Imaginer un Glen Bachelet, frite inversée gravée sur le front, grimpant au sommet d'un terril pour clamer "Au Nord y'a du Death Metaaal !!" m'a fait marrer. Mais, outre cette vision foutraque, cette région a vu naître quelques beaux représentants du métal de la mort hexagonal tels
Loudblast,
Supuration, Frakasm, Bliss of
Flesh.
Originaire de Lille, formé par des membres du combo thrash d'
Infinite Translation,
Skelethal est actif depuis
2012 et a déjà sorti plusieurs démos, EPs, splits et un premier album "... Of The
Depths" (cf la chronique très instructive de Darksaucisse sur ce site). Malgré le départ de Jon
Whiplash, batteur originel, Gui Haunting n'a pas baissé les bras et recruté depuis Lucas Scellier (guitare lead, aussi chez
Mortal Scepter), Julien Bouly (basse) et Lorenzo Vissol, qui martyrise aussi les fûts chez Bütcher. Bien soudés, ils reviennent en 2020, toujours chez Hells Headbangers Records, avec leur nouvel album "
Unveiling the Threshold".
Cet opus se compose de 8 titres pour 38 minutes d'un death metal qui, à nouveau, dirige son regard sur les terres glacées de la Suède. Des terres maintes fois foulées certes mais les Lillois disposent de ce supplément de talent qui les distinguent.
Talent de composition d'abord, qui illumine l'ensemble des titres proposés. Que ce soit du titre introductif "Sidereal Lifespan" en passant la succulente "On
Somber Soil", le groupe tisse un canevas de riffs vicieux comme des barbelés. Intriquant diverses ambiances et parties rythmiques,
Skelethal rebondit sans cesse pour maintenir l'attention de l'auditeur aux aguets, tout en le faisant sourire de satisfaction. Pour preuve, la juxtaposition lourdeur-vélocité qui survient au milieu d"Adorned with the Black Vertebra", à priori scolaire voire éculée, est ici simplement jubilatoire, tant le riffing est bon.
L'exigence dont fait preuve "
Antropomorphia" mérite aussi un satisfécit, le riffing qui ouvre et clôt ce titre étant tout bonnement imparable. Et, soucieux d'enfoncer les vis plus profondemment, le combo enchaîne avec un "Emerging From The
Mortal Scepter Threshold" tout aussi remarquable dans son alternance violence frontale- apaisement menaçant.
Dans cette brillante nomenclature,
Skelethal n'oublie pas l'agressivité et l'intensité sur les plus courtes mais toutes aussi efficaces "Cave
Dwellers" et "
Repulsive Recollections", galavanisant l'écoute de par leur position centrale. Ni n'omet une dimension épique avec le long "
Abyssal Church ... The
Portal Revealed", qui condense dans ses quasi 8 minutes toutes les qualités précédemment citées.
Talent d'interprétation également car le groupe démontre ici une synergie musicale fort plaisante à l'oreille. Que ce soit le growl arraché de Gui, les soli impeccables de Lucas et le jeu de batterie varié de Lorenzo, tout concorde pour faire de cet album une écoute obligatoire pour les amateurs du style. Notons aussi les blast-beats utilisés avec sagacité pour un surcroît de violence qui touche la cible à chaque fois.
Talent enfin d'enrobage grâce au travail de Greg Wilkinson qui donne à cet album une coloration rêche et charnelle. Et aussi grâce à la magnifique peinture limite abstraite du grand Eliran Kantor choisie comme artwork.
Après
Slave One et
Abyssal Ascendant, c'est maintenant
Skelethal qui vient prouver la vitalité de la scène death metal française en cette année 2020 bien biscornue. Passant outre un scénario bien connu, les Lillois prouvent que le talent, ça se travaille et ça finit toujours par payer.
Ta chro confirme mon enthousiasme que ce skeud ! Merci pour le papier.
Vivement samedi que les disquaire soient ouverts bordel!!!
Bon bah je vais de ce pas me prendre ce précieux
J'ai l'impression que ce disque fait pas al de buzz en ce moment, à juste titre en j'en crois ta chronique. C'est vrai qu'en sorties françaises il y a de quoi faire en ce moment, avec aussi Abyssal Ascendant et Slave One comem tu dis, Iron Flesh (pas écouté non plus), Putrid Offal, Mercyless, Loudblast, et au printemps 2021 le nouveau disque d'un groupe que je connais un petit peu : Nephren-Ka...
Selon moi, ce second opus laisse davantage s'exprimer une identité en construction que le premier, typiquement swedish old scool death metal. C'est très bon, et les deux albums sont réédités en vinyls pour les aficionados. Cocorico! Le death français est bien vivant!
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