Depuis sa formation en 1997,
The Horn est un réel ovni en matière de black metal, dans la mesure où le sieur multi instrumentiste cherche bien à se différencier de ses acolytes. Bien que guidé par des formations connues telles que
Morbid Angel,
Mayhem ou
Darkthrone, l'Australien a acquis une identité qui lui est propre, et ce, à chaque sortie d'album, chacun apparaissant de manière plus ou moins rapproché.
Mais ce qui influence le plus
The Horn, ce sont les mythologies égyptiennes. Ce one man band prend directement sa source dans les contes les plus sombres de cette civilisation, puisant dans le Livre des Morts, un livre sacré en plusieurs volumes censé guider le défunt vers l'au-delà. Le musicien s'évertue donc à rendre musical ces contes et nous comprenons mieux pourquoi il y a onze volumes à ce jour.
La musique de
The Horn est donc à la fois exceptionnelle et particulière, mélange de black metal cru, de quelques touches industrielles et d'éléments moyen-orientaux typiquement égyptiens. Les amateurs de production propre pourront donc passer leur chemin car ici, tout est fait de sorte à ce que le son soit crade, comme s'il sortait tout droit du fin fond des pyramides ou des enfers égyptiens.
Pas de grande technique non plus au niveau des guitares, dotées d'une distorsion particulière et tournées vers un côté bestial et morbide (« The
Portal Closes »). Tout se joue au niveau des ambiances faites par des claviers et des samples, mais aussi au niveau de la voix cadavérique et décharnée, comme si elle se situait entre le corps et l'au delà, comme si l'esprit arrivait à s'exprimer, répondant aux paroles des Dieux Râ, Osiris, ou
Hathor.
Le rendu est donc bien occulte, maléfique, maladif et morbide. Son black metal égyptien tourne du côté de l'ambient sur des titres tels que «
Spell 146 » (basé sur les Pylônes de Sekht-Ianru, le paradis selon les anciens Egyptiens) ou «
Spell 124 (un appel aux quatre puissants esprits aux masques de singe). En général, le rythme est plutôt lent, emmené par des guitares aux relents mystiques et souvent arabisants. Certains titres longs proposent un mélange d'agressivité et d'ambiances orientales pour nous porter encore plus profondément dans ce monde occulte et spirituel. De plus, les paroles sont toutes extraites de la traduction anglaise du Livre des Morts, si bien que l'auditeur peut suivre les péripéties et les contes menant à l'au delà – si toutefois il possède le livre en question. «
Spell 66 » par exemple, raconte la sortie de l'âme vers la lumière du jour et la musique se teinte d'éléments torturés, que ce soit dans les riffs que dans la voix écorchée, et «
Spell 7 », sur le passage sur le dos de l'abominable Apopi, se rapproche davantage du black/doom avec son rythme décidément lent, ses guitares mi mélancoliques mi plaintives et ce cri particulier.
Les métissages s'imposent davantage sur un «
Spell 124 » (pour effectuer des métamorphoses en phénix royal) distillant des percussions traditionnelles, des touches industrielles distordant encore plus les vocaux de
The Horn et pervertissant encore plus sa musique. Idem sur «
Spell 156 » (pour fixer un talisman en cornaline) qui part en crescendo, avec tous ces éléments orientaux (percus, mandolines, sitar) avant de finir sur un son saturé.
The Horn nous propose aussi des titres totalement basés sur les atmosphères pour que l'auditeur se croit enterré dans une tombe ou momifié dans un sarcophage. « The
Portal Opens », par exemple, est le genre de titre qui rend claustrophobe. Des bruits, aussi étranges les uns que les autres, une voix planante et spirituelle en fond, comme une invocation, de l'air qui s'est frayé un chemin à travers les petits et rares conduits d'aération, et j'en passe. Idem pour « Book of
Dust » et ses orages, sa pluie, son feu et sa fine mélodie.
Signé chez Shaytan Productions, le label spécial oriental black, « Volume
Ten » est un album réservé à tous les courageux désirant se mettre à la place des morts à l'époque de l'Egypte Ancienne grâce à un black metal occulte, spirituel, ambient et quelque peu poussiéreux. La mort physique n'est que le début d'une série de métamorphoses de la conscience, il est donc temps de vous initier aux mystères de la vie et de la mort, en musique...
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