Si question popularité et organisation de concerts, la Belgique n'a clairement pas à rougir voir même met carrément une trampe à ses insupportables et hautains cousins d'outre-Quiévrain avec le Graspop, Alcatraz ou encore sa Desertfest Belgium qui n'a pas son pareil en France, question qualité et surtout popularité des groupes, on n'en est pas là... en tout cas nettement en dessous d'autres contrées (partiellement je sais) francophones tels la Suisse ou le Québec...
Quelques noms ont bien sûr tiré leurs marrons du feu, les
Aborted,
Enthroned,
Leng Tch'e,
Ancient Rites,
Channel Zero ou les excellents
Amenra et divers autres projets non dénués d’intérêt, tel les blackeux de Cult of Erinyes, mais sur la globalité, ça reste relativement léger comme un café liégeois...
Ainsi, malgré vingt-six ans d'existence, ce n'est rien de dire qu'
Insanity Reigns Supreme n'est pas un groupe qui a acquis par ses trois albums précédents une réputation délirante, et ce malgré un «
Prophecy of
Doom » qui dans son registre doom-death présentait quelques qualités...
C'est sur le label local
Shiver Records, que les flamands révèlent leur nouvelle mouture «
Unorthodox » à l'artwork réalisé par
Seth Siro
Anton de Septic
Flesh comme le précédent... Artistiquement, je ne commenterais pas puisque n'appréciant pas réellement (voir réellement pas) le style de l'illustrateur mais en général, les groupes et albums bénéficiant du travail de celui ci étaient plutôt bons (Septic
Flesh bien sûr, mais aussi
Nile,
Sybreed,
Belphegor ou encore Moonflesh...), d'autant plus qu'au vu du style annoncé black-doom-death, on pouvait s'attendre à quelque chose d'à la fois varié et extrême soit à la base, tout ce que j'aime... et pourtant...
Variée... certes au niveau des éléments, on peut dire que la palette des belges n'est pas si mal fournie, des rythmiques furieuses, des chants féminins, de la voix hurlée, des séquences plus "evil" à la sauce black... Mais le tout demeure à quelques exceptions près bien indigeste, oscillant de manière quasi permanente dans un registre mid-tempo assez insipide sans vrais éléments dignes de susciter un intérêt prolongé, car il y a kyrielle d'éléments qui manquent à
Unorthodox pour se démarquer, la puissance, l'énergie, l'authenticité ou encore le charme...
Si on prend ce qui est, selon moi, le titre le plus digeste de l'album, le final «
Serpent Ov
Fire » (je me tâte au passage à créer une pétition et une page Facebook pour que les groupes de black death arrêtent d'employer à tout bout de champ le néologisme « ov » et ce, à la seule fin de ressembler à
Behemoth...), qui procède d'un riff certes puissant, carré mais également assez bateau, dont le groupe est tellement fier qu'ils s'en servent sur les deux morceaux qui encadrent l'album (et ce n'est pas une petite citation espiègle comme ont pu le faire certains groupes mais vraiment la base des deux morceaux) mais survit par ses passages au chant féminin (œuvre de Claudia Michelutti du groupe
Valkyre) rappelant quelque peu
Arkan et qui apporte une fraîcheur dont l'album est quasiment dépourvu... D'ailleurs, je trouve que tous les passages féminins mettent à l'amende le growling basique au possible et au final assez lourd du chanteur principal...
Le groupe tentera parfois des passages plus lents et lourds qui ne rendront pas le rendu meilleur mais encore plus pataud... Au niveau du mix, on notera une batterie trop mise en avant, sans qu'elle soit pour autant extrêmement énergique donnant parfois un aspect de blastbeat mou, très étrange...
Les interludes pseudo-occultes sont par ailleurs plutôt kitsch et on dépassera le stade du ridicule sur «
Moonlight Sacrifice ». Une interprétation personnelle de la sonate au clair de lune de Beethoven avec des mauvais bruitages par derrière...
Au final, on ressort de l'écoute de cet album comme dans un mauvais trip, le groupe n'a pas lésiné sur les moyens, a effectivement tissé une musique qui oscille entre les trois principaux domaines du metal extrême. Même si on aurait espéré un album qui allierait la puissance du death, la rage du black et l'atmosphère du doom, alors qu'au final, c'est plutôt le monolithisme du death, la grandiloquence du black metal et le coté poussif du doom qui ressortiront ici... L'ensemble manque clairement de mordant et de génie et sombrera sans nul doute dans le marasme du moyen ne permettant pas à
Insanity Reigns Supreme de passer le cap de ce qu'il est, c'est à dire un groupe de seconde zone...
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