Petit projet nous venant d’Italie, «
Valtyr » nous emmène pourtant dans les contrées du Nord de l’Europe, celles des redoutables guerriers scandinaves. Son créateur et unique intervenant, Saverio Giove, autrement appelé « Nartum », semble être un fervent adepte de cette prestigieuse civilisation. Il a monté un autre projet parallèle nommé «
Ymir ». Mais ce qui nous intéresse là est l’album de «
Valtyr », « Veriset Saagat », que l’on peut traduire du finnois « Sanglante Sagas ». L’auteur se serait beaucoup inspiré de l’œuvre du combo autrichien «
Summoning », si on en croit le contenu. La musique serait bien le reflet de la pochette: à la fois grisâtre, sobre, sans originalité, mais qui parvient néanmoins à attirer l’attention.
Comme l’évoque cette couverture, c’est le fracas de la mer que l’on entendra dès l’introduction de l’opus. Nous voilà plongés en pleine méditation, au rythme de la guimbarde. Les claviers nous produisent alors une ambiance majestueuse et sereine. Une sérénité qui se poursuivra sur le titre suivant « Runesang ». Ses sonorités moyenâgeuses et son riffing black metal sont là pour témoigner des influences prononcées à «
Summoning ». Les chœurs sont au contact direct avec le chant black. C’est là que l’on se rend compte du manque de profondeur apporté par la production. En effet, les voix font directement corps avec la musique, alors qu’il aurait peut-être mieux fallu mettre en relief les différents éléments. Cette production est décidément trop nivelée. Cela ferait tort à des titres plus insistants au niveau du rythme et de la rapidité d’exécution, à l’image du frénétique et violent «
Fallen in
Blood ». Toute cette rage exprimée ne parvient pas à ressortir en intégralité. Le chant aurait dû prendre une place essentielle, au lieu de se voir ainsi étouffé. Même remarque pour « Veriset Saagat », le morceau éponyme. De nouveau un déroulement continu réalisé par les grattes. Étrangement, ce long ruissèlement nous mène à un break isolé plutôt charmant. Il y a, comme ça, des moments complètement inattendus sur ce volume. Le même riffing reprendra ses droits, mais beaucoup plus pressant qu’à l’accoutumée.
« Balder’s
Pyre » aspirerait à plus de joie. Les chœurs se sont clairement détachés du chant principal pour s’accaparer sa place. Ce dernier n’offrira que moins de réactions. Un titre bien chaloupé, incluant des sons de tambourins et de flûte, que l’on pourra tout de même estimer un poil redondant. Il faudra retenir un autre morceau bien plus réussi et contenant davantage en mélodie. «
Far from
Gotland » se dessine pareillement que « Balder’s
Pyre » au niveau de l’alternance entre les chœurs et le chant black. La musique que nous entendons prendra des tonalités hymnesques par son refrain, pagan et épique dans son ensemble. Peu d’originalité toutefois. Nartum fait à la hauteur de ses moyens. Même lorsqu’il tente quelque chose de plus élaboré, certaines défaillances surviennent. Sur le titre bonus « Wodenkult », alimenté par plusieurs passages mis bout à bout, réparti en divers lieux, sur différentes surfaces et territoires gelés, le battement de la boîte à rythme produirait un son beaucoup trop artificiel pour parfaire notre contemplation d’un endroit en apparence privé de toute vie. Cette vie oubliée se rappellera cependant à nous sur le dernier quart piste. On perçoit alors le bruit d’un feu, un fredonnement tribal, ancestral.
« Veriset Saagat » est une œuvre modeste. On assiste là à des paysages déjà très connus. La production ne serait pas véritablement mauvaise, elle mériterait d’être plus approfondie à l’avenir, afin de créer la perspective faisant défaut au volume. Ce sont dans les eaux profondes que l‘on est sûr de se noyer. Il faudrait de la persévérance ou être un parfait novice pour y parvenir sur ce présent ouvrage de «
Valtyr ». Un ouvrage, un premier jet, que l’on doit reconnaître, a été élaboré avec une grande minutie et un vrai sens de la technique. Avec davantage de moyens, il serait tout à fait possible de rendre la chose concrète et remarquable, si j’ose dire. Pour l’heure, Nartum devra continuer son chemin, en espérant un jour, qu’il puisse nous conduire dans un endroit merveilleux.
13/20
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