Apparu en
2012 et originaire de Colombie britannique au Canada, le quintet
Terrifier refait parler de lui en cette première moitié de 2017 après un premier album et un EP parus dans la première moitié de la décennie. Les pères fondateurs que sont
Razor,
Slaughter ou
Infernal Mäjesty (dont nous reparlerons bientôt avec le nouvel album No
God) ont défriché les terres du thrash Canadien il y a bien des années, souvent avec réussite.
Terrifier a embauché Andrei Bouzikov pour une pochette colorée comme à son habitude, avec un dessin illustrant une attaque extra-terrestre genre "Guerre des Mondes" envers un bonhomme en costard et quelques buildings en épargnant soigneusement les chevelus de l'illustration. Typique dans le cliché s'il en est, la surprise n'en sera que plus grande avec le principal, la musique.
Dès "
Reanimator" (qui rappellera bien sûr aux fans le célèbre film d'horreur dans lequel s'illustre Jeffrey Combs), le ton est donné. Le riffing est nerveux, extrêmement dynamique, précis et virevoltant. Privilégiant le up-tempo,
Terrifier assène des plans d'une grande énergie, avec une facilité ébouriffante. Même les soli, limpides, ne cassent pas le rythme effréné (la seconde partie de "
Reanimator", "
Nuclear Demolisher", "Skitzoid
Embolism" entre autres) de nos Canadiens. Le rapprochement le plus évident à faire serait, si l'on remonte le temps, avec la même capacité à ciseler les riffs du premier
Vio-lence, ou, dans une période plus récente, les fous furieux de
Gama Bomb, en moins crossover/fun, voire les Italiens de Ultra Violence,
Terrifier restant thrash jusqu'au bout des patches (le terrible "
Deceiver" et son refrain fédérateur). Les vocaux de Chase Thibodeau restent éraillés juste ce qu'il faut, dans la plus pure tradition allemande, et on assiste à de nombreux moments de pure férocité thrash (à la première minute de "Bestail
Tyranny" qui envoie le steak bien saignant, succède une partie plus saccadée pour ensuite repartir de plus belle avec un riffing impitoyable - un grand morceau doté de beaux soli), sans pour autant être "à fond à fond" tout le temps (le début de "
Nuclear Demolisher" et son solo introductif jusqu'à ses passages blastés). "Violent
Reprisal" bénéficie de vocaux scandés pour appuyer sur la pédale énergétique, mais ici il n'en est nul besoin. Brent Gallant et Rene Wilkinson, les deux guitaristes rivalisent de virtuosité, toujours à bon escient, et étirent le spectre musical de
Heathen (pour les parties les plus mélodiques, l'instrumental "Riders Of
Doom" en tête) aux ancêtres Nord Américains (le meilleur de
Razor,
Vio-lence donc) tout en ne tombant jamais dans le copié/collé trop souvent utilisé dans le style.
Difficile de trouver un quelconque défaut dans cet enchevêtrement de plans, tous plus dynamiques les uns que les autres et terriblement bien ficelés.
Terrifier a, sans renouveler le style (tel n'est pas le sujet ici), su trouver la bonne formule (l'entraînant "Drunk As Fuck" et ses moshparts, le terrible final "Sect Of The
Serpent" au riffing dantesque qui renvoie à un autre film ô combien de bon goût). Les titres, une fois assimilés, prennent vie ne constituant aucunement une succession de riffs plus ou moins cohérents et laissent place à des morceaux mémorables. Sans sonner daté,
Terrifier fait ici carton plein et s'extrait de la masse avec une facilité déconcertante (un grand bravo à la paire de guitaristes) au gré d'un album sans morceau faible et d'une durée idéale (42 minutes).
On se prend même, avec l'emballement d'une impression de vraie découverte, à se dire qu'ici un vrai classique est sorti et pourra figurer en bonne place dans les tops thrash de cette année. Loin d'être redondant (souvent la faiblesse récurrente dans le style), pas trop inspiré par un groupe en particulier (
Exodus copule souvent quand même avec
Vio-lence) et pile poil au centre des débats entre férocité germanique et sens rythmique issu de la Bay-
Area,
Terrifier est un groupe à suivre. Et
Weapons of Thrash Destruction un album féroce et diablement bien fait, que tous les thrashers peuvent acquérir sans hésiter.
Pas moins.
Merci pour la kro ! :)
Super Chronique :) A mon avis c'est le meilleur album de Revival Thrash by far
je persiste et je signe !!! Cet album est une putain de sacré bordel de pépite Thrash métal !!!
Plus de deux ans après je réitère mon remerciement à Lemoustre de m'avoir fait découvrir ce combo Canadien.
A savoir pour ceux qui n'ont pu se procurer le CD, rapidement épuisé, qu'Osmose distribue le vinyle actuellement, l'album étant récemment sorti sous ce format.
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