Vedergällning

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18/20
Nom du groupe Yggdrasil (SWE)
Nom de l'album Vedergällning
Type Album
Date de parution 27 Mars 2009
Style MusicalBlack Pagan
Membres possèdant cet album12

Tracklist

1.
 Oskorei
 07:15
2.
 Vedergällning
 05:33
3.
 Vitterdimmorna
 09:15
4.
 Ekot av Skogens Sång
 04:28
5.
 Svälttider
 04:37
6.
 Valkyria
 04:03
7.
 Storm
 02:55
8.
 Sorg
 06:30

Durée totale : 44:36

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Yggdrasil (SWE)


Chronique @ The_Black_Doll

30 Août 2013

Notre coeur nordique nous invite à brandir notre épée

A l’heure où le folk metal semble légèrement déraper, suite aux grand piliers dérivant vers les bizarreries progressives parfois mollassonnes (Ensiferum et son «Unsung Heroes» inégal), l’adoucissement à outrance qui pourrait faire vomir un barbare aguerri (Turisas et son album à venir qui ne semble rien présager de bon, ou encore Elvenking et ses deux dernières guimauves), sans compter les innombrables copies de copies des grands noms. Et même ces groupes qui semblent penser qu’il suffit juste de faire «pouet pouet» avec une cornemuse pour se la jouer «trop folk metal tu vois», et d’arborer un look de chevalier noir du rayon boucherie/charcuterie Intermarché.
Il faut bien le dire, le folk metal, comme de nombreux autres genres, semble en mauvaise posture... A première vue. Par chance, il existe une relève qui émerge peu à peu, menée par de jeunes et solides formations (Kivimetsän Druidi, Vanir, Sklámöld...) qui ont déjà fait preuve d’un bon potentiel, sans trop tomber dans le cliché peinturluré de tampons «ultra mega über medieval». Et Yggdrasil fait partie de cette nouvelle génération, qui pourrait bien être celle qui permettra au folk metal de maintenir le cap, et de ne pas sombrer dans l’idée du «souvenir» propre aux musiques «grave tendance» (le deathcore et le metalcore en tête de ligne ces dernières années).

Né de l’idée de Gustaf Hagel (basse, chant) et de Magnus Wohlfart (guitare, chant, claviers), tout deux originaires du groupe défunt «Broken Dagger», en 2001, les deux musiciens usent d’une force acquise par une solide expérience musicale, notamment pour Magnus, qui, en plus d’être dans plusieurs autres projets musicaux dont l’original «Dibbukim» (du Yiddish folk metal, oui oui ça existe), se targue d’être ingénieur son, producteur et fondateur du tout petit label «Grand Master Music». Ils enregistraient déjà une première démo «Kvällning», en mai 2002, puis une seconde l’année suivante, où figure déjà deux des titres phares du premier album (l’envoûtant «I Nordens Rike», qui se savoure par une belle nuit d’hiver, et «Kvällning Över Trolska Landskap» entraînant et chaleureux). A défaut de posséder une production qui pouvait mieux mettre en valeur les instruments, qui méritaient à eux-seuls un traitement plus soigneux, l’album «Kvällningsvindar Över Norderönt Land» s’affichait déjà comme un premier effort plaisant, démontrant qu’il ne suffit pas d’abuser comme un cochon baveux sur les instruments folkloriques et les mélodies «pour faire picoler et faire la teuf autour d’une pinte de binouse», pour pouvoir procurer des émotions non négligeables (j’ai cité les deux premiers titres, mais il y aussi des pistes comme «Vinter», lent mais efficace ou encore le très beau «Älvadansen», intime et féérique, qu’on ne devrait pas oublier).

Pourtant, le groupe reste assez discret sur la scène folk metal, la faute à une personnalité qui n’est pas encore tout à fait marquée, malgré une efficacité non négligeable. C’est en 2009 qu’Yggdrasil nous sort sa seconde offrande «Vedergällning», sous la houlette du label défunt «Die Germanske Folket», toujours mené par Magnus et Gustav, accompagnés de plusieurs musiciens de session.

Nous entrons à nouveau dans les anciennes terres nordiques, ce sol enneigé désormais familier. Un petit court d’eau nous apaise l’esprit, accompagné de l’harmonie nocturne des grillons et d’un souffle froid. Les animaux de la nuit se sont éveillés, nous sommes seuls, dans cette nature ancestrale. C’est au bout de quelques secondes qu’un clavier entre en jeu, entonnant de douces notes, mais malgré le fait que la mélodie soit fort sympathique, le son est un peu trop synthétique et manque de corps, d’âme, cette touche qui aurait ajouté de la chaleur dans son jeu. Une entrée peut être un peu déconcertante, mais une fois que les cordes et la batterie débarquent, nous avons déjà affaire à un grand changement.
Les guitares jouent un air simple, toujours aussi proche des sonorités black propres au groupe, accompagnées d’une batterie au jeu simpliste, mais qui parvient à retenir l’attention. Il est vrai qu’au niveau des breaks, des patterns, le niveau est assez basique, mais le batteur détient une frappe précise et invite même à lentement dodeliner de la tête. On retrouve aussi l’introduction du violon, qui vient renforcer la ligne de cordes, sans parasiter l’ensemble (ce qui révèle presque de l’exploit ces temps-ci, sans vouloir être mauvaise langue).
«Oskorei» raisonne comme un morceau épique, à la base au rythme lent, mais qui accélère lorsque c’est nécessaire, et nous ajoute ce petit plus d’émotions. Retenons surtout ce dialogue «question/réponse» entre les guitares électriques et la guitare acoustique en milieu de piste, cette dernière jouant un air chaleureux, et, oh combien efficace. Yggdrasil ne balance pas de phrasé complexe, mais se base sur une structure relativement simple, tout en maintenant une force qui fait que ça marche. Nous sommes donc très loin des sonorités virevoltantes d’un Ensiferum, d’un Tyr ou d’un Cruachan, au contraire, nous sommes même assez proches de ce que peut faire Manegarm ou Moonsorrow, sans pour autant les évoquer d’une manière trop forte, le groupe a sa propre patte.

