Cry Of Silence est initialement un projet solo mené par Granath, mais celui-ci fut rejoint pour l'enregistrement de cet album par une dénommée Tatiana qui oeuvre désormais pour le groupe, accompagnant le chant principal et participant également à l'écriture des paroles. L'album précédent
Walking Through the Eternal Tragedy m'avait profondément marqué et son successeur est également de très bonne facture, toutefois différent, bien que l'empreinte de son leader y soit toujours prégnante. En effet, l'esprit à la fois dépressif et païen qui caractérise
Cry Of Silence est toujours de rigueur et le groupe reste fidèle à ses convictions, tout en apportant du renouveau à sa musicalité sans pour autant se détourner de ses idéaux.
Un feu crépite, des corbeaux croassent, la voix de Tatiana résonne dans les confins des bois, fredonnant des vers se répercutant dans les profondeurs de la forêt. L'auditeur se voit immergé en pleine nature dès l'entame de l'album et comme sur l'opus précédent, l'aspect païen est fortement mis en valeur, comme une étrange sensation de se retrouver à l'extérieur de chez soi lors d'une escapade forestière à la simple écoute du skeud.
Cet album s'inscrit dans la veine du premier, arborant toujours un aspect dépressif et nonchalant sur l'intégralité des titres exceptées l'intro et l'outro, qui s'avèrent plus posées, et qui introduisent et mettent un terme à cette ballade forestière de la même manière qu'elle a commencé. La production est similaire au précédent, que ce soit par rapport à la sonorité des instruments ou la réverbération apportée à la voix, celle-ci restant assez lointaine et plaintive, atout majeur qui confère à l'ensemble un aspect maladif, d'une teinte maussade à faire pâlir un esprit déchu. Le chant secondaire de Tatiana prime aussi, accompagnant Granath dans sa dépression sur l'ensemble des titres, s'apparentant plus à des choeurs pour appuyer le chant principal, conférant à l'ensemble un côté plus poétique et harmonieux sans s'avérer lassant et pompeux. En somme, inclure du chant féminin dans
Cry Of Silence s'est révélé efficace et bien choisi, donnant à la musicalité un aspect plus attrayant et charismatique, sans tomber dans le prépondérant ou l'excessif.
Le seul bémol sur cette galette, qui serait sans conteste aussi bonne que
Walking Through the Eternal Tragedy, sont des coupures nettes sur des morceaux comme
Nocturnal Silence Creeps ou Tears of Mother qui viennent casser la continuité et la fluidité de l'ensemble par un changement de rythme soudain, altérant l'immersion dans l'album et laissant l'auditeur sur sa faim. C'est l'unique point noir du skeud qu'on pourrait notamment comparer à un
Dark Medieval Times de
Satyricon, par rapport aux cassures fréquentes et une structure variable des titres. L'ajout notable de guitares acoustiques présentes sur des titres comme
Forgotten Land ou Tears of Mother sont du plus bel effet et confèrent à la musique un attrait plus mélodieux et raffiné, de façon assez brève en comparaison au son cinglant et grésillant des guitares électriques, celles-ci étant omniprésentes.
Selon moi, c'est un album qui évoque fortement la nature sous un aspect très mélancolique, qui retranscrit une sorte de promenade solitaire au fin fond des abysses de la forêt, une marche mouvementée d'un être accablé par la miséricorde et le tourment, égaré dans ses pensées. Du moins c'est l'interprétation que j'en tire, une oeuvre qui reste tout comme son prédécesseur assez personnelle, intime, qui s'écoute seul et de préférence dans les bois. Un album nonchalant, enveloppé d'une atmosphère oppressante, qui séduira les esprits tourmentés, cependant un cran inférieur au premier, il n'en demeure pas moins excellent et prenant. Si vous avez aimé le précédent, concrètement celui-ci devrait vous plaire compte tenu du fait qu'ils sont très proches tant par l'esprit qui s'en dégage que l'atmosphère qui en émane.
Voilà donc un superbe album, similaire au premier, certes inférieur, mais qui comblera les fans du groupe. Si vous avez apprécié ce dernier, celui-ci ne vous déplaira pas car il s'inscrit dans sa continuité, le côté païen et dépressif qui caractérise
Cry Of Silence est toujours de rigueur et le groupe reste fidèle à lui-même.
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