Je propose une suite logique aux chroniques sur les albums de
Judas Priest avec le suivi des divers projets solos ultérieurs ou postérieurs des membres du groupe anglais. A tout « saigneur » tout honneur, Rob
Halford en premier donc.
Halford quitte
Judas Priest en 1991 après la tournée promotionnelle de « Painkiller » et fonde, en 1993, un groupe du nom de «
Fight », influencé par le power metal lourd américain à la
Pantera, très en vogue à l’époque.
L’imagerie du groupe se veut plus sobre et directe que celle de
Judas Priest. En témoignent une pochette et un logo simples, en noir et blanc, des musiciens habillés de manière décontractée jouant en jeans et en tee-shirt, comme les groupes de thrash de l’époque.
Halford parvient à convaincre Scott Travis, le dernier batteur de
Judas Priest, de se lancer dans l’aventure
Fight. Les autres musiciens, en revanche, sont de quasi inconnus du grand public : un guitariste du nom de Marc Chaussee, un bassiste du nom de Jay Jay et deux guitaristes/claviéristes :
Rush Parish et Brian Tilse. Tout ce beau monde donne naissance à un premier album en 1993 du nom de «
War of Words ».
Dès le début, l’auditeur est percuté en pleine figure par deux dévastatrices tornades tournant sur elles-mêmes à 400km/h ; «
Into the Pit », tout d’abord, où Rob chante dans son registre aigu et dominateur sur un tempo rapide martelé sans concession, puis «
Nailed to the Gun », morceau encore plus terrible et lourd, tous deux agrémentés de breaks judicieux magnifiant leur puissance.
La musique bien que violente est différente de celle de
Judas Priest. Le son y est plus direct, brutal, massif ; les mélodies, elles, apparaissent très en retrait.
Alors qu'échauffé par ces deux gifles surheavy infligées en pleine face, s’imaginant alors basculer dans un maelström de brutalité sonore, l'auditeur voit l’album subitement changer d’orientation, nous menant dès lors vers une musique plus calme, sombre et introspective. A commencer par «
Life in Black », splendide, lent, lancinant, au riff magique, voyant
Halford tutoyer les cimes de la perfection sur un refrain aérien. J’ai, d'ailleurs, toujours été fasciné par le thème très sombre de ce morceau et par la force de ses paroles. «
Immortal Sin », bien qu’inférieur à ce joyau noir, est également réussi avec son tempo médium et son ample refrain mélodique.
Par ailleurs, après une introduction aussi étrange qu’envoûtante, l'éponyme «
War of Words » s’avère efficace, avec une alternance de couplets aériens et de refrains plus durs portés par un riff influencé par le thrash metal.
Deuxième merveille de subtilité et de classe envoûtante, « Laid to Rest » est un titre mélodique fantastique avec son atmosphère orientalisante et mystérieuse. Je dois avouer que ce morceau très fort reste l’un de mes préférés, en incluant même le travail de Rob avec
Judas Priest. De prime abord, «
For All Eternity », elle, ressemble à une ballade d’apparence plus traditionnelle. Cependant, le voix de Rob
Halford lui fait atteindre des sommets d’émotion pure, tout particulièrement sur les légers emballements encadrant le solo lumineux. «
Little Crazy », plutôt anecdotique, surprend encore l’auditeur avec une influence blues insoupçonnée jusqu’alors.
Arrive ensuite le léger passage à vide du disque, un « Contortion » terriblement lent, lourd, linéaire et prévisible suivi d’un «
Kill It » brutal mais trop répétitif.
L’album termine heureusement de manière plus forte avec un «
Vicious » plus enlevé, dynamique, et surtout « Reality, a New Beginning » morceau plutôt lent, mélodique, fascinant, au texte fort emblématique du nouveau départ pris par Rob
Halford dans sa vie de l’époque.
«
War of Words » est donc, selon moi, un excellent album, et même le meilleur de Rob
Halford hors
Judas Priest (oui, oui !). Bien qu’assez éloignée du style de
Judas Priest, la musique de ce premier disque s’avère incroyablement variée et riche. Présenté comme un concept de musique dure, dépouillée et sans concession,
Fight montre en réalité de grandes subtilités dans des compositions aux influences diverses, soigneusement distillées dans un metal pourtant à la base lourd et massif.
Pour précision, j’ai découvert ce disque en 1999, à une époque où moi-même je prenais une nouvelle direction dans ma vie. Par un curieux et divin hasard, la musique de
Fight m’a donc accompagné dans ce changement, me donnant force, inspiration et courage. C’est sans doute aussi pour cela que j’attache une grande valeur sentimentale à ce premier album, culte pour moi.
Ultime preuve de son excellence, «
War of Words » n’a pas pris une ride et s’écoute toujours avec grand plaisir plus de 25 ans après sa sortie.
De rien. Je ne verrai jamais Fight sur scène, quel dommage ! Ce disque reste un Ovni mais il me fascine et me plait toujours autant meme après tant d'années et meme si on est d'accord ce n'est pas du "100% heavy metal"à la Judas !
Oui, c'est un très bon album. J'ai par contre toujours eu du mal à entrer dans son successeur, "Small Deadly Space", qui m'avait beaucoup déçu à sa sortie. Mes goûts ayant passablement évolué avec les années, il faudrait que je lui redonne sa chance un de ces quatre ; qui sait, le charme finira peut-être par opérer ?
Oui, il est moins facile d'accès, plus sombre, sinueux et tortueux. Il préfigure sans nul doute le virage indus Two qui suivra.
pour info, Russ Parrish (le guitariste) est plus connu sous le nom de Satchel, membre de Steel Panther.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire