Liste des groupes Heavy Metal Ear Danger Warrior Soul

"Oyez braves chevaliers, levez cette herse et baissez le pont-levis afin que je puisse honorer votre roi par ce somptueux présent en guise d’allégeance… Cette offrande est le second album de Ear Danger, présenté dans un écrin qui reflète son contenu avec la fidélité que seul un vassal peut témoigner à son suzerain".
Les chevaliers néerlandais d’Ear Danger défendent en effet la cause la plus noble du heavy metal, celle d’une musique épique. Ce style étant d'ailleurs l’un des seuls courants musicaux (pour ne pas dire le seul), qui ait osé le revisiter la chanson de gestes au cours des dernières décennies. Alors, ce nouvel album, véritable prouesse épique ou pâle copie de ses ainés?

Ear Danger est une formation quasi inconnue malgré une existence qui remonte déjà à l'An de Grâce 1981, en pleine explosion de la NWOBHM (…et un an avant la sortie du déterminant Battle Hymns de qui vous savez). Il splittera trois années plus tard et se reformera en 2007 sous l’impulsion de deux musiciens fondateurs, le batteur Dick Vijgen et le bassiste Matt Verschoor. Rapidement rejoint par les guitaristes Ivo Metz et Leon Lohmann (ce dernier assurant aussi le chant), le groupe sort « Full Blast at Last » en 2011, premier véritable album passé inaperçu ; « Warrior Soul » est donc la seconde offrande du groupe.

Composé par 10 titres dont 8 totalement inédits, » Warrior Soul » a été façonné au travers de cet univers médiéval chevaleresque, possédant un songwritting plus aboutit, oscillant musicalement entre des influences variées telles que Saxon, Virgin Steel ou plus récemment Nocturnal Rites ou Paragon (en moins caricatural quand même). Un album résolument 80’S dans son âme et ses sonorités, et suffisamment convaincant pour obtenir la protection de l’écurie Emanes Records. Les conditions semblent donc réunies pour permettre au groupe de se détacher de ses nombreux acolytes qui ont fait de ce genre leur fer de lance.

Arborant le blason Heavy Speed mélodique honnête dans son intégrité et sa qualité, plein de dynamisme et de promesses, Ear Danger ouvre cette épopée de manière directe avec le titre éponyme. Nous sommes directement emmenés au cœur de l’assaut au travers de rythmiques à la fois rapides comme la cavalerie et lourdes comme le fracas des lances s'abattant sur les boucliers.
Nous retrouvons deux titres plus anciens, à savoir le très « City On Fire » qui n’est pas sans nous faire rappeler l’enfant impétueux et pervers de notre ami Rolf "Merciless Game", ou encore le « Spread Like Wildfire », plus proche de l’école italienne avec des mélodies pouvant évoquer l'écriture d'Highlord. Nous voilà donc rassurés sur le potentiel des membres de notre formation. Les guitaristes possèdent un niveau de maîtrise respectable en terme de technique, de groove,et montrent une capacité à créer des nuances de jeux intelligentes pour un style assez cru. C'est l'apport de ces mélodies finement martelées qui peuvent faire la différence, donnant une valeur ajoutée indéniable à ce "Warrior Soul".

Nous retrouvons ainsi tout l'armement nécessaire au succès de cette campagne. De « Crusader », véritable morceau de bravoure épique, probablement le titre phare de l’album, fin, entraînant et épique, possédant des lignes de chant très convaincantes, jusqu'au charpenté « Bound by the Law », qui ne sera pas boudé par les fins connaisseurs de la scène allemande, lourd à souhait avec un refrain couillu, transpirant la testostérone et la volonté d’en découdre. La sacro sainte tradition germanique est ainsi respectée sur plus d’un titre, vous ne pourrez que vous incliner devant l’emblématique « To Live Is To Fight ». Le syncopé « Star Illusion » ou encore « I Am Your Enemy », lui aussi appuyé par des chœurs réussis, sont des titres supplémentaires qui devraient vous convaincre de la sincérité de cette quête.Le chant, bien qu’il ne soit pas exceptionnel, est juste et dynamique.

