En Suisse, il n'est plus besoin de présenter
Mesmerised, leurs vingt ans d'existence et leurs nombreux concerts leur ont déjà forgé une réputation en béton. On se réjouissait donc beaucoup de la sortie de ce 'Until the
End', cinq ans après leur dernier effort.
Sans entrée en matière au préalable, on tombe dans le vif du sujet, non-mécontent de retrouver le groupe qu'on avait laissé en 2007. Le premier titre 'A New Beginning' commence en effet sur un riff bien groovy de thrash, modernisé par une batterie nette une production propre. La voix, en apparaissant, étonne - sans déplaire - par une légère mise en retrait par rapport aux autres instruments. Ces derniers ne s'en trouvent que mis en valeur. La guitare par exemple en bénéficie particulièrement, étalant des compos variées, oscillant entre la lourdeur d'un thrash un peu old-school, et entre des envolées plus mélodiques. Le savoureux solo de 'Strong Enough' en est une bonne image!
Ce mélange de sons old-school et modernes s'étend d'ailleurs à l'ensemble de l'album. Plutôt que de s'imposer en dinosaures nostalgiques du '
Kill 'Em All' de
Metallica, les gars de
Mesmerised ont choisi de teinter leur thrash de nombreuses importations plus récentes. Un côté mélodique est esquissé par les guitares et les occasionnels chants clairs, mais ce côté mélodique ne l'emporte pas sur les growls rageurs du chanteur, ou sur la lourdeur groovy des riffs. Au final, si 'Until the
End' n'est pas une constante invitation à boire des bières et à headbanger, il en gagne largement en intérêt, profondeur et variété ; y perd en monotonie.
Mesmerised effectue une sorte de compromis, qui ralliera peut-être les fans des nouvelles pointures technico-intellectuelles, et les vieux briscards amateurs de gros sons rock'n'roll primitifs.
Cependant, faire un compromis, c'est aussi un risque de perdre sur les deux tableaux. Beaucoup pourraient par exemple déplorer un manque d'énergie dans les morceaux, dû notamment à des tempos rarement audacieux (qui leur permettent toutefois une finesse inconnue de formations bourrines à la
Venom). Dans la même idée, des titres déstructurés comme 'Apocalyptic Sun' peineront à convaincre les puristes, alors que pour un amateur des pirouettes modernes à la
Meshuggah, ce sera peut-être la chanson-phare de l'opus. Sans réellement manquer d'unité, la complexité de l'album avance le danger de fatiguer l'oreille de l'auditeur en l'emmenant d'un terrain connu à des contrées moins familières. Mais en vérité, ces remontrances sont surtout alimentées par l'esprit critique forgé par le prestige d'une formation aussi vieille.
Car au fond,
Mesmerised sert un opus mature (le contraire eût été étonnant!), mélangeant des racines thrash à l'ancienne et l'influence de la complexité du metal actuel. Le résultat, s'il ne passera pas comme une bière fraîche un après-midi d'été chez tout le monde, offre une musique intéressante, méritant largement le coup d'oreille. Chapeau!
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