Vincebus Eruptum
Guitare: Leigh Stephens
Basse et Chant: Dickie Peterson
Batterie: Paul Whaley
"Summertime Blues": Chanson originale d'Eddie Cochrane
"Rock Me Baby": Chanson originale de B.B
King
"Parchment Farm": Chanson originale de Mose
Allison
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1968 fut l'année de toutes les revolutions, de la jeunesse, de la contestation...
Mais ce fut également l'année qui vit, avant même
Black Sabbath, avant même
Led Zeppelin, avant même
Deep Purple, l'apparition du premier album au son Heavy
Metal de l'histoire:
Vincebus Eruptum, du groupe
Blue Cheer, un groupe certes, quelque peu tombé dans l'oubli depuis.
Je vous confesserais que pour ma part, j'ignorais jusqu'a l'existence même de ce groupe (dont je suis desormais fan!) jusqu'à ce que je visionne le documentaire "A
Headbanger's
Journey" (Le Documentaire de l'univers metal, a voir impérativement...) dans lequel
Blue Cheer apparait brievement au tout début.
Pourquoi cette meconnaissance assez globale du groupe par le monde du metal? D'une part parceque ce groupe a pratiquement splitté l'année suivante, suite au départ du (plutot bon) guitariste Leigh Stephens, ce qui eut pour conséquences l'orientation de
Blue Cheer vers une musique beaucoup plus expérimentale qui n'était pas forcément dans l'air du temps, et surtout suite a l'emmergence des grosses pointures sitées ci-dessus au debut des années 70. Ces dernières en imprimant clairement dans le marbre l'essence même du Heavy et du
Hard Rock, vont carrément éclipser
Blue Cheer, un groupe qui il faut le dire, va par la suite prendre diverses orientations oscillant entre le hard rock, le rock expérimental, le blues rock et qui toutes vont l'éloigner de ces origines.
Voilà qui est dit. Maintenant vous n'avez plus d'excuse pour dire que vous ne connaissiez pas!
Que dire maintenant de cet album?
Et bien la premiere chose qui avant tout doit bien rester en tête de ceux qui parmis vous seraient tentés d'essayer de l'ecouter, est de bien recadrer l'epoque a laquelle il est sorti: c'est a dire, a l'échelle du temps des metalleux, ni plus ni moins que la préhistoire profonde (-2 avant
Black Sabbath pour etre plus précis). Un petit commentaire historique s'impose donc en premier lieu.
Cette époque c'est la période des Rolling Stones, The Who, The Doors, Cream,
MC5, Jimmy Hendrix, Janis Joplin...Bref, des groupes qui a l'epoque étaient considérés comme de dangereux élements pour la jeunesse, tous camés jusqu'aux yeux (ce qui n'était pas tout a fait faux...), et porteurs d'une morale destructice qui pervertirait la jeunesse et la pousserait a la décadence, le suicide, la débauche, au communisme etc...
Dans cette ambiance de Rock Psychedelique d'une jeunesse occidentale qui en avait marre du monde occidental a Papa, un certain nombres de jeunes groupes vont se constituer dans la seconde moitié des années 60 et vont tenter de pousser le niveau musical a un stade beaucoup plus heavy que ce qui a été fait jusqu'a présent afin de marquer la rupture.
Parmis ces groupes, citons entre autre
Alice Cooper, Blue Öyster Cult,
Scorpions,
Budgie,
Deep Purple,
Led Zeppelin,
Black Sabbath,
Judas Priest, dont bon nombre d'entre eux ne commenceront qu'a faire parler d'eux seulement plusieurs années plus tard apres avoir longement cherché leur voie.
Blue Cheer, lui l'aura trouvé tres rapidement.
Peut etre trop rapidement vu que le succes du groupe aura été celui d'une étincelle sur leurs 2 premiers albums de 1968, un an apres leur formation.
Blue Cheer, pour bien comprendre, il faut avant tout saisir d'ou vient leur nom. Il s'agit du nom donné a l'époque a une variante du LSD qui était en cours aux USA dans cette période hippie.Vous aurez donc compris que l'on a affaire a un groupe qui touche encore grandement au mouvement rock psychedelique, et l'album en est tout teinté.