"Raise The Sword" clôt cette épopée et se détache par une introduction folk acoustique réellement intéressante par la dimension progressive moyenâgeuse qu'elle dégage. Un titre qui laisserait entrevoir une future orientation musicale? La qualité sonore est bonne, même si on aurait préféré une production un peu plus puissante en regard du style pratiqué.
Nos guerriers maîtrisent les armes affûtées au service de la mélodie, et de ce tranchant dépend la victoire ... et peut être la gloire future. L'album est pêchu et intéressant, il reste toutefois du chemin à parcourir pour s’imposer dans un style qui regorge encore de sérieux adversaires. Et vous connaissez la suite, la Gloire ou la Mort…

Quand on parle de Ear Danger en soirée, c'est généralement entre vieux de la vieille et avec la larme au coin de l'oeil. De celle qui vient quand la nostalgie vous prend. Tu te rappelles, Maurice, le split "Metal Power II" ? Atomic Rock, Scum, Anwar, ear Danger... Toute la crème de la nouvelle génération Heavy hollandaise, qui a disparu depuis. C'était le bon temps, et c'était en quelle année déja ? 1984 ? T'es sûr ? Rhalala oui les années passent, et ils sont où ces groupes aujourd'hui ?

Eh bien, mon cher Maurice, sois heureux car Ear Danger est toujours bien vivant (on ne peut pas en dire autant des 3 autres), et a même fini par sortir son premier album en 2011 (soit 30 ans après leurs débuts). Et ils nous reviennent donc en 2014 avec un deuxième méfait essayé et approuvé par Marty MacFly pour se retrouver en 1985. Avec son artwork qui n'aurait pas dépareiller sur une boîte de Warhammer Battle version Agmat Productions (1987, les enfants !), Ear Danger fait dans le Metal classique et de tradition anglaise : de la mélodie agréable à l'oreille en veux-tu en voilà, des lignes de guitares dont les notes ne vous quittent plus après la première écoute, un chant capable de se percher assez haut (mais qui demande un certain temps d'adaptation au départ, vous êtes prévenus), une basse bien en avant et une batterie qui fait rien qu'à vous faire lever le poing en hurlant le refrain.

Il y a une énergie communicative, limite adolescente, dans la musique de Ear Danger : des envolées comme "Crusader" ou "I Am Your Enemy" font plus que sonner années 80, elles SONT les années 80. Ce qui semble aussi assez normal, quand on voit que certains des morceaux disponibles sur cet album sont des réenregistrements avec le line-up actuel de vieux morceaux du groupe ("City On Fire" et "Spread Like Wildfire" datent originellement de 1983, mais avaient déjà été réenregistrés une première fois par le groupe en 2007). Puis vas-y mon cochon que Ear Danger sait te torcher de l'hymne, hein : "Raise Your Sword", avec son démarrage tout calme au flûtiau et à la guitare sèche qui évolue rapidement vers de la grosse Speederie avec un refrain que tu ne peux pas t'empêcher de hurler, c'est de la belle ouvrage.

Mais au-delà du plaisir bandulatoire qu'il y a à écouter un tel album aujourd'hui, une telle musique qui ne sonne jamais vieillotte (preuve, s'il en fallait encore une, que le Heavy Metal est réellement éternel), il y a aussi le plaisir de savoir que des groupes comme Ear Danger existent encore. Et que des labels comme Emanes Metal leur donnent les moyens de partager leur passion avec le public. Sans être l'album de l'année, "Warrior Soul" remplit toutefois honnêtement son contrat et ne donne plus envie que d'une chose : aller voir le groupe sur scène à la première occasion qui se présentera, pour communier avec eux et le public une bière à la main.