Liste des groupes Deathcore Nerv (FRA) Vengentis in Senium

J'ai dû me faire violence pour ne pas faire une blague que n'importe quel(le) chroniqueur/se aurait été tenté(e) de faire en parlant d'un groupe savoyard. Tâchons donc de maintenir un peu de sérieux à l'écoute de "Vergentis in Sentium" le tout premier album de Nerv, qui a pourtant de la bouteille. Un premier essai à la pochette mystérieuse, à la fois profane et sacrée, envisagé avec un intérêt profond pour tous ceux qui avaient pu découvrir le combo auparavant, sur leurs premiers EP et autres compilations ("Revolution Calling" chez Listenable Records en 2005).

Héritier incontestable (dans le sens : dire le contraire serait vraiment se foutre de la gueule du monde) de The Dillinger Escape Plan ou de Norma Jean (le morceau "Martyr" est très proche des compositions de ce dernier), l'album marie un screamo torturé et des thématiques sérieuses mâtinées d'ésotérisme ("La Voisin" est le surnom d'une prétendue sorcière du XVIIème siècle) à un mathcore agressif, rythmiques complexes et violence des riffs dissonants à l'appui pour lequel "Cathars" et "Tortures", rien qu'eux, sont des modèles du genre.

La technique imparable et le mixage, très clair, lui rendant service, contribuent à la réussite formelle de la proposition : l'opus n'a pas du tout à pâlir de la comparaison avec ses grands frères internationaux mais n'apporte pas, ou alors très peu, sa pierre à l’édifice. L'auditeur pourra sentir un goût d'amertume à ne pas entendre aller plus loin les expérimentations, comme sur "Savonarole", titre exceptionnel lorgnant vers le free jazz, surtout lors du passage plus mélodique... Une véritable collision entre musicalité et violence avec une très belle outro qui laisse sans voix.

Ce saisissant "Savonarole" est au moins aussi surprenant que la bouchée finale "Suffer", accalmie aux synthés doux et new wave, guitare sèche immergeant l’auditeur dans une brume douloureuse et séduisante, comme un purgatoire à mi-chemin entre la douleur et une libération céleste. En d'autres termes, après l'explosion, le groupe ressert sa musique sur un intime moi criant et l'album se sent comme un voyage, comme une guerre, où la piste finale est l'armistice et donne la clé de tout ce qui a précédé.

Du travail qui met l'eau à la bouche et pour lequel on espère un second opus davantage libéré des influences.