Liste des groupes Metalcore Cydia Victims of System

Officier dans le monde du metalcore de nos jours n’est pas quelque chose d’aisé tant le genre est battu en brèche ces derniers temps, et il est encore plus difficile de s’y faire un nom ou de ne pas être un énième clone de tous les groupes à la mode du moment.

De ce fait, quand l’on reçoit l’album promo d’un groupe russe jouant dans le genre, l’optimisme n’est pas toujours de mise, notamment du côté de Metal Scrap Records qui comporte autant de petites pépites inconnues que de combos de troisième zone. Le photomontage servant d’artwork attise néanmoins la curiosité, évoquant le travail des photographes Jerry Uelsmann ou encore Scott Mutter, particulièrement dans le noir et blanc et la superposition d’éléments à priori dans des éléments n’étant pas les leurs. Serais-ce un premier indice pour nous indiquer que Cydia ne jouera pas dans la même cour que les autres ? Les racines russes viendraient-elles apporter une différence culturelle à un genre majoritairement américain (tout du moins à la base) ?

L’introduction "Icy March" tranche déjà avec ce que nous avons l’habitude d’entendre. Une atmosphère froide (tiens donc !) et solennelle, un lead mélodique tout en finesse loin d’une rythmique binaire et une lente montée en puissance témoignant déjà d’une intelligence d’écriture que tout le monde ne possède pas lorsqu’il ne propose que son second disque. "Dancing on the Grave" poursuit admirablement cette intro sur une veine évidemment plus brutale, le chant de Stas Nobody ne faisant pas dans la dentelle tout en possédant une certaine identité l’éloignant d’un chant trop animal ou répétitif. Les riffs redoublent d’intensité, les pistes de guitares sont souvent par trois ou quatre, le refrain apporte une pointe de mélodie tout en étant hurlé et on serait presque tenté de dire qu’une pointe progressive se faufile dans cet ensemble fort bien ficelé. Quelques claviers tirent leur épingle du jeu pour apporter une dimension un peu plus moderne, dans le bon sens du terme.

Cette première très bonne impression aura ensuite le mérite de se vérifier tout au long de "Victims of System", excellent et prenant à défaut d’être complètement renversant et transcendant. La production est plus qu’excellente, d’une grande limpidité tout en dégageant une immense puissance de frappe. "Scars", qui s’ouvre sur une mélodie très cinématographique, alourdi le tempo et est assez suffocante par moment, presque malsaine et démontre que le groupe ne veut en aucun cas céder à la facilité, que ce soit dans les riffs ou les lignes vocales vraiment créatives et originales. "Created World" s’essaie presque au chant clair, plus susurré et narratif que réellement chanté mais donnant une variation bienvenue en cours de route.
"The Spirit of Killer’s Generation" et "Imitation of Life" modernisent le son de Cydia en utilisant plus de samples, presque electro pour le premier titré cité, et s’ancrent dans cette idée de se renouveler et de ne pas proposer constamment la même recette d’un titre à l’autre. "Golden Calf" distille un rythme par exemple plus oppressant, plus glauque dans les arrangements mais garde en toile de fond un riff puissant à même de modifier la teneur du titre en live et de le rendre beaucoup plus direct et vindicatif. On pense inexorablement à Meshuggah sur ce morceau puisque l’ambiance y est reine et que les riffs ne sont pas sans rappeler le travail rythmique des suédois.

Dans l’ensemble, vous aurez compris que "Victims of System" est une jolie trouvaille et que les adorateurs de riffs modernes, de metalcore relativement ouvert ou même de gros son en général devrait trouver preneur dans le travail de Cydia. Les russes offrent un travail personnel même si manquant parfois de cohérence sur la durée mais démontrant une grande volonté de ne pas tomber dans une quelconque routine. Sans être la découverte du siècle ou même du début d’année, c’est une bonne friandise à déguster que l’on ressortira probablement de temps à autre, simplement pour savoir s’il passe bien l’épreuve du temps. Nous attendons en tout cas la suite pour vérifier la bonne teneur de ces débuts encourageants.