Liste des groupes Metal Symphonique Intrinsic Souls Voices of Mind

Depuis près de deux décennies, nombreuses sont les formations metal symphonique gothique à chant féminin mexicaines à se succéder, avec, à la clé, un rayonnement international pour certaines d'entre elles. Après Anabantha, Elitania, Fortaleza, Mutum, Melphomene et Oscuriam, c'est au tour de Intrinsic Souls de se lancer dans l'arène. Créé en 2016 à San Luis Potosí, conscient des risques encourus à vouloir coûte que coûte se frayer un passage dans ce foisonnant registre metal, ce jeune sextet latino-américain s'est précisément laissé le temps nécessaire à la maturité de ses compositions, n'accouchant de son introductif album full length « Voices of Mind » que trois années plus tard. Le temps pour le combo mexicain de multiplier ses apparitions scéniques, dont une prestation remarquée au Biker Fest 2019. Ainsi pourvus, nos valeureux gladiateurs pourraient-ils dores et déjà constituer de sérieux challengers que pourraient avoir à redouter les Elvellon, Beyond The Black et autres Sleeping Romance ou Metalwings ?

A bord du vaisseau amiral, nous accueillent : Gabriela Soldevilla, mezzo-soprano au chatoyant grain de voix doublé d'un léger vibrato ; Carlos Camargo et Luis Ernesto Salazar aux guitares ; Guillermo Moyeda à la basse ; Alex V. Jaimes aux claviers et Jesús Rodríguez à la batterie. De cette fraîche collaboration naît un message musical rock'n'metal mélodico-symphonique aux relents atmosphérique et progressif, un brin latino, dans la veine de Delain, Nightwish, Stream Of Passion, Elessär, Diabulus In Musica et Fortalezza. Eminemment classique dans sa structure et ses enchaînements inter-pistes comme dans ses arrangements instrumentaux, rarement cet opus n'a dérogé aux codes du genre. Volontiers enjoué et rayonnant, mais aussi troublant et romantique, on comprend que ce méfait joue également à plein la carte de l'émotion. Pour leur mise en musique, les neuf plages du skeud ont bénéficié d'un enregistrement de bonne facture et d'un mixage bien équilibré entre lignes de chant et instrumentation. Mais embarquons sans plus attendre...


C'est au cœur d'un fringant et luxuriant paysage de notes que nous mènent tout d'abord nos compères. Et ce, à l'instar de l'incontournable et brève entame instrumentale d'obédience cinématique, la bien-nommée « Introduccion ». Sur fond d'ondoyantes nappes synthétiques et de légères percussions glissent de siréniennes vocalises, comme pour nous signifier qu'une enchanteresse traversée allait nous être réservée. Impression d'ensemble que la suite du propos ne saurait démentir.

C'est sur des charbons ardents que nous projette le plus souvent l'inspirée formation, cette dernière essaimant quelques pépites çà et là. Aussi, Doté de couplets finement ciselés relayés chacun d'un refrain catchy, l'entraînant et ''delainien'' « Escape » joue dans la catégorie des hits en puissance que l'on ne quittera qu'à regret. Calé sur une grisante sente mélodique, recelant de saisissantes montées en puissance d'un corps orchestral résolument endiablé et livrant un flamboyant solo de guitare, le grisant effort aura peu de chances de rater sa cible. Dans cette énergie, non sans rappeler Fortaleza, on retiendra l'impulsif « Fighter » à la fois pour son infiltrant cheminement d'harmoniques, sa touche latina et le juste positionnement de ses variations rythmiques. A la déesse, eu égard à ses angéliques oscillations, de contribuer à encenser le tympan.

Moins directement orientées vers les charts, d'autres pistes sauront néanmoins tirer leur épingle du jeu. D'une part, c'est dans un bain bouillonnant que nous plonge « Awake », vibrant up tempo dans la veine de Stream Of Passion. En dépit de quelques linéarités mélodiques et de répétitives séries d'accords, cette ogive ne se révèle guère moins headbangante et souvent trouve l'amorce pour nous rallier à sa cause. On ne sera guère moins bringuebalé par les assauts répétés de la sanguine rythmique inscrite dans l'adn de « Sweet Sorrow » et « Agony », deux vibrants mid/up tempi aux riffs en tirs en rafale que n'auraient reniés ni Diabulus In Musica ni Sirenia. Voguant sur un sillon mélodique plutôt agréable à défaut de s'avérer des plus magnétiques, ces deux offensives offrandes témoignent parallèlement d'accélérations judicieusement positionnées et d'arrangements orchestraux aux petits oignons.

Quand la troupe nous mène en d'intimistes espaces, elle parvient là encore à nous retenir plus que de raison. Ainsi, « When I Find You » se pose telle une romantique et frissonnante ballade aux riffs émoussés, où le corps instrumental graduellement se densifie et finit par nous envelopper de sa violoneuse écharpe. D'une sensibilité à fleur de peau, la tendre et ''nightwishienne'' offrande se pare de délicats arpèges au piano tout en évoluant sur un filet mélodique d'une précision d'orfèvre, propice au total enivrement de nos sens. Mise en habits de soie par les cristallines et câlinantes volutes de la maîtresse de cérémonie, l'instant privilégié pourrait bien avoir raison des âmes les plus rétives. Autre corde à l'arc de nos inspirés créateurs...

Mais ce serait au regard de leurs plantureuses pièces en actes de nature metal symphonico-progressif que nos compères nous assignent le plus naturellement à résidence, et ce, de deux manières différentes. Ainsi, « Feel Your Soul » déverse ses 7:38 minutes d'une fresque instrumentale aux contrastes rythmiques accentués, aux enchaînements bien négociés, abondant en gimmicks guitaristiques, et ayant habilement évité l'écueil des redondances et autres inutiles séquences technicistes. Dans ce torrent de lave où n'a de cesse de vrombir une basse sauvageonne, et ce, parallèlement aux intarissables assauts d'une batterie en furie, nous embarque un fin et sémillant legato à la lead guitare. Sans nul doute l'un des masterpieces de la rondelle. Pour sa part, une fois les premières et douceâtres mesures envolées, le mid tempo power progressif et syncopé « Voices of Mind », à la manière d'Ancient Bards, se cale sur un tapping martelant tout en ne desserrant que rarement la bride. Dans ce champ de turbulence, où d'insoupçonnés changements de tonalité se font jour, la douce se voit alors muée en redoutable prédatrice.


Pour son premier essai, le combo mexicain s'en sort avec les honneurs, livrant un message musical à la fois fringant, pulsionnel, un tantinet complexe, un brin romantique, susceptible d'éveiller d'authentiques plaisirs. En outre, le propos s'avère varié sur les plans atmosphérique et rythmique et témoigne d'un réel potentiel technique et de qualités mélodiques à ne pas mésestimer. Cela étant, aux fins d'une plus large ouverture du champ des possibles, on aurait peut-être souhaité voir la déesse partager le micro en duo avec l'une ou l'autre empreinte masculine. Par ailleurs, encore trop proche de ses maîtres inspirateurs et ne concédant que peu de prises de risques, le groupe éprouvera quelques difficultés à se démarquer d'une concurrence toujours plus féroce inondant ce registre metal. Sans être un foudre de guerre, cet opus à la production soignée pourrait toutefois dores et déjà placer le collectif parmi les espoirs du metal symphonique à chant féminin. Il en a l'étoffe et la prestance. Il ne lui reste qu'à affûter ses armes et avoir foi en ses propres ressources, du moins, suffisamment, pour apposer son sceau à l'exception de tout autre sur chacune des portées de ses compositions. A bon entendeur...