Les solos en particulier le sont franchement, avec cet espece de coté un peu crade, pas tres travaillé sur la propreté de la technique, le but etant de donner en son les images qui passent dans la tete des gens au moment ou ces derniers sont défoncés... ce qui de nos jours peut en dérouter plus d'un, plutot habitué a se defoncer la tête sur du head bang de riffs lourdingues.
Si vous n'etes pas trop dans le trip psychedelique, vous voilà prevenu, il vous faudra peut etre un temps d'adaptation...(qui ne viendra peut etre jamais...)
Parenthese fermée car en dehors de celà, il n'y a qu'un mot qui me passe par la tête: "C'est du bon son bien Lourd".
Bon, bien evidemment vous vous en doutez, pas du lourd a la
Slayer, ni même du Maiden ou du AC/DC, mais un son assez lourd pour l'epoque qui se rapproche sur bien des aspect de
Black Sabbath, en restant tout de même tres bluesy.A vrai dire c'est du Heavy, mais en même temps c'est tres proche du
Hard... faut dire qu'en ces périodes lointaines et obscure, avant l'avenement du Prophete Osbourne et du Messie Jimmy Page, la frontiere était encore tres floue: Rock?
Hard Rock? Heavy
Metal? des classification qui de toute maniere n'emergerons que bien plus tard!
Toujours est il que c'est du son TRES LOURD, TRES HEAVY, bien plus que les groupes de rock des sixities: on a manifestement franchi un cap.
Blue Cheer a d'ailleurs eu des probleme lors de leurs premieres representations tellement leur son raisonnait lourdement et provoquait des vibration dans les planchers et plafonds des salles de spectacles. Ce qui vit le groupe se voir interdire certaines reprensentations dans des salles qui pourtant diffusaient du rock!
Alors concernant maintenant les titres de l'album a écouter, vient prioritairement le tout premier: "Summertime Blues", est une reprise d'un titre d'Eddie Cochrane, mais sur un son carrément plus lourd et rythmé, qui a fait de cette excellent chanson, la meilleure de l'album (et de mon point de vue, la meilleure version de Summertime Blues jamais faite...).
N'oublions pas les excellents "
Out of Focus" et "Second Time Around" qui allient un rock bien bluesy et lourd aux riffs entrainants avec une disto heavy bien classe... (en gardant toujours a l'esprit que nous sommes au tout debut de 1968 et que ces jeunes gens consomment sans moderation des substances).
Les autres titres combinent, plus une préponderance d'éléments Blues et Psychedeliques également interressants à écouter.
La pochette quand a elle, sous son coté violet psychedelique ne trompe pas: Certes, sa teinte violacée et les colliers autour du cou font penser au mouvement hippie défoncé.
Mais la photo ombragée des trois musiciens a la coupe de cheveux longs qui ne sourient pas et vous regardent froidement les rapproche déjà des metalleux dont ils sont les pré-archetype:
Blue Cheer n'est pas là pour parler de Peace n'Love, mais de la souffrance eprouvée lorsque l'on est en manque (Doctor please,
Out of Focus), l'absence d'avenir dans une vie voué au Train-Train, le pétage de plomb et meurtre de sa propre femme... (Parchment Farm)
Une rupture totale avec l'espoir, la paix et l'amour pour parler des cotés sombres du mouvement des années 60. C'est deja presque du metal a tout point de vue!
Pour conclure, je dirais que
Vincebus Eruptum est une vrai piece de la légende du metal, une antiquité qu'il faut avoir écouté au moins une fois.
Si vous tombez dessus dans les bacs, et que vous n'avez pas peur d'essayer du tres old school, foncez, cette antiquité en vaut la peine et reste tres sympa a écouter.
C'est sur cette note que je cloture, en gardant en tête de me procurer au plus vite le second album de
Blue Cheer, Outside-inside, paru en aout 68: Le groupe commence a s'y enerver un peu plus parait-il...
Je vois d'ailleurs que tu l'as découvert de la même façon que moi.
Dans cet album les rêveries utopistes des années 60 sont brutalement écrasées par une avalanche de distortions tout bonnement incroyables ! Ultime et essentiel !
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