Et hop, un MCD à la pochette affriolante, et voilà
Bloodshed qui se pose d'ores et déjà comme un groupe à suivre pour tout amateur de
Brutal Death bien tordu. Première véritable sortie pour le groupe, qui se paye le luxe d'enregistrer au Bud's Recs à Bordeaux, et bénéfice ainsi d'un son de très bonne qualité. Passons tout de suite sur la production, mixage et mastering sont soignés : tous les instruments se détachent nettement et la voix se pose sur la musique sans la recouvrir. Un son de double virulent, des grattes saturées à la mode de chez eux et une basse ronde et claquante, et en voiture Simone.
Ce petit intermède technique passé, on peut se concentrer sur le rendu.
Bloodshed se présente comme un groupe de
Brutal Death très typé US, qui personnellement m'a par moments rappelé ce que fait Sanguinarium, autre groupe français du même genre. Globalement, on a affaire à des riffs plutôt mélodiques (ce qui surprend vu leur violence) mais joués sur un mode "dans ta face". Tantôt c'est
Incantation qui vient à l'esprit (Molesting the Innocence), tantôt c'est
Immolation (et que ça dissonne... voir The St Sylvester's Day of the Living
Dead), tantôt le groupe se permet des riffs old school assez démentiels (Putrid
Resurrection in Anthropophagia, ma préférée). Le batteur quant à lui se met en quatre, et enchaîne blast beats effrenés (
Embraced by the
Macabre, The St Sylvester's...) à d'autres passages plus aérés, se permettant même des syncopes et des parties de cymbales complexes (Putrid
Resurrection...). Pour avoir vu les bestiaux en concert, je peux certifier que le cogneur mule à tours de bras, et que l'enregistrement restitue bien le côté bûcheron de son jeu.
Je passe rapidement sur la basse, présente en permanence, mais qui ne se permet que rarement de lâcher les guitares (voire de faire l'intro, comme sur la bourrine As the Lambs
Bleed). Et voilà qu'on arrive à la voix, et là, c'est du ras de terre. Je ne présume pas des problèmes de santé de Mortiifico, mais son organe doit être salement amoché pour sortir des horreurs pareilles : un vieux growl à la limite de l'infra-basse, vomissant d'hypothétiques paroles sur un ton monocorde, qui rappellera au choix du client ce que la scène UG américaine a produit de pire, de
Disgorge à
Devourment en passant par
Gorgasm. Amateurs de bon goût, vous serez charmés, je le garantis.
Pour parler rapidement des compos, je les trouve assez complexes, avec pas mal de jeu sur les breaks et contre-breaks (As the Lambs
Bleed notamment). Les tempos sont variés et la plupart des chansons incorporent des passages lents, la fin de The St Sylvester's Day of the Living
Dead lorgnant même méchamment sur ces finals à la
Immolation que les fans du groupe chérissent tant. Les chansons sont donc suffisamment courtes et variés pour qu'on ne s'ennuie pas, et on est parfois surpris des enchaînements, ce qui est somme toute un très bon point pour un groupe qui opère dans un genre où l'originalité n'est malheureusement pas souvent la reine.
Globalement, c'est de la bonne dope, et à l'écoute de ce MCD on comprend l'appellation de '
Brutal Death
Macabre' dont est affublée le groupe. Effectivement, le mélange entre le son "evil" des vieux groupes US (
Incantation,
Immolation, voire
Morbid Angel) et l'aspect ultra-violent de groupes plus récents donne un résultat étouffant, lourd et glauque. Maintenant, un défi attend
Bloodshed. Avec ce MCD, ils se placent fort bien dans les groupes de
Brutal Death hexagonaux, mais l'étape difficile du premier album décidera sans doute de leur avenir. Ce futur opus, qui est actuellement en préparation, sera peut-être l'occasion de développer un son un peu plus personnel, et de donner à leur musique un aspect plus percutant et moins linéaire, ce qui est à vrai dire le seul défaut majeur qu'on peut reconnaître à cet album. De toute façon, pour ceux qui seront intéressés par ce MCD, l'intensité et l'ambiance de la musique de
Bloodshed suffiront amplement à faire leur bonheur.
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