Liste des groupes Doom Sludge Old Iron Verdun - Old Iron

Entre Seattle et Montpellier, il y a un océan et des milliers de kilomètres, mais beaucoup moins de distance entre les univers d'Old Iron et de Verdun, qui se chevauchent et se prolongent l'un l'autre.
Comme la plupart des splits, celui-ci doit autant son existence à une convergence de styles musicaux proches et complémentaires qu'à une amitié entre musiciens. C'est lors d'une tournée européenne que le bassiste de Verdun, Florian Celdran, et le chanteur d'Old Iron, Jesse Roberts se sont rencontrés et liés d'amitié, avec derrière la tête l'idée de travailler un jour ensemble, d'une manière ou d'une autre.

Verdun s'est formé à Montpellier en 2010, et propose un doom/sludge dynamisé par des accents hardcore, au fil d'un EP "The Cosmic Escape of Admiral Masuka" et deux albums, l'excellent "The Eternal Drift's Canticles" (2016) et "Astral Sabbath" (2019). Cependant, ce dernier disque était beaucoup plus concentré sur la lourdeur extrême, avec des morceaux longs dignes d'un Neurosis plombé. Comme sur son dernier LP, Verdun garde le même line up avec David Sadok (chant), Geraud Jonquet (batterie), Florian Celdran (basse), et Jay Pinelli (guitare).
Quand à Old Iron, le trio formé de Jesse Roberts (guitare, chant, vibraphone), Jerad Shealey (basse, chant percussions) et Trent McIntyre (batterie, percussions) existe depuis dix ans et a sorti deux albums, "Cordyceps" en 2014, et "Lupus Metallorum", produit par Matt Bayles (Mastodon, Botch,…) en 2017. Son sludge lourd et puissant se démarque par un attrait pour la bizarrerie et un onirisme mystique qu'on retrouve sur ses artworks.

Les titres de Verdun ont été enregistrés et mixés par Cédric Gachet, mastérisés par Bruno Varea, quand à ceux de Old Iron, ils ont bénéficié de Nick Wilbur aux manettes et de Brad Broadright au mastering.

Paru le 5 novembre 2021 sur plusieurs labels (Cold Dark Matter, Saka Cost, Coups de Couteau, Araki Records, Gabu Records, Seaside Suicide Records (ouf !) coté européen, et Satanic Royalty Records coté américain), ce split est doté d'un artwork lovecraftien superbe, presque trop tant j'aurais préféré le voir sur un véritable album de l'un ou l'autre des combos, plutôt Old Iron dont il reprend le lettrage et la patte graphique.

Old Iron et Verdun se retrouvent ici sur leur points communs : un doom sludge émotionnel où les cris rauques de désespoir sont diffus, au loin, alors que la musique monolithique occupe tout le premier plan. Old Iron lâche un mur de guitare de gros accords, survolés de notes aiguës et tristes ("Strix Nebulosa" ). On pense à The Ocean, Neurosis... en plus lent bien sûr. Bien qu'ils n'aient pas été enregistrés au même endroit, les deux groupes bénéficient d'une production aux petits oignons, plus en puissance pour Old Iron, et basée sur la batterie au son très organique, presque cotonneux. pour Verdun. Ce dernier fait parfois penser à un Gojira lourd (pléonasme) et contemplatif. Le single "Narconaut" a une ambiance presque psychédélique (tiens, ton riff me rappelle même la version que Coroner avait fait du "She's So Heavy" des Beatles), qui enfonce encore le clou en matière de spleen extrémiste.
Si la lourdeur est, donc, omniprésente, elle n'est pas soporifique, les deux combos prenant bien soin de mettre en relief les compositions, tant par une section rythmique puissante et inventive que par les mélodies et un habillage sonore complexe.

Il y a en plus une petite surprise sur ce disque : la reprise de Morbid Angel que Verdun revisite en la mettant totalement à sa sauce : ralenti, rallongé, doomisé, "Dawn of the Angry" se révèle audacieux et l'unifie avec la noirceur des passages les plus lourds de l'original. On retrouve le solo et tout de même une jouissive accélération. On notera l'apparition en guest de Said Merqi aux guitares additionnelles et Benjamin Moreau aux bruitages.

Pour résumer, ce split offrira plusieurs occasions aux fans de doom et de sludge : se pencher sur deux groupes prometteurs et talentueux dont on attend avec impatience les prochains albums, et se laisser ensevelir doucereusement par quatre titres efficaces et bien troussés.