C'est sur un riff de thrash mid-tempo très classique que démarre
Weave the Apocalypse, deuxième album des danois de
Invocator enregistré et mixé au studio Elsound de Copenhague entre Février et Mars 1993, illustré par Dan Seagrave et publié la même année sur le label Black Mark Productions (déjà éditeur de leur premier méfait). Son instigateur est toujours Jacob Hansen, aujourd'hui réputé dans la production, le mastering, le mix et l'ingénierie pour de nombreux groupes aux horizons musicaux divers (entre autres
Volbeat,
Aborted,
Epica,
Tyr,
Hatesphere), mais aussi membre de nombreuses formations danoises parmi lesquelles
Beyond Twilight,
Pyramaze,
Infernal Torment ou encore
Anubis Gate. Le groupe a subi pas mal d'évolutions depuis le bon
Excursion Demise de 1991, qui proposait un thrash/death véloce et furieux recelant de bonnes idées de composition.
Un des frères Jensen (le bassiste) est parti et un des frères Hansen (l'autre guitariste) est arrivé, en remplacement de
Jakob Schultz ; le groupe est donc composé des frères Hansen à la guitare (Jacob au chant, on en reparlera), de Per Jakobsen à la basse et toujours de Per Møller Jensen à la batterie. L'orientation musicale que prend la formation a elle aussi évolué, cet album proposant un thrash metal porté avant tout sur la lourdeur et la puissance rythmique, arborant de fait de nombreux aspects proches du death metal mid tempo et du hardcore du début des années 90. Avec pour base le riffing vicieux de
Slayer et de
Pestilence, la bande développe durant plus d'une demi-heure un power-thrash extrêmement efficace, doté d'une rythmique furieuse, d'une production et d'un arrangement instrumental encore impressionnants aujourd'hui, multipliant contretemps, solos de basse et purs défouloirs thrash.
"
Through the Nether to the Sun" entame donc l'album et propose plus ou moins un condensé de l'expérience à venir, l'auditeur possédant déjà presque toutes les cartes pour se faire un avis sur ce dernier. Le batteur, à la fois solide et groovy, agrémentant avec une grande subtilité ses rythmiques béton inspirées et dynamiques, possède de surcroît un jeu au charleston et à la double pédale fin, fluide et entraînant avec une production faisant la part belle à son kit qui sonne fort bien. Le bassiste n'hésite pas à lâcher, avec sa basse dotée d'un son rond très agréable, des lignes puissantes, mémorisables, assez techniques, soutenant tour à tour les guitares et la batterie ou dictant carrément sa loi, comme sur l'enchaînement jouissif que propose "
Condition Critical", un des temps-forts de l'album pour sûr. Les guitares, offrant un jeu plutôt classique dont les inspirations proviennent autant du thrash, du death que du hardcore, tant d'Europe que d'
Outre-Atlantique, balancent un riffing brise-nuque loin d'être con comme un balai et particulièrement efficace, saupoudré de petites incursions mélodiques bien senties et de solos typiquement danois très mélodiques et intrusifs qui fonctionnent pourtant à merveille.
Depuis les saccades de "
Desert Sands" donnant résolument envie de fendre du bois à coups de merlin et ouvrant la composition sur un thrash brutal bien bourrin jusqu'aux contretemps groovy à souhait de "The Afterbirth" en passant par l'introduction très lourde de "
Doomed to Be",
Weave the Apocalypse est un album qui possède un gros potentiel, tenant l'auditeur en haleine sur toute sa longueur avec pourtant des morceaux qui dépassent rarement les trois minutes. Le seul point négatif – loin d'être anecdotique malheureusement – est le chant scandé de Jacob faible, monocorde, apparaissant comme forcé à chaque instant, ne faisant clairement pas honneur aux morceaux et ce malgré une écriture intéressante cherchant à coller au mieux à la composition. Il est certain que les ardeurs d'un néophyte seront calmées par la découverte de ce chant qui, avouons le, est de piètre qualité.
Pourtant, ce deuxième album des danois a lui aussi participé à la mise en place de la branche musicale power-thrash des années 90 aux côtés de
Pantera,
Exhorder,
Machine Head ou encore de
Demolition Hammer, rejeton du thrash metal américain et plus particulièrement du Seasons in the
Abyss de
Slayer. Aujourd'hui encore sa qualité intrinsèque tant dans la composition, la cohésion des instruments que dans sa production presque irréprochable en fait un disque atypique, riche et très addictif.
Chopé en réédition récemment , j'aime beaucoup le petit côté Pantera/Exhorder niveau musique , niveau chant effectivement c'est pas du haut niveau mais ça passe , il y a bien pire .
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