A l'instar des quelques one woman bands à venir se lancer dans l'arène du si concurrentiel registre metal symphonique s'inscrit Marialena, du nom de sa créatrice et chanteuse du groupe de doom symphonique grec Horrorgraphy, la mezzo-soprano et coach vocal grecque Marialena Trikoglou. Impulsée par un souhait profond de mener à bien une carrière solo parallèlement à son implication groupale, la charismatique et talentueuse artiste ne mettra que quelques mois suite à la mise sur pied de son projet, en 2020, pour accoucher de son premier bébé, «
Vanity » ; une auto-production d'une durée de près de 37 minutes où s'enchaînent sereinement huit pistes à la fois volontiers entraînantes, empreintes de délicatesse et des plus enivrantes. Ce faisant, cet introductif mouvement constituerait davantage le premier souffle d'un projet à part entière qu'une arme de jet susceptible de tenir en respect la concurrence. Cela étant, cette première offrande serait-elle à appréhender telle un préalable à une aventure au long cours pour la diva hellénique ?
Imbibée surtout des vibes de
Nightwish (première période), mais aussi de celles de
Within Temptation et
Epica, comme l'attestent ses nombreuses covers, Marialena s'en imprégnera largement, en témoignent moult lignes mélodiques de son set de compositions. Si les paroles ont été intégralement et finement écrites par ses soins, la mise en musique, quant à elle, est l'oeuvre du pluri-instrumentiste et vocaliste grec Vangelis Yalamas (
Fragile Vastness, ex-
Agnosia), également connu pour avoir produit certains albums de
Sad,
Meden Agan,
Orion's Reign,
Sorrows Path,
Nethescerial.
Until Rain, entre autres, C'est d'ailleurs dans son propre studio, Fragile Studio, à Athènes, que Vangelis a produit, enregistré, mixé et mastérisé la galette. Aussi, le propos rock'n'metal atmosphérique symphonique et progressif se voit-il valorisé par une belle profondeur de champ acoustique et un soin particulier apporté aux finitions. Avec le concours, pour l'occasion, du guitariste Panagiotis Leontaritis, du bassiste Jørgen Kaar et du batteur
Manos Agouridis. Tous les voyants seraient donc au vert pour nous mener à bien à l'issue de la traversée...
En guise de dénominateur commun, on ressentira l'ombre de
Nightwish planer, et ce, sur la plupart des séries d'accords de la rondelle, avec, pour effet, de nous retenir, bien souvent, plus que de raison. A commencer par ses passages au tempo mesuré. Ainsi, c'est d'un battement de cils que le mid-tempo rock'n'metal atmosphérique symphonique « The
Dark of Your Sea » imposera son refrain certes convenu mais immersif à souhait, mis en habits de lumière par les sensuelles et limpides inflexions de la sirène, qui, d'ailleurs, pourront rappeler celles d'une
Tarja des premiers émois. Non moins ''nightwishien'' en l'âme, le félin «
Vanity » dissémine de saisissantes reprises sur la crête d'un refrain qu'on entonnerait à tue-tête ; une tubesque offrande d'une efficacité redoutable relevée, elle également, par les rayonnantes patines de la princesse, dont les arpèges d'accords investis ne sauraient toutefois nous éloigner de son modèle identificatoire.
Sur un même modus operandi mais dans une visée symphonique progressif, nos acolytes révèlent de non moins séduisants atours. Aussi, ne saurait-on éluder le mid/up tempo syncopé «
Eternity Awaits », une mélodique et opératique proposition aux riffs crochetés glissant sur d'ondoyantes et enveloppantes nappes synthétiques. A la manière de l'illustre formation finlandaise, dont l'ambiance se calquerait volontiers sur celle d'''Oceanborn'', le poignant effort se voit à nouveau encensé par les chatoyantes impulsions de la déesse. Dans une dynamique similaire mais suivant un schéma d'accords bien moins prévisible, le ''xandrien'' «
Salvation » varie ses phases rythmiques à l'envi tout en offrant d'insoupçonnées et grisantes variations atmosphériques. Et la sauce prend, une fois encore.
Lorsque le convoi orchestral en vient à accélérer la cadence d'un cran, il nous fait flirter avec de non moins sémillants arpèges. Ainsi, c'est dans une ambiance estampée «
Century Child » que nous mène l'engageant et énergisant «
Silent Wings ». Dans ce champ de turbulences incessamment réalimenté en puissants coups de boutoir, les envolées lyriques de la diva font mouche où qu'elles se meuvent. On retiendra également l'orientalisant mid/up tempo « Prophecies » au regard de ses envoûtants arpèges d'accords que l'on croirait volontiers inspirées d'un conte des Mille et Une Nuits. A la confluence d'un
Epica à l'époque de « The Divine
Conspiracy » et d'un
Mattsson millésimé «
Dream Child », en dépit de ses troublantes ondulations mélodiques et d'arrangements de bonne facture, l'exercice de style peinera à surprendre un tympan déjà sensibilisé aux gammes de leurs maîtres inspirateurs.
Quand les lumières se font tamisées, le combo trouve une fois encore, et sans mal, les clés pour nous faire plier l'échine. Ce qu'illustre « One
More Time », une ballade romantique jusqu'au bout des ongles glissant le long d'une radieuse rivière mélodique, laissant entrevoir un fin picking à la guitare acoustique, une basse délicieusement ronronnante, et mise en habits de soie par les frissonnantes volutes de la maîtresse de cérémonie. Un poil moins empruntée, la japonisante ballade progressive «
Through the Other Side », quant à elle, nous plonge au cœur d'un paysage de notes aussi ensorcelant qu'inattendu. Une véritable invitation au voyage en d'oniriques contrées attend alors l'aficionado du genre intimiste.
Au terme de la traversée, un double sentiment nous étreint : à la lumière de la goûteuse et proprette rondelle, on reste à la fois ébloui par la finesse d'écriture et conquis par le brio interprétatif de son auteure tout en ressentant le spectre de
Nightwish envahir l'espace sonore et mélodique de son halo. Variant pourtant ses ambiances, le propos peine à diversifier ses phases rythmiques et oratoires, la belle monopolisant le micro de bout en bout de la galette, au moment même où les exercices de style essaimés tendraient à une sclérosante stéréotypie. C'est dire qu'à la lecture de ce message musical, au demeurant aussi délicat qu'enveloppant mais des plus classiques, les prises de risques sont peau de chagrin et l'originalité pas franchement au rendez-vous de nos attentes. Bref, un sensible et gracieux opus magnifié par le pénétrant filet de voix de la diva, susceptible de contrarier, voire frustrer quelques envies d'ailleurs...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire