Vautours

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15/20
Nom du groupe Der Kaiser
Nom de l'album Vautours
Type Album
Date de parution 1984
Style MusicalPower Metal
Membres possèdant cet album37

Tracklist

1.
 Saga des Fers
 05:15
2.
 Non Retour
 05:20
3.
 Paris by Night
 04:00
4.
 Der Kaiser
 05:44
5.
 Cité Féroce
 05:47
6.
 Bloody Mary Club 69
 05:45
7.
 Der Krieger
 04:09
8.
 Bourreau des Cœurs
 04:38

Durée totale : 40:38

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Der Kaiser


Chronique @ largod

04 Mai 2012

Le soleil d’Austerlitz

La bataille d’Austerlitz est considérée comme le chef-d’œuvre tactique Napoléon Bonaparte. Alors que depuis le milieu de l’été 1805 la situation en France se dégradait sur le plan des finances publiques quasi exsangues et face aux contestations des mouvements royalistes, l’Empereur de tous les Français décide de marcher sur Vienne. Il lance donc les troupes de la Grande Armée à l’assaut de celles de la troisième coalition constituée de la Russie, de l’Autriche, de l’Angleterre et du Royaume de Naples qui a déclaré la guerre à la France en cette fin de mois d’Août. Une fois le Rhin franchi, l’infanterie, la cavalerie et l’artillerie impériales, soit près de 200 000 hommes, s’emparent d’Ulm. Vaincu le lendemain, 21 octobre, sur les mers à Trafalgar, Napoléon Bonaparte prend Vienne le 14 novembre après plusieurs affrontements avec l’armée du général Russe Mikhaïl Koutouzov. Soucieux de pouvoir réorganiser à sa guise l’Allemagne et d’en finir avec le Saint-Empire romain germanique, l’empereur des Français défait sur le champ de bataille, en utilisant de nombreuses ruses, les troupes Russes malgré leur nette supériorité numérique le 2 décembre 1805. Quelque part dans le sud de la Moravie, au nord de Vienne, l’armée de Napoléon 1er écrit la plus belle page de son histoire.

Est-ce en hommage à ce fait d’armes héroïque ou à la mémoire du génie militaire de Napoléon que les membres de Der Kaiser portèrent sur scène le haut d’uniforme de grenadier ou de cuirassé de cette valeureuse armée ? La légende ne le dit pas. Par contre, c’est à Noël 1982, à l’issue d’une longue nuit où les vapeurs d’alcool terrassèrent les combattants, qu’ils adoptèrent le nom de Der Kaiser, traduction allemande du mot empereur. Quelques mois plus tôt, Thierry, bassiste, et Philippe, batteur, publient un jour de 1981 une annonce dans Rock & Folk avec l’objectif de trouver les perles rares pour monter un groupe de hard-rock. Ils jettent leur dévolu sur Beno et P’tit Tchong, tous les deux guitaristes. Fortune diverse par contre avec la poste de chanteur, occupé par de nombreux candidats avant qu’il ne garde Pascal au moment de produire une première maquette 8 pistes début 1983. Comme le chante Pascal sur « Bourreau des cœurs », it’s a long, long way. Il est toujours aussi difficile de trouver des salles de concert pour jouer du hard-rock à cette époque. Partis après le groupe de tête mené par H Bomb, Sortilège, Vulcain et Blasphème, ils arrivent à signer un deal avec Madrigal en mai 84 et investissent le studio Garage pour enregistrer ce premier album intitulé « Vautours ». Ayant en partie mis la main à la poche pour financer cette première œuvre, les membres de Der Kaiser nous proposent un heavy-metal au style speed-médiéval avec des réminiscences d’Iron Maiden sur le retour. Sans être arrivée à pleine maturité, la musique de ce groupe se constitue autour d’un noyau de titres plutôt assez longs et parfois complexes dans leurs constructions. Ce côté angoissant se renforce à l’écoute de paroles et d’histoires contées par un chanteur au timbre atypique, flirtant avec une attachante fausseté. Les guitares ont tendance à être mixées dans le lointain mais restent suffisamment inspirées et travaillées pour donner corps à l’ensemble. On remarque le soin apporté à chacune des introductions des 8 morceaux de cet opus, qui arrivera à s’écouler à plus de 7 000 exemplaires...

