Liste des groupes Heavy Rock Wendy O. Williams WOW

Vous pensez que Ladi Gaga est ultra provocante, que Pink est une rebelle ou que Madonna a tout inventé. Alors passez votre chemin (ceci étant, vous ne devriez pas être nombreux sur ce site). En revanche, si vous avez quelques affinités avec les Grace Jones ou Nina Hagen du début des années 80, vous serez certainement davantage intéressés par ce qui suit.

Wendy Orlean Williams, WOW pour les intimes, entame sa carrière musicale au sein du groupe de punk rock The Plasmatics. Le combo se forme en 1977, à l'initiative de celui qui sera son mentor, manager et plus proche confident, le tout jeune diplômé de l'université de Yale, Rod Swenson. Entre 1978 et 1982 sortiront plusieurs albums dont l'excellent "Coup d'Etat" (1982). Rebelle jusqu'au bout de ses ongles non manucurés, elle n'en fait qu'à sa tête. En 1979, elle joue son propre rôle dans un porno, « Candy goes to Hollywood » - non je ne l'ai pas vu -. Erreur de parcours/casting, elle participera même à un épisode de la célèbre série Mac Gyver (la preuve ici: http://www.youtube.com/watch?v=4xMStT0YqyU&feature=related).

Les concerts des Plasmatics se veulent spectaculaires. Et que je découpe mes guitares à la tronçonneuse, et que je fais exploser des amplis, et que je massacre des télévisions à coup de masse, et que je mets le feu à des voitures, et que je me promène dans des tenues particulièrement légères (slip en coton ou bikini en mousse à raser et deux pinces à linges suffisant généralement à couvrir les tétons). Le résultat fut immédiat, le groupe se retrouvant interdit de concerts dans de nombreuses villes des USA et d'Europe, à Londres notamment où elle était fichée comme anarchiste. Wendy sera en outre arrêtée à plusieurs reprises comme en janvier 1981, où la police de Milwaukee l'accusera d'avoir simulé un acte de masturbation avec un manche de marteau sur scène.

Il faut dire que Wendy o Williams, c'est d'abord une plastique, hum comment dire, qui ne laisse pas de marbre - quand bien même le marbre c'est très dur -. Les plus vieux se souviennent probablement du poster du numéro 12 d'aout 84 de Metal Attack ou de la photo illustrant la bombe du mois dans le Enfer Magazine de Juillet/aout 84 (cf. pour les amateurs la vidéo au bas de la chro).
Toujours à l'affut d'un bon coup (de pub?), ce n'est pas Lemmy qui dira le contraire, lui qui a succombé aux charmes de la belle le temps notamment d'un célèbre duo sur la reprise de "Stand by Your Man". Une collaboration peu goutée par Fast Eddie Clarke qui aurait décidé de quitter Motorhead en partie à cause de ce duo. Lemmy entretiendra par la suite une amitié sincère avec Wendy et lui dédicacera même la chanson "No Class" sur « Everything Louder Than Everyone Else » (1999).

En 1982, Kiss propose aux Plasmatics d'assurer leur première partie aux States. La fin de la tournée approchant, la tension monte entre Wendy et son label, Capitol. A l'époque, notre bassiste à la langue bien pendue, au propre comme au figuré, a créé son propre label (Simmons Records) et se lance dans la production (Keel, Black 'n Blue, …). Il se propose donc pour produire l'album sous le seul nom de W.O.W afin d'éviter les ennuis juridiques (c’est que le bougre s'y connait en juridique!). Le disque sortira sur le label Passport/JEM.
Pour autant, la chanteuse revendiquera toujours ce disque comme un album des Plasmatics et non comme un premier effort solo (ce qu'indique toujours le website officiel de Wendy). Ceci est partiellement confirmé par le fait que Wes Beech (guitare) et T.C.Tolliver (batterie), compagnons de Wendy au sein des Plasmatics, sont toujours de la fête.

A la basse, Reginald Van Helsing. Voilà un nom qui doit parler à certains d'entre vous, cinéphiles et amateurs de films de vampires. Là où cela devient plus intéressant, c'est lorsque l'on sait qu'il s'agit d'un pseudonyme et que la véritable identité du sieur VH n'est autre que Gene Simmons. Pour la première fois de sa carrière, Gene joue sur un album autre que ceux de Kiss. Et plutôt que de s'arrêter en si bon chemin, le bougre décide de faire appel à toute sa clique. Ainsi, Paul Stanley joue de la guitare sur "Ready to rock", Eric Carr de la batterie sur "Legends never die" et Ace Frehley, pourtant plus dans Kiss en 1984, vient taper un solo reconnaissable entre milles sur "Bump and grind". La légende raconte qu'Ace, très intimidé par la sulfureuse réputation de Williams, a enregistré son solo en une seule prise, sans dire un mot, puis s'est cassé.
Outre Simmons et ses (ex)complices de Kiss, le seul musicien présent sur cet album et n'ayant jamais évolué avec les Plasmatics est le guitariste Michael Ray. Il fût proposé par Gene pour permettre de répondre aux exigences techniques de compos plus complexes ... que celles des Plasmatics - tout est relatif -.

