Rwake est un groupe américain à part. Malheureusement, ils ne donnent plus aucun signe de vie depuis la sortie de
Voice of Omens: page Myspace rafraîchie mais sans aucune information supplémentaire, aucun site officiel, page relapse totalement gelée depuis 2007...
Et je dois avouer que c'est vraiment dommage. Car avec ce dernier opus, le groupe nous offre une galette possédant une aura absolument unique, une senteur étrange, mélange de sève, de cendre et de relents d'adipocire.
Car
Rwake est bien la chose la plus dévastatrice à avoir traversé l'Arkansas depuis la libido du président Kennedy. L'artwork est somptueux, une peinture d'
Orion Landau (que les fans de Relapse connaissent bien) trés sobre et terriblement malsaine à la fois.
C'est un réel plaisir d'écouter lalbum en scrutant la trace du pinceau encore visible. Venons-en maintenant d'ailleurs à la musique produite par
Rwake : un doom terriblement malsain et chargé d'ambiances pesantes, nous transportant directement dans un bayou sans nom, rempli de cyprès et passablement nuageux.
Les musiciens sont excellents (croyez-le ou non, il faut beaucoup de technique pour jouer lentement) et l'écoute entière de l'album est un réel plaisir, grâce à la production très propre dont il bénéficie, ce qui n'était pas vraiment le cas des précèdents méfaits de
Rwake.
Du début à la fin, l'album se laisse écouter, et on se laisse bercer par les lignes douces (
Inverted Overtures,
Leviticus), qui sont telles le soufflement du vent dans les feuilles des cyprès, puis l'on sursaute dès que la violence sourde gronde, telle un orage se profilant dans la bayou musical de ce
Voice of Omens.
Cette violence est très justement dosée et savamment orchestrée, coupée, chauffée, citronnée, telle une dose d'héroïne qu'on s'injecterait directement dans le crâne : car oui, avec cet opus, on voyage à travers le paysage de
Rwake, dont le calme apparent laisse présager une énorme tempête à venir, appuyée par les hurlements du chanteur, bestiaux et grésillant.
Puis l'on revient au calme après la dévastation, une éclaircie dans le marais après l'ouragan. Cet album n'est pas un album de doom à proprement parler. D'ailleurs, si le groupe se fait lent par moment, il peut se faire beaucoup plus véloce (pas du grindcore non plus, mais véloce quand même). En témoigne la chanson
Leviticus, la meilleure de l'album, alternant passages trés calmes et ambiances avec une violence d'une lourdeur écrasante, et surtout, surtout ce riff gigantesque en milieu de morceau, ces respirations, ce vent électronique soufflant sur une batterie ultra-discrète mais réellement indispensable... Qui
Reste dans votre tête, et pour longtemps. Cette pièce est certainement la plus représentative de
Voices of Omens, celle à écouter en priorité.
En résumé, cet album est une création magnifique. Un véritable voyages de sensations et d'odeurs, de malaise permanent en raison de l'alternance de passages atmosphériques et de passages passablement plombés. Fans de musique relativement originale et malsaine, ruez vous sur cette œuvre, qui respire décidemment l'odeur putride et douceâtre d'un cadavre d'où coulerait la sève.
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