Nouvelle figure du metal symphonique progressif à chant féminin, ce quintet finlandais originaire de Sonkajärvi ne repose pas moins sur l'expérience et les talents savamment conjugués de chacun de ses membres. C'est en 2006 que Dominant
Chain verra le jour, et ce, sous l'impulsion commune des quatre musiciens du groupe de metal progressif finlandais JJ Corporation – Jarno Keränen (guitares), Tuomas Korkatti (basse), Toni Balk (batterie) et Juho Keränen (claviers et orchestrations) – et de la chanteuse aux claires inflexions Marja Komulainen (guest chez
Farewell). Après la réalisation d'une discrète démo, « Promo 2008 », également dénommée « The Moment », le collectif fera patienter la bagatelle de dix-sept années jusqu'à la sortie, chez Inverse Records, de son premier et présent EP «
Wasteland Requiem ». Cela étant, les armes esthétiques et techniques des cinq pistes de la galette permettront-elles à nos valeureux gladiateurs de tenir la dragée haute à leurs si nombreux challengers ?
Avec le concours, pour l'occasion, du pluri-instrumentiste et vocaliste Mika Kankainen (
Shade Of
Sorrow) aux growls, la troupe nous plonge au coeur d'un mouvement metal mélodico-symphonique progressif à la fois rayonnant, invitant et pétri d'élégance, où les influences de
Nightwish,
Symphony X,
Sonata Arctica,
Delain,
Xandria et
Stratovarius se font tour à tour sentir. Une technicité instrumentale parfaitement maîtrisée, un brin complexe mais nullement ostentatoire, se dessine, à laquelle s'adjoignent des mélodies finement ciselées, que plusieurs écoutes permettront d'en saisir toutes les subtilités. Ce faisant, les 25 minutes de la rondelle jouissent d'une production d'ensemble de bonne facture : mixé par Toni Balk et mastérisé (tout comme pour
Nightwish,
Everfrost,
Sonata Arctica...) par le pluri-instrumentiste Janne Tolsa (
Tarot,
Lazy Bonez, feu
Eternal Tears Of Sorrow), l'opus n'accuse par l'once d'une sonorité résiduelle tout en faisant montre d'une belle profondeur de champ acoustique. Mais suivons plutôt nos acolytes dans leurs pérégrinations...
Comme souvent dans ce registre, c'est sur une mer d'huile que démarre notre traversée. Ce que révèle le titre éponyme de l'opus, «
Wasteland Requiem » ; une brève entame instrumentale symphonico-cinématique, instillée de choeurs aux abois et relevée par des arrangements ''nightwishiens'' aux petits oignons. Bref, une entrée en matière, certes, déjà courue mais des plus sécurisantes, nous intimant de poursuivre notre croisière.
Le combo témoigne, tout d'abord, d'une rare aptitude à faire cohabiter de complexes structures instrumentales avec des lignes mélodiques des plus enveloppantes, et à nous aspirer par là même dans la tourmente. Ce qu'atteste, en premier lieu, « The Moment », mid tempo syncopé aux riffs crochetés, au carrefour entre
Delain et
Stratovarius ; pourvu d'un refrain immersif à souhait mis en exergue par les angéliques inflexions de la sirène et d'un pont techniciste opportunément positionné, investi de truculentes rampes synthétiques et d'un fringant solo de guitare, ce hit en puissance poussera assurément à une remise en orbite sitôt l'ultime mesure évanouie. Dans cette énergie, on retiendra également « Kissed by This
Life », tant pour l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre que pour les frémissantes montées en régime de son corps orchestral.
Quand ils en viennent à varier davantage encore leurs phases rythmiques, nos acolytes trouvent à nouveau matière à nous retenir plus que de raison. Ce à quoi nous sensibilise, d'une part, « Tears of the
Tyrant », mid/up tempo aux riffs épais, au confluent de
Xandria et de
Sonata Arctica. Doté à la fois d'une mélodicité toute de fines nuances cousue sur laquelle se greffent les troublantes impulsions de la déesse et d'enchaînements intra piste sécurisés, ce sémillant espace d'expression livre parallèlement une ample plage instrumentale inoculée d'une basse résolument vrombissante et d'un rude corps à corps entre un vigoureux serpent organique et une guitare léonine aux griffes acérées. Et la sauce prend, une fois encore. Un exercice de style porté à son paroxysme par la fresque « Dirt » qui, au fil des 6:46 minutes d'un parcours aussi tumultueux que palpitant – eu égard à ses nombreuses variations rythmiques, à ses grisantes séquences instrumentales et à ses sémillants arpèges d'accords –, ne relâchera pas sa proie d'un iota.
A l'issue d'un parcours à la fois mouvementé mais nullement chaotique et plutôt engageant, porté par la troublante empreinte de la frontwoman, d'aucuns pourront ressentir l'irrépressible envie d'y revenir dès la chute finale amorcée, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité. S'il nous livre un propos à l'ingénierie du son rutilante et à la solide armature instrumentale, le combo devra cependant veiller à varier davantage ses exercices de style, ses ambiances comme ses lignes de chant pour espérer guerroyer plus sereinement encore dans cette arène metal. Apposant néanmoins son sceau artistique sur la majeure partie de ses portées tout en égrainant des mélodies finement sculptées et des plus avenantes, le quintet finlandais disposerait d'armes suffisamment effilées pour se poser tel un outsider avec lequel la concurrence devra composer. Bref, un introductif élan volontiers chatoyant, empreint de délicatesse et des plus frémissants, dans l'attente à peine voilée d'un album full length...
Note : 15,5/20
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