Liste des groupes Black Metal Baptism V : The Devil's Fire

Mine de rien, Baptism est loin d’être un nouveau venu sur la scène black finlandaise. Fondé en 1998 par Lord Sargofagian, guitariste ayant écumé une bonne dizaine de groupes nationaux dont les fameux Horna et Satanic Warmaster qui comme chacun le sait, constituent tous une grande famille au pays des mille lacs, le groupe sort dans la foulée sa première démo très raw au titre explicite, Satanic Rituals, qui s’inscrit sans surprise dans la tradition d’un black orthodoxe à la finlandaise. Longtemps resté dans l’ombre des géants de cette scène dont sa musique est très proche, le combo évolue lentement vers quelque chose de plus mélodique et moins ancré dans le true black traditionnel, jusqu’au très réussi As the Darkness Enters de 2012.


Pour son cinquième full length, Baptism revient sous la bannière de Season of Mist et propose un black metal toujours aussi soigné, mélodique et percutant dans la lignée de son glorieux prédécesseur.
V : The Devil’s Fire s’ouvre sur Natus Ex Ignit, intro ambiant aux claviers liturgiques où l’on entend la voix insidieuse et hypnotique du Malin qui essaye irrésistiblement de nous appeler à lui, puis vient un court pattern de batterie, et Satananda débarque toutes guitares dehors, imposant un black rapide et catchy, reposant principalement sur des riffs de guitares efficaces et idéalement mis en avant.
La voix de Lord Sargofagian est très classique, conférant aux compos la note d’agression et de haine indispensable au genre, et les sept longs titres de la galette, oscillant entre six et 7,08 minutes, proposent un black metal riche et aéré aux tempi variés s’appuyant sur des riffs mélodiques, puissants et accrocheurs.

En effet, les Finlandais n’hésitent pas à s’éloigner des standards nationaux, à la production volontiers raw et à l’ésotérisme toujours plus élitiste et hermétique, se contenant de jouer le black qu’ils aiment, proposant un son limpide et puissant et une version finalement très mélodique de l’art noir (la fin de The Sacrament of Blood and Ash, le mid tempo Abyss aux mélodies de guitares lumineuses). Certes, Baptism reste fidèle à ses racines, et on reconnaît un riffing typiquement finlandais dans la plupart des morceaux, mais le groupe privilégie la musicalité et l’harmonie à un côté evil outrancier, qui finalement, transparaît plus dans l’illustration et le logo du groupe que dans ses compositions, confirmant ainsi de belle manière la direction prise sur le très bon As the Darkness Enters.
D’ailleurs, le hurleur nous gratifie d’un chant clair mélancolique de bonne facture sur plusieurs pistes (Satananda, The Sacrament of Blood and Ash, Abyss), ce qui, avec la production très propre, renforce cet aspect easy listening.

Le tout est finalement homogène et de qualité, présentant une bonne balance entre agressivité et mélodies, et alternant riffs en trémolo picking typiques du genre et passages plus groovy et headbangants avec une variété de tempi intéressante. Si l’ensemble est assez convenu et prévisible, certains passages se détachent agréablement du reste (le début d’Abyss avec ce mid tempo lancinant, le superbe riff principal de Cold Eternity, typiquement finlandais, glacial et envoûtant, le début furieux de Buried With Him au riffing imparable, titre majestueux et puissant à la basse délectable et aux claviers épiques qui clôt l’album de belle manière avec ce final lent, pesant et brumeux sur lequel résonnent des notes d'orgue), conférant une variété et un relief appréciable au metal du quintette.


V : The Devil’s Fire est donc un album black de bonne facture qui empreinte évidemment à la scène finlandaise qui l’a enfantée (avec notamment, la présence de guests de Demilich, Swallow the Sun et des inévitables Horna) mais qui continue à peaufiner sa propre vision de l’art noir, plus mélodique, poli et accessible que celui de ses compatriotes d’Horna, Sargeist ou Behexen par exemple. Un album à réserver aux amateurs d’un black direct, catchy, mélodique et agressif à la fois qui n’ont pas peur de jouer avec le feu des Abysses et de regarder le Diable dans le blanc des yeux pendant 47 minutes.