Rédiger des chroniques permet le plus souvent d'élargir sa culture générale. Ainsi, pour celle concernant ce premier album de Fumarole, j'ai appris que l'Australie dénombrait une vingtaine de volcans sur son sol, dont certains en activité. Certes, vu que ce groupe officie dans le genre stoner, on peut légitiment penser que les fumées qui les intéressent le plus ne sont pas celles qui sortent des cratères.
Formé à Brisbane en 2018, Fumarole regroupe Dan Bartsch (basse), Ryan Stewart (batterie) et
Kurt Werder (chant, guitares), 3 fans des formations telles
Orange Goblin et
Earthless. Très vite, le groupe répète inlassablement et propose son 1er Ep "
Mountains" en 2018, quelques singles et de nombreux concerts l'année suivante.
Ne connaissant pas la procrastination, Fumarole planche alors sur son premier album, intitulé "
Valley of Ten Thousand Smoke". Mais au lieu de célébrer la marijuana ou la région volcanique d'
Alaska du même nom, ils dévoilent ici un concept album qui relate, dans un futur lointain, le triste sort d'une population pauvre récoltant une bactérie assurant la vie éternelle aux classes aisées. Chaque chanson se présente alors comme un chapitre de l'histoire, illustré par l'artwork coloré et naïf signé Steven Yoyada. L'album bénéficie du soutient du label Intersellar
Smoke Records (uniquement en vinyle pour l'instant).
Musicalement, les deux premiers morceaux "
War Cry" et "Valley" balancent un gros stoner velu, toutes guitares dehors. Le son est épais, les riffs de guitare sont en béton, la voix de Werder graveleuse s'intègre parfaitement dans l'ensemble. Le couple basse-batterie assure la rythmique sans fioriture mais avec une efficacité certaine. On pense aisément aux premiers efforts de
Kyuss et aussi à
Fu Manchu.
Un peu plus loin, "
Crucible" et "
Ghost Smoke" développent les mêmes idées, proposant ainsi des morceaux idéaux pour faire remuer les cervicales, avec la basse de Bartsch chargée d'un fuzz conquérant.
Désireux de varier son propos, Fumarole laisse entrevoir quelques volontés psychédéliques sur la langoureuse "
Desert Worms", faisant la part belle à la basse. Werder entonne les 6 mêmes mots dans toute la chanson comme un mantra, avant qu'un final gagnant peu à peu en nervosité vous fasse décoller. Cette envie d'apporter une aura plus planante s'incarne totalement dans "Terra Supremia", titre instrumental jouissant d'un bel équilibre entre les 3 instruments.
On retrouve la nervosité susmentionnée, légèrement teintée de blues, sur "
Mothership", "Remote Controllers" et "
Depth Dweller", qui se paie le luxe de s'ouvrir sur un mini solo de batterie (l'ombre de Bonham n'est pas loin). Tout ici est idéalement réfléchi pour en faire probablement les trois meilleurs morceaux de l'album, des lignes de chant mélodique aux parties élaborées de basse. Et la batterie de Stewart se taille une part non négligeable, son jeu de cymbales s'y révélant précis et technique.
Fumarole prouve ici que le stoner pur et dur a toujours, en 2020, de belles choses à proposer, en témoigne cet album pétri de qualités. J'avoue que j'ai failli passer à côté, la première écoute distraite d'un titre sur le Net ne m'ayant pas particulièrement marqué. Mais ce "
Valley of Ten Thousand Smoke" a su dévoiler sa richesse au fil des écoutes successives. Si l'illustre Peter Garrett s'interrogeait malicieusement, en 1979, sur la localisation de Brisbane, nos 3 lascars ici présents viennent d'envoyer de beaux signaux de fumée qui devraient assurément les faire remarquer.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire