetés et une sente mélodique pétrie d'élégance tout en nous interpellant par ses soudaines accélérations. Un tantinet moins nerveux mais tout aussi impactant, l'entraînant «
Dust », quant à lui, imposera un duo mixte en voix de contraste des plus saisissants, les angéliques inflexions de la belle alternant avec les growls caverneux de la bête incarnée par Andrea Cislaghi.
Dans ses passages à la tonicité un poil plus mesurée, la troupe parvient là encore à encenser le pavillon. Ainsi, on ne résistera que malaisément aux truculents harmoniques et aux riffs en tirs en rafale de « Welcome
Apocalypse » ; mid tempo progressif et syncopé dans le sillage de
Ravenscry, pourvu de refrains immersifs à souhait et mis en habits de lumière par les cristallines inflexions de la belle. Dans cette mouvance, si l'on retiendra « Cassandra » tout comme « Secret
War » qui, dans l'ombre de
We Are The Fallen, délivrent tous deux leurs couplets headbangants et de sidérantes montées en régime, on ne résistera pas davantage aux entêtants refrains de l'échevelant « The Show ». Et comment esquiver l'onde vibratoire générée par le mid tempo progressif « Like Water », effort que n'auraient renié ni
Autumn ni
Lacuna Coil ? Peut-être bien la pépite de l'opus...
Lorsqu'il se fait plus tendre, le combo italien nous livre ses mots bleus les plus sensibles, générant alors d'un battement de cils la petite larme au coin de l'oeil. Ce qu'illustre, d'une part, la touchante power ballade progressive «
Blackout », à mi-chemin entre
Evanescence et
Autumn. Conjuguant de délicats arpèges au piano, une violoneuse assise instrumentale, des riffs émoussés et les magnétiques patines de la maîtresse de cérémonie, cet instant de félicité n'aura nullement tari d'arguments pour faire plier l'échine aux âmes les plus rétives. D'autre part, « Behind a Smile » se pose telle une fondante ballade romantique aux airs d'un
Evanescence des premiers émois. Lorsque s'épaissit le corps orchestral, la charge émotionnelle délivrée est telle que toute tentative de résistance s'avérera bien vaine. Bref, un instant privilégié voué à rester durablement gravé dans les mémoires. Enfin, le ''lacunacoilesque'' et enveloppant low tempo « Flowers of
Evil » ne tardera pas à dérouler le tapis rouge, nous lovant dans un bain orchestral aux doux remous. A la belle, eu égard à ses félines inflexions, d'achever de nous convaincre de poursuivre notre route jusqu'à son terme...
Parfois, le combo se plaît à diversifier ses ambiances comme ses sources, dont une savoureuse offrande à la clé. Aussi sera-t-on irrésistiblement attiré par l'atmosphère chatoyante et la lumière mordorée de l'orientalisant mid tempo syncopé « Alive » qui, dans le sillage de
Lacuna Coil, se révélera propice au total enivrement de nos sens. Dans cette quête d'élargissement du champ des possibles, le groupe nous livre une version transfigurée de « With or without You », titre emblématique de U2, extrait de leur album « The
Joshua Tree » (1987). Délicatement ''métallisé'', ce manifeste à la mélodicité un poil linéarisée bénéficie toutefois d'arrangements d'excellente facture, de sonorités alternatives et judicieusement articulées qui fondent toute l'originalité de cette mouture.
A l'issue de notre périple, un agréable sentiment de plénitude nous étreint. C'est dire que le désir d'y revenir dévorera assurément le chaland aussitôt les dernières mesures du brûlot envolées. Pour son premier effort de longue durée, le combo italien a donc réussi le pari de maintenir l'attention constante de bout en bout de leur frondeur et troublant méfait. A la fois diversifié sur les plans atmosphérique et vocal, rythmiquement équilibré, sortant parfois des sentiers battus de leur registre metal d'affiliation, témoignant déjà d'une belle épaisseur artistique, le pléthorique message musical ne manque nullement d'arguments pour faire face à une concurrence galopante. Bref, une proposition forte et audacieuse signée par la formation trans-alpine...
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