Quelques mots sur la pochette de ce « Vautours » qui est l’œuvre d’un dessinateur, Doan Kin Quan, voisin d’immeuble de P’tit Tchong. Le dessin, simple et réussi, colle bien à l’univers du groupe, coincé entre l’infini et l’imagination débordante de ses membres. Ésotérisme et pointe d’angoisse se retrouvent dans ce blason, perchoir pour Vautours, fiché au milieu de nulle part et accueillant un demi-regard calme et doux. Pour avoir un bon aperçu du style de Der Kaiser, il suffit de se pencher sur l’instrumental « Der Krieger » avec lequel le groupe renoue, comme certains groupes à cette époque. On assiste à une belle partie de manivelles de la section rythmique sur laquelle les guitares au son de la Vierge de Fer se greffent et se donnent tour à tour écho. Les 4 musiciens font étalage de leur savoir-faire et donnent une bonne respiration au cours de cette seconde face, alors que la plupart des titres déboulent telle une cavalcade de hussards. A l’écoute de la section basse/batterie, on comprend vite que Der Kaiser est le fruit défendu de Thierry et Philippe. Les deux amis bénéficient d’une mise en avant de leurs instruments par l’ingénieur du son et peut être encore plus par moments pour la quatre cordes. Le son de basse est énorme sur « Saga des Fers » alors que la frappe sèche et lourde de batterie s’aventure ensuite sur une ligne speed où la grosse-caisse est envoyée sabre au clair. L’attaque de Philippe sur « Non Retour » est impeccable et le groove de basse mériterait une vérification d’urine lors d’un contrôle anti-dopage tant la dose de vitamines ne parait plus suffisante à accomplir une telle chevauchée. Dès l’introduction de « Cité Féroce », on sait que l’on part à la baston. La double grosse-caisse et le beat de batterie sur la caisse claire ne laisseront aucun survivant à la charge de la cavalerie, dont l’étendard est porté avec fierté par un bassiste en soutien rythmique permanent de ses comparses guitaristes. Steve Harris, sors de ce corps, se dit-on par moment. Ce n’est pas « Bourreau des Cœurs » qui va nous faire changer d’idée. L’ami Thierry distille à dose de mammouth la présence de sa Rickenbacker alors que claque la gifle de batterie. La basse tartine allègrement aussi sur un « Paris by night » qui offre la partie la plus swing à Philippe malgré une caisse claire de plomb.

On retiendra aussi le glas sonné par la basse sur le ding-dong introductif et la ligne du morceau « Der Kaiser » alors que les deux potes savent s’effacer pour se mettre en retrait sur « Bloody Mary Club 69 ». Est-ce volontaire ou fortuit mais la plupart des morceaux, quand bien même ils commencent de manière plus heavy ou en mid tempo, se voient gratifier d’une accélération en milieu ou fin de titre ce qui donne cette couleur de speed-metal ou power-metal, « griffe » de fabrique de ce groupe. D’un joli minois aux dires de ces dames, Pascal n’est pas pour autant un bourreau de travail. Sa prestation d’ensemble est d’ailleurs divinement sujette à controverse et il faut bien l’avouer d’une fausseté parfois criante mais foncièrement attachante. En effet, ce chant, clamé et oscillant sans filet d’un extrême à l’autre, offre un cachet unique et colle avec délice aux paroles parfois imperméables du groupe. Il opte pour une demie-octave trop haute sur le mélodique « Paris by Night », sait se muer en troubadour/ménestrel sur « Der Kaiser » et assume un chant correct sur le titre lent et plus sensuel qu’est « Bloody Mary Club 69 » dédié à l’icône Marylin Monroe. Malgré tout les reproches de fausseté et d’approximations, Pascal porte les titres plus rapides à bout de cordes vocales comme en témoigne « Bourreau des Cœurs », titre qui lui colle à la peau. Bien en place, il se permet en plus d’une bonne musicalité quelques magnifiques et insolubles paroles sur « Cité Féroce » comme l’entame « telle une force nucléaire armée de rayons laser, elle n’cherche pas vraiment le vrai, elle sait pas vraiment où est le faux… » puis son pont « Midnight, nuit tzigane, please take me far away, Midnight, beauté fatale, emmène moi loin des motorways » et enfin le facile « Dans la cité féroce, dans la férocité ». Vite le décodeur…

