En 1992, Erik Andersson et Matte Andersson sont deux potes fascinés de grindcore et de death metal, et jouent ensemble les titres des futurs icônes comme
Napalm Death,
Entombed ou encore
Cemetary. Matte est un bon chanteur et Erik est un batteur entraîné; en
1994, ils se sentent prêts à enregistrer leur première démo, simplement appelée Démo'94. Ils font parler d'eux, on apprécie leur musique, on sent un avenir. Le groupe signe chez un premier label qui se chargera de la production de la moitié de
Sea of Dreams, puis chez un deuxième pour achever ce premier album. Les années passent,
Godgory signe de façon instable chez plusieurs labels, pour enfin mourir chez
Nuclear Blast en 2001 avec l'album
Way Beyond.
Way Beyond se présente au travers d'un artwork aux couleurs vives : roses et tournesols resplendissants, colombe en plein vol, rayons lumineux jaillissant d'une forme drapée. Une statue regarde la scène, la main sur le cœur. Cliché ? Pompeux ? Cliché pompeux ? Oui, certes et en effet. Sans compter que le graphisme n'est pas d'une exceptionnelle qualité non plus. On peut interpréter ceci de plusieurs façons, mais je pencherai pour une maladresse artistique ou un mauvais goût. Avançons.
Final
Journey est le titre d'entrée de l'album, et parle des derniers instants d'une vie après le combat contre une maladie. Un accueil froid, mais l'esprit de ce premier titre est engagé. La voix grave (et ô combien érotique !) de Matte Andersson raisonne à travers le titre, mais étrangement pas autant que ce qu'on était habitué à entendre. La voix est à la fois précipitée et nonchalante d'ennui. D'ailleurs, ceci se retrouvera régulièrement dans les morceaux qui suivront tels que
Payback, Tear It
Down, Caressed By
Flames.
Quant au fond instrumental,
Godgory s'empare d'effets électroniques pas nécessairement désagréables mais toutes fois fragiles pour identifier une situation comme le cardiogramme judicieusement placé à la fin de Final
Journey, ou bien pour donner une vivacité matérielle au rythme tel que dans
Payback. Ces ajouts électroniques sont malheureusement trop peu assumés pour assurer une véritable personnalité qui tienne la route à
Way Beyond. Pourtant, par hasard ou non, dans le morceau
Another Day, on ne regrette pas l'ouverture numérique proposée.
En ce qui concerne le reste des instruments, il ne fallait de toutes façons pas s'attendre à une performance exceptionnelle de la part de
Godgory sur cet album. Effectivement, les guitares restent fidèles à ce qu'elles ont toujours été sur les précédents albums, c'est-à-dire des riffs simples mais néanmoins assez efficaces, et des mélodies tendres pour ce qui est de la guitare sèche. D'ailleurs,
Sea of Dreams (titre en référence à leur premier album sur leur dernier) est la pierre précieuse de cet album : la mélodie a du sens grâce aux cordes sensibles de la guitare. Je vous laisse la liberté d'en juger par vous-même. Cependant, on notera une timide batterie sur laquelle il est assez inutile que je m'attarde et pourtant, ce manque d'audace est assez regrettable. Enfin, c'est du
Godgory.
En clôture de cette chronique, je dirais que
Way Beyond est tout à fait le genre d'album qui se fond dans la masse de productions death, death melo et voire gothique qu'on entendait en ce commencement du XXIeme sècle; et bien qu'il y ait un effort d'originalité (les sons électroniques) c'est une initiative peu confiante. Et puis, il fallait s'y attendre, chez
Godgory, on ne se renouvelle pas beaucoup. Évidemment,
Way Beyond n'est pas un mauvais album, il s'écoute assez facilement en toute honnêteté. Mais ce qui chiffonne un peu, c'est la versatilité de la musique. Un coup mineur, un coup majeur, un coup de l'espoir, un coup une mort certaine... Aucun repère auquel s'attacher. En somme,
Way Beyond est un album schizophrène, et cela ne fait malheureusement pas sa particularité. Non, au contraire, c'est le meilleur moyen pour rentrer dans le moule et finir aux oubliettes.
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