On a souvent tendance a considérer la musique rock et ses dérivés, le
Metal en premier lieu, avec une certaine rigueur géographique et parfois même climatique. Ainsi donc, le Black
Metal, dont l'un des objectifs est de glacer le sang se doit de venir d'un pays froid. Quand on parle de Stoner, on pense immédiatement aux déserts américains, à la sueur et à la chaleur tombant comme une chape de plomb : Musique lourde dense et brûlante.
Alors qu'advient-il quand un petit groupe tout droit débarqué de la Suède se met à jouer du Stoner? Le rock chaud venu d'un pays froid. Dans le cas de
Truckfighters et de leur quatrième opus
Universe, il se passe de grandes choses.
Pour replacer les choses dans leur contexte,
Truckfighters nous avait habitué à un Stoner bougrement efficace et surchargé en fuzz, qui tendait à se diversifier sur le précédent album "
Mania". On est bien obligé ici de constater l'évolution musicale du groupe, les influences se multiplient, passant par des instants purement Pop, Jazz, rock 70's puis une furie Stoner bourrée de fuzz.
Et pourtant tout le talent du groupe se ressent dans le fait que cet album est incroyablement cohérent et homogène. Et ce malgré des influences et des ambiances variant sans cesse, mais se mariant toujours à merveille, et ce malgré des titres passant de 2 à 15 minutes. Ils ont l'art de se moquer en apparence des structures pour faire une musique des plus instinctives, une cocotte minute qui prend le temps qu'il faut pour faire monter la pression, jusqu'à ce que l'explosion soit inévitable et que leur son si caractéristique, véritable mur de béton, vienne se heurter à vous... Vous le sentiez, vous le voyiez venir, mais pourtant impossible d'y parer, votre sort était scellé dès le départ.
Et comment parler de cet album sans parler de sa pièce maîtresse "Mastodont", un quart d'heure de plaisir pur et dur, où le temps devient notion abstraite tant il passe vite. Tantôt planante, douce et belle, puis basculant dans une rage folle, pour retomber tout en douceur et repartir pendant 5 minutes sur un développement autour d'un même riff prenant plus d'amplitude à chaque nouveau tour. Le tout pour retomber, en toute cohérence toujours, sur un final en guitare acoustique d'une douceur autant prenante que la puissance créée juste avant et partie en un souffle. Un véritable moment de Musique, d’où, au delà de l'émotion, ressort surtout une grande beauté qui vous laissera, si votre sensibilité est voisine de la mienne, dans un véritable état contemplatif. On ressent les grandes étendues neigeuses, toutes autant désertiques que les déserts américains, belles, rudes et sauvages. Et on comprend que la chaleur peut se trouver même dans les lieux les plus froids, même dans un bled paumé comme Örebro en pleine Suède.
Que dire de plus sinon que ce groupe n'est pas assez connu, malgré son talent évident, malgré l'énergie folle qu'ils dégagent sur scène, malgré Josh Homme (lui même) qui n'hésite pas à les nommer "meilleur groupe qui n'ait jamais existé". Amis de musique au sens large, de tout horizon, la découverte en vaut la peine.
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