Si vous êtes adeptes des grosses guitares aux riffs assassins qui vous transpercent de part en part et vous collent aux murs, pas certain que « Vautours » vous donne satisfaction. Si vous êtes plutôt du genre à quérir l’intelligence des six-cordistes sur des interventions opportunes, des ambiances et des touches de musicalité avant toute sorte d’agression auditive, Beno et P’tit Tchong sont vos hommes. Non pas qu’ils manquent de testostérone, mais le mixage en retrait des deux guitares ne les avantage pas. On retient surtout une présence dans le lointain de leurs instruments avec cette touche médiévale comme sur « Saga des Fers » et une belle ligne mélodique. Le break et les solos en arpège méritent le jet d’oreille. L’introduction de « Non Retour » est proche du clavecin et les guitares manquent un peu de présence en début de titre. Ce qui n’est pas le cas sur un « Paris by Night » très Trustien côté attaque de riff. L’inspiration plus classique de la rythmique fait le reste et donne toute l’efficacité nécessaire à cette chanson. Beno et P’tit Tchong nous décrochent une ambiance à la Freddy Krueger sur « Der Kaiser » avec ses guitares bien lugubres. Les solos et parties de guitares sont une belle réussite sur ce titre qui s’achève une fois de plus sur une tranche de speed bien saignante. Les guitares participent à la fête sur « Cité Féroce » avec une entrée en matière en arpège montant. Un auditeur attentif décèlera quelques jolis motifs de plaisir à l’écoute du jeu des guitaristes qui booste cet excellent titre. Ils récidivent sur un « Bourreau des Cœurs » qu’ils tiennent à bout de médiator. Avec une pointe d’agressivité et un riff bien plus pêchu, ils emmènent la rythmique de cette chanson, au cours de laquelle Pascal chante à perdre haleine. Les guitares se taillent la part du lion sans conteste sur un majestueux « Bloody Mary club 69 », d’abord par leur présence plus marquée mais aussi par une bonne musicalité et du toucher sur les solos. Première campagne des plus réussies pour nos jeunes premiers. Construit autour de la personnalité attachante de ses membres, le style du groupe se façonne et arrive finalement à se cristalliser. Un disque qu’il est difficile de classer et qui aura eu ses détracteurs comme ses adeptes, dont votre serviteur. Ils n’ont certes pas gagné la guerre mais au moins une bataille. Alors, gloire aux vainqueurs d’Austerlitz, gloire à Der Kaiser !

« Il ignore la loi de Dieu
Il préfère celle…Der Kaiser »

17 Commentaires

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largod - 25 Novembre 2012: Bravo Marko, le bon vin s'affirme ou s'évente avec le temps.
Je reste convaincu que Der Kaiser est mieux que du "sous" quelquechose.
J'y rviendrai bientôt nom di Diou...
samolice - 30 Novembre 2012: Dider, j'espère toujours une chro de l'album suivant, avec un nouveau (meilleur? Perso, oui) chanteur et des influences mieux digérées à mon goût. Je demande donc au papa noel de se mettre au boulot et de déposer cette chro pour noel. Chiche?
largod - 30 Novembre 2012: 22 bien entendu sans garantie de livraison sous le sapin, mais c'est dans les tuyaux
Skull49 - 19 Janvier 2013: J'ai hate de gouter le bon vin et de redécouvrir également cette galette ! Viva Mars et ses habitants. Le temps passe mais les vestiges de notre métal francais sont toujours une empreinte indélébile qui marqua son temps comme l'ont fait les héros grecs. Der Kaiser en fait partie intégrante.
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