Il m’apparaît difficile, pour ne pas dire impossible, de taire les pénibles vicissitudes qui ont égrené le chemin artistique de David
Reece, le plus allemand des chanteurs américains. C’est d’autant plus complexe que nombres se remémoreront, notamment, de sa courte incursion au sein d’un Accept égaré dans les affres insolites d’un Heavy mélodique, très mélodique, certes enthousiasmant, mais inhabituellement déconcertant pour le plus emblématique des groupes de Heavy
Metal teutons. Ils en garderont le souvenir d’une immonde trahison, oubliant allégrement toutes les qualités du chanteur. Si cet échec prévisible d’une orientation artistique douteuse, développée sur un Eat the Heat attirant mais terriblement singulier, est affaires des Gouts de chacun, on ne peut raisonnablement pas l’imputer à celui qui, après tout, ne fit que suivre le groupe dans une voie préalablement empruntée par un Russian
Roulette aux arrangements nettement plus travaillés et aux propos sensiblement moins agressif.
Néanmoins si d’emblée cette aventure d’autrefois ne semble avoir aucune incidence directe sur ce
Universal Language, et que son évocation pourrait paraitre n’être rien d’autre qu’un étalage prétentieux inutile, nul doute que chacun saura en raviver les résurgences les plus lointaines. Etre le chanteur de groupe à l’aura aussi mythique fait, en effet, peser sur vos épaules un fardeau qui, souvent, est bien trop douloureux et dont vous ne parvenez jamais réellement à vous défaire. Pourtant David
Reece (ex-
Dare Force, ex-Accept, ex-
Bangalore Choir,
Gypsy Rose), en artiste débarrassé de son passé, et entouré de quelques vétérans, dont notamment Andy Susemihl (ex-U.D.O.) à la guitare, Jochen Fünders (ex-
Holy Moses) à la basse et de l’incontournable Stefan Schwarzmann (Accept, ex-
Helloween, ex-U.D.O., ex-
Running Wild…) à la batterie, affiche un opiniâtre désir de liberté qu’il tente de défendre sur son premier album solo.
Et si l’interprétation de ce
Hard Rock aux parfums Rock mélodiques très prononcés, où planent les ombres diverses de ces glorieux qui firent les plus belles heures des années 80 et 90 (Withesnake,
Deep Purple,
Extreme…), semble quelque peu désuète ; elle recèle néanmoins quelques moments appréciables. Ces instants, surtout mis en valeur par les grands talents de ce chanteur excellents, par les fulgurances de quelques-uns de ces solos emplis d’un feeling délectable (All the Way,
The River) et par certains titres attachants (
The River, We Were Alive,
Flesh and
Blood, Yellow) n’arrive malheureusement pas à en masquer tous les défauts. Manquant singulièrement d’exaltation des certaines pistes éminemment sympathiques, mais éminemment maladroites soulignées par des riffs engourdis trainant leurs mornes impuissances sur des rythmes atrocement assommants, nous conduisent irrémédiablement vers un profond ennui. Frêles et fragiles, Before I
Die et All the Way témoignent le plus magistralement de cette désolation soporifique qui nous étreint.
Ce
Universal Language n’est rien d’autre qu’un paysage morne désespérément gris que seul vient enluminer parfois, les immenses dons de chanteur d’un excellent David
Reece.
J'ai bien aimé ce disque et je serais plus "généreux" que toi sur la notation. "Before i die" par exemple, je trouve ce morceau très bon, ce qui apparemment n'est pas ton avis.
Quelques titres en moins n'auraient pas été inutiles (mais ce défaut peut être fait à beaucoup - trop - de disques aujourd'hui à mon sens).
As tu écouté le dernier album "Compromise" qui n'est d'ailleurs pas encore référencé sur Som? Pas mal du tout à mon goût. Y'a plusieurs titres sur lesquels David sonne un peu comme Paul Stanley. J'attends ta chro avec impatience si tu l'as entre les mains prochainement.
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