Nombreuses sont les vertes formations à caresser l'espoir de s'illustrer dans un espace metal symphonique à chant féminin aujourd'hui encore en proie à une sévère concurrence, parmi lesquelles ce jeune quintet néerlandais résidant dans la province du Limbourg. Aussi, impulsés par une indéfectible motivation mais restés prudents dans leur démarche car parfaitement conscients des risques courus à se lancer tête baissée dans la mêlée, nos acolytes nous livrent-ils un EP 5 titres répondant au nom de «
Unite », en guise de message introductif ; soit une auto-production modeste de ses 19 minutes d'obédience rock'n'metal mélodico-symphonique gothique, dans la lignée de
Delain,
Lunatica,
Sirenia,
Nightwish,
Leaves' Eyes,
Xiphea, et consorts. Cette laconique offrande pourrait-elle dores et déjà offrir l'occasion à nos cinq compères de se frayer un chemin parmi les sérieux espoirs d'un registre metal qui ne les attendait pas nécessairement ?
Avant toute chose, quelques présentations s'imposent. A la barre siègent la chanteuse au gracile filet de voix Richelle Liedekerken, le guitariste/vocaliste Bart van Voorden, la bassiste/choriste Anne de Graef, le claviériste/programmeur Bram van Rens et le batteur Joey Wojcik. De cette collaboration émane un propos à la fois enjoué, fringant et des plus élégants, dont paroles et musique s'inspirent aussi bien de la mythologie nordique que de l'univers du célèbre jeu vidéo d'action-aventure et de rôle ''
Assassin’s
Creed Valhalla'', édité par Ubisoft. Co-enregistré par Bram van Rens et Roel de Bock, ce dernier ayant également assuré son mixage et son mastering, l'opus jouit d'une belle profondeur de champ acoustique et de finitions passées au crible. Mais entrons sans plus attendre dans la petite goélette, en quête de trésors profondément enfouis dans ses entrailles...
C'est sur une cadence mesurée que s'effectuera l'essentiel de ce parcours initiatique, non sans nous livrer de grisantes séries d'accords, in fine. Ce qu'atteste, d'une part, « The
Creed », bref mais poignant low tempo d'ouverture doté d'arrangements ''nightwishiens'' et d'arpèges typiquement ''siréniens''. Disséminant de profonds et métronomiques roulements d'un tambour martial, se calant sur une ligne mélodique certes convenue mais des plus délicates, et mise en habits de lumière par les angéliques inflexions de la sirène, la touchante entame d'inspiration symphonico-cinématique nous intimera d'aller explorer plus en profondeur la cale de l'embarcation. Eu égard à son infiltrant cheminement d'harmoniques et mise en habits de soie par les magnétiques volutes de la maîtresse de cérémonie, et non sans rappeler les premières heures de
Leaves' Eyes, la romantique et progressive ballade «
No Remorse », quant à elle, nous immergera au cœur d'un océan de félicité.
Quand il accélère un tantinet le rythme de ses frappes, le collectif batave ne s'est guère montré plus malhabile, loin s'en faut. Ce qu'illustre, en premier lieu, le rayonnant mid tempo syncopé « Valkyrie » au regard de ses couplets finement ciselés relayés chacun d'un refrain immersif à souhait qu'encensent les cristallines patines de la princesse. Aussi, on ne quittera qu'à regret ce vibrant manifeste propice à un headbang subreptice, dans la lignée coalisée de
Lunatica et de
Delain. Dans cette mouvance, on ne saurait davantage esquiver le tubesque mid tempo « All
That I've Done » ; une enivrante offrande, ponctuée de clapotis synthétiques, bénéficiant d'enchaînements intra piste des plus sécurisants et d'un refrain catchy, lui aussi mis à l'honneur par les fluides et caressantes ondulations de la déesse. Peut-être bien l'une des pépites de la menue rondelle.
Un poil plus incisive, l'ultime étape de notre traversée ne s'avérera guère moins impactante que ses voