Upheaval of the Soul

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15/20
Nom du groupe Christicide (FRA)
Nom de l'album Upheaval of the Soul
Type Album
Date de parution 20 Mai 2013
Style MusicalBlack Metal
Membres possèdant cet album35

Tracklist

1. Upheaval of the Soul 10:24
2. Black Knowledge 06:29
3. Solitude with the Devil 06:24
4. I Was Able to Guess 05:23
5. Demon's Breath 05:28
6. Ominous Numinous 09:08
Total playing time 43:16

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Christicide (FRA)


Chronique @ enthwane

18 Juin 2013

Conquérir la nuit, devenir la nuit : un monstre de noirceur et de dévotion.

Nous l'attendions avec impatience. Surtout depuis le premier extrait, "Demon's Breath", diffusé par Those Opposed Records, pour calmer un peu le "mécontentement" des nombreux amateurs du combo, qui commençaient à trouver l'attente un peu longuette. Maintes fois repoussé, pour des raisons diverses (artworks à la traîne, retards dans les livraisons - comme pour le prochain KPN, qui a dit que le hasard existait ?) invoquées tant par le label que par le groupe, l'annonce de sa date de sortie définitive n'avait fait que renforcer notre hâte de jeter une oreille sur ce qui s'annonçait comme un monstre. L'une des sorties avec lesquelles 2013 devrait compter.

Pour ceux du fond qui n'auraient ni connaissance du groupe, ni assisté à l'une de leurs prestations live (assez impressionnantes, en témoigne celle du Surrender to Death Fest à Clermont-Ferrand, dont je garde un excellent souvenir), Christicide existe depuis maintenant douze ans, composé de Scars à la guitare et à la voix, un ancien d'Ancestral Fog, Sin à la seconde guitare, mais aussi de MST à la basse et surtout, depuis peu (et pour la première fois sur un des disques de Christicide) d'Ardraos derrière les fûts : d'aucuns le connaissent pour la précision et l'efficacité de son jeu, tant au sein de Sühnopfer que chez Aorlhac, et plus récemment chez Peste Noire - attendons de l'écouter pour pouvoir affirmer qu'il continue sur sa lancée.

Leur premier album éponyme, sorti en LP lors de l'année 2007 chez Of Crawling Shadows Records, brillait par un Black Metal cradingue et habité, sobriété de mise pour l'artwork pour mieux ammener l'auditeur à se pencher sur la musique du combo. Production salingue mais pas trop, riffs tantôt percutants, tantôt thrashisants, compositions très bien construites et bien balancées... Et rythmées par la voix très particulière de Scars, grave, profonde, puissante et enragée. Bref, un premier jet qui avait fait forte impression auprès des chroniqueurs et des auditeurs, et laissait présager le meilleur pour la suite.

Que de chemin parcouru depuis ce premier album. Avant de parler de la musique, et comme j'ai coutume de le faire, concentrons nous d'abord sur l'objet en lui-même : et les retards causés par le booklet ne sont pas bien graves tant celui-ci est réussi. J'avais été très surpris par l'artwork utilisé par Christicide : cette femme nue, à peine drapée d'un voile, tout droit sortie d'une oeuvre d'Alfons Mucha, simplement couronnée par un croissant de lune et le sacro-saint pentacle si cher à la dévotion au Malin, portée en étendard par le combo. Le tout sur ciel étoilé : la nuit d'un sabbat ?

Cette pochette est en elle-même superbe, certes, mais tranche malheureusement un peu trop avec le reste du booklet, richement enluminé par des dessins superbes, qui viennent à merveille personnifier les textes, tous très travaillés, d'une plume véritablement fanatique. Ce "décalage" n'est bien entendu pas gênant pour apprécier le reste de l'album, mais j'aurais, à titre personnel, un peu plus de cohérence. De même que de savoir qui est l'origine de ces dessins. Passons.

Six titres pour presque 45 minutes d'un art noir et puissant, vous savez d'ores et déjà ce qui vous attend. La production a été revue à la hausse, rendant la baffe du premier extrait diffusé par le label encore plus violente : exit les faiblesses du premier opus, la batterie étouffée par les guitares. Les grincheux et autres Trve furent les premiers à râler, décrétant que cette production jugée trop "propre" ne collait pas à l'atmosphère d'un groupe comme Christicide, pire, le feraient sonner comme n'importe quel groupe de Black Metal générique qui inonde les labels généralistes. "Upheaval of the Soul" leur fermera le claquoir avec brio. Une puissance de feu exceptionnelle, un travail d'orfèvre ou tout est mixé au millimètre - ne reste que la basse, mixée parfois un peu trop en retrait, car elle se permet de belles envolées au détour de certains schémas rythmiques.

Les guitares sont suffisamment massives pour nous faire oublier ce petit défaut, dispensant des riffs écrasants. Et surtout, le traitement de la batterie reste exceptionnel, et ce dès le premier titre, éponyme, où les roulements d'Ardraos et son jeu de cymbales viennent rythmer des choeurs religieux scandant "Bacillus Infernus", avant de partir sur un rythme mid-tempo d'une efficacité redoutable, ou Scars hurle comme un dément, réellement possédé par son art. Un brise-nuque qu'il me tarde de voir défendu sur scène.

Christicide laisse de côté les fioritures pour se concentrer sur du percutant, du compact, une dévotion qui écraser l'auditeur. Les titres, parfois un peu redondants, sont pourtant tous aussi efficaces les uns que les autres, et ce même si les tempos ont été un peu ralentis depuis leur première réalisation, évoquée plus haut. Ralentis, oui, mais attention, le blast-beat est toujours de mise, en témoigne le majestueux "Solitude with the Devil", et l'escalade des guitares, dispensant des riffs poignants au possible, et où Ardraos fait varier son jeu avec une facilité déconcertante, d'un blast-écrasant jusqu'à un simili D-Beat tout aussi efficace. L'exemple même d'un titre bien construit, alternant les schémas rythmiques variés sans pour autant sombrer dans la polyrythmie de bas-étage (que nous réserverons au Mathcore), et dont les envolées, les solis de guitare cadencent la danse avec le Malin à laquelle le quatuor nous invite.

Ces guitares qui sont réellement enragées, exit les riffs un peu thrashy du premier opus, ici, la dévotion suinte de chacune des notes. La crasse fait place à la "grâce", plus particulièrement sur "Demon's Breath", évoquée plus haut, son blast furieux et son duel de six-cordes (typing furieux sur les transitions entre blast-beat et passage plus pesant, mais tout aussi véloce), formant tour à tour notes acérées et murs compacts, écrasant réellement l'auditeur, le mettant à genoux. La variété du jeu d'Ardraos se retrouve aussi dans l'osmose formée par Scars et Sin, dont le riffing se complète et se répond. On ne pourra d'ailleurs que saluer le niveau technique de tous les musiciens, plaçant la barre très, très haut.

"Ominous Numinous", clotûrant l'album, et dont le démarrage me fait furieusement penser à l'introduction de "Helvete" des vétérans de Tsjuder, reste de loin le meilleur de cette offrande. La basse y ressort beaucoup plus nettement, et le riff en tremolo-picking typiquement Black, soutenu par une double-pédale véloce et un Scars plus déchaîné que jamais, donne véritablement envie d'allumer les bougies et de se faire thuriféraire de cette foi subversive. La composition monte en puissance au fur et à mesure, tout au long de ses neuf minutes, reprennant le schéma rythmique de l'introduction sur un duo chant hurlé/verset scandé avec passion du plus bel effet, et toujours ces lignes de guitare aussi prenantes et présentes. Je trouve, à titre personnel, dommage qu'ils aient choisi de terminer la composition sur un fondu en fermeture : la faire se terminer d'une traite, ou bien sur un embrasement final, aurait été du plus bel effet. Mais ce n'est qu'un avis personnel.

Malgré quelques petites longueurs inhérentes à la durée de certains titres, et une légère sensation de redondance d'une composition à l'autre ("Black Knowledge" et "I Was Able to Guess", qui n'en restent pas moins efficaces), Christicide apparaît, au travers de cet "Upheaval of the Soul", beaucoup plus mature et inspiré que par le passé. La puissance de feu dûe au travail minutieux effectué sur le son n'aura fait que renforcer l'aura sulfureuse des compositions, car véritablement, cette galette véhicule bien plus que du simple Black Metal. C'est une messe noire à laquelle les membres nous invitent, un contact, une danse avec les forces qui nous dépassent, un hymne au Malin. Ce dernier ne cracherait sûrement pas sur pareil manifeste.

En résumé, "Upheaval of the Soul" est réellement à la hauteur de l'attente. Un album compact et dense, qui nécessitera plusieurs écoutes pour en retirer toute l'essence. Et qui résistera sans mal à l'emprise du temps.

4 Commentaires

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Wrath666 - 19 Juin 2013: Les textes "tous très travaillés", selon la chronique, mentionnent "Bacillus Infernus" et non papyrus infernus...
enthwane - 20 Juin 2013: Au temps pour moi, je n'avais pas le livret sous les yeux quand j'ai écrit cette chronique (rédigée au boulot, c'est pas forcément le meilleur endroit pour déballer sa disco). Je vais corriger de ce pas.
Lingon - 11 Juillet 2013: Je préfère le premier opus, sans conteste.
BEASTtoCUT - 21 Juillet 2013: De très bons moments, mais aussi des passages fades avec (pour moi) des riffs inutiles. Chronique très bien comme toujours.
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