Le titre «Vedergällning» renforce cet aspect rustique, brut de décoffrage mais entraînant. Cette fois-ci le ton est plus rapide, nous sommes encore dans cet élan épique amorcé par son prédécesseur, un degré plus haut. Le dialogue entre les guitares et le violon parvient, encore une fois, à bluffer l’auditeur. Cela sonne juste, on ne ressent aucune surenchère, et la production, nettement mieux travaillée que sur l’album précédent, permet de profiter d’une maîtrise convaincante des instruments. Les musiciens dosent, ils ne cherchent en aucun cas à forcer l’aspect folklorique en bombardant d’artifices (Attonitus si vous m’entendez, sachez que mes yeux pointent bien vers vous).
Le travail vocal de Magnus peut par contre se révéler monochrome, restant sur la même ligne, on aurait apprécié quelques variations au niveau des aigus et des graves. Malgré cela, c’est le chant «clean» qui rattrape le tout, ces choeurs masculins graves, mélodiques, donnent un ton mélancolique à la musique.
«Vedergällning» est un titre cohérent, qui reprend, avec fluidité et tact, la lancée épique d’»Oskorei». Par contre, nous resterons moins enthousiastes devant «Valkyria», bien trop conforme au titre, reprenant quasiment la même structure, malgré de bonnes idées.

Nous retournerons vers des bases un peu plus classiques du folk metal avec «Svâlttider», qui ne sera pas un des morceaux les plus mémorables, reposant sur un air de guitare maintenu et répété pendant un temps. Cette fois-ci, nous pourrons tout de même pester contre un certain manque d’imagination de la part du groupe. On voit plus un titre proche d’un Manegarm basique, voire même un peu trop facile, plutôt qu’un autre titre d’Yggdrasil.
Nous constatons un certain manque, non pas une baisse de régime, mais plus un pilotage automatique. Amorcé par un groupe qui n’est, peut être, pas encore assez sûr de lui, et ne prend donc guère de risques en alignant quelques titres qui ne se démarquent pas réellement du lot.

Nous quitterons ces terres gelées suédoises avec «Sorg», là aussi un poil trop classique au départ dans sa sonorité, mais toutefois, le titre parvient à maintenir un bon pas avec une composition, qui se révèlera finalement plus fouillée. Le chant entièrement en suédois, renforce le côté authentique de la musique d’Yggdrasil. Le principal riff, fort entraînant, se retient facilement (peut-être un peu trop diront certains?) et offre une dimension là aussi mélancolique à «Sorg», tout en gardant cet aspect propre au folk metal, c’est à dire le côté épique, guerrier et valeureux que bien des metalheads aiment à trouver dans ce genre pourtant si caricaturé par une masse de groupes qui n’a retenu que le côté festif de la chose (quand on ne fait que de la chanson sur la picole, il faut rapidement cesser le folk metal avant de devenir relativement gonflant).

D’ailleurs, sur ce dernier point, je pourrais m’étendre sur le fait qu’Yggdrasil ne cherche en aucun cas, sur cet album, à servir un titre quasi-systématique de bon nombre de formations folk d’aujourd’hui. Je parle bien sûr de ces faux-semblants de «Beer Beer», «Vodka» ou encore «Lai Lai Hei», quasiment toujours forcés à outrance (Attonitus et son «Skol» semblable à un «Mamie Charrette dans le Fossé et son Tord-Boyaux» scandé par des types pleins comme des huîtres, et surtout un chanteur horriblement mauvais qui se la joue festif comme un comique de foire à saucisse à Grounifion Floin-Floin; Nordheim avec «Beer, Metal, Trolls and Vomit», poussif et indigeste, résolument cliché éculé du folk metal pour poivrots).
Non, absolument non, nous restons ici dans l’authentique, le «rustique» comme je l’ai dit auparavant. Nous maintenons le pied dans ces contrées gorgées de neiges blanches et poudreuses, bercées par une lune laiteuse. Notre coeur de nordique nous invite à brandir notre épée, à la gloire d’Odin, de l’arbre-monde, de Midgardr...

Certes, Yggdrasil n’en est pas encore à son album de la consécration, mais il faut reconnaître que grâce à des compositions soignées, et malgré un moment de flottement en «pilotage automatique», le groupe détient en lui ce qui pourrait lui permettre de percer, afin de figurer aux côtés de ses homologues Moonsorrow, Manegarm, King of Asgard ou encore le magistral Windir. Cette formation suédoise détient un potentiel précieux, qui cache bien des surprises ,et pourrait fort bien se révéler étonnante.

1 Commentaire

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Topher - 06 Décembre 2013: Qu'en est-il de l'album suivant, Irrbloss ? En tout cas j'aime bien Yggdrasil, pas de titres systématiques comme dit dans la chronique. Heureusement il y en a d'autres comme eux.
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