Vu donc les gugusses qui accompagnent Wendy et étant donné que le compositeur le plus crédité de l'album est Gene Simmons (5 titres dont un co-signé avec Paul Stanley, le single ""It's My Life"), il n'est pas surprenant d'entendre à l’écoute une très forte influence Kissienne. En revanche, il change fortement de l'univers musical habituel des Plasmatics, ce qui au final justifie la seule présence des initiales WOW sur la pochette. Wendy coupe même sa célèbre crête iroquoise et laisse pousser sa tignasse. Elle en deviendrait presque glamour…
Contrairement aux albums des Plasmatics, la voix de Wendy est beaucoup plus posée même si elle reste éraillée et tranchante. Son chant pourrait ainsi être (imparfaitement) décrit comme un mélange de Udo et Lemmy avec un phrasé proche de Simmons ("It's My Life") qui a probablement dû souvent l'orienter en studio, ce qu’il a d’ailleurs confirmé dans plusieurs interviews.

L'album est également une représentation parfaite de la mouvance hard US de l'époque. Aucune surprise à ce niveau là donc et il n’est pas utile de disséquer les titres pendant trois plombes. Les titres oscillent entre (punk)rock n roll ("Bump and grind"), heavy/hard rock (“Ready to rock”, "I love sex and rock & roll", ce dernier titre ressemblant à un cousin de “I Love it loud”, ", “It’s my life”, dont le clip fut archi contrôlé par la maison de disques), mid-tempo ("Priestess", "Thief in the night", "Opus in Cm7", probablement le titre le plus personnel de l’album avec ses lyrics engagés -“Why are we all breathing dioxin?” - qui traduisent l’activisme politique vert que Wendy défendra jusqu’à la fin de sa vie) et ballade ("Legends Never Die").

Les fans du Baiser reconnaitront “Thief in the Night” dés l'entame. En effet, le titre sera repris en 1987 sur l'album "Crazy Nights". On les connait les gugusses, de parfaits businessman; il n'y a pas de petites économies! Je préfère la version de Wendy, notamment grâce à ses vocaux écorchés qui collent mieux au titre à mon goût.
De même, "Legends never die" apparaît également sur l’album de Doro « Fight ». Le résultat ne m'emballe pour aucune des deux, même s'il faut reconnaitre ici à Wendy une sensibilité dont elle n'est guère coutumière. Le riff principal de ce morceau viendrait d’un titre composé, mais non conservé, lors de l’enregistrement de « Creatures of the Night ». Même chose pour "Its my life" dont Kiss a enregistré une démo en 1982 (http://www.youtube.com/watch?v=wPAGpAQL-RY).

Encore aujourd'hui, l'ensemble a conservé une certaine énergie issue du punk, notamment du fait des paroles et de la voix de Wendy ("I love Ssex and rock & roll" , "Ain't none of your business", "Its my life"). Par exemple, sur "Bump and grind", Wendy y chante “Do ya wanna bump, do ya wanna grind, do ya wanna bump and grind with me?” Que tous ceux qui sont partants lèvent le doigt!

L'éminent journaliste de Kerrang!, Malcolm Dome, s'enflammera en proclamant WOW comme "Album of the year". Une grosse blague si l'on se rappelle des disques sortis cette année là. Une nomination aux Grammy Award comme 'Best Female Rock Vocalist of the Year' suivra. Pas le public.
Au final, comme certains l'affirment parfois sur le net, tenons nous ici le meilleur album de Kiss? Du grand n'importe quoi! Un album de Kiss "déguisé"? Probablement davantage. Il suffit de fermer les yeux et d'imaginer Paul Stanley ou Gene Simmons chantant sur ces titres pour s'en persuader - à vrai dire, fermer les yeux n'est pas obligatoire -. A mon goût, un album meilleur que le Kiss sorti en cette même année 1984, "Animalize" (qui a dit "c'est pas difficile"?).

Retirée du show business, écolo engagée - et non alcolo - la belle vivra seule dans une ferme à Storrs dans le Connecticut. Le 6 avril 1998, Wendy se suicide en se tirant un coup de fusil dans la tête dans la forêt qui borde sa propriété.
A côté de l'arme, Rob Swenson retrouve une note :
"The act of taking my own life is not something I am doing without a lot of thought. I don't believe that people should take their own lives without deep and thoughtful reflection over a considerable period of time. I do believe strongly, however, that the right to do so is one of the most fundamental rights that anyone in a free society should have. For me much of the world makes no sense, but my feelings about what I am doing ring loud and clear to an inner ear and a place where there is no self, only calm. Love always, Wendy."
En 2009, Hollywood avait évoqué la possibilité d'un biopic retraçant la carrière de Wendy mais le projet semble être destiné à finalement rester dans les cartons.

Seule. Au fond d'un bois. Voilà comment a tristement fini l'une des plus incroyables (punk)rockeuses de l'histoire de la musique.

But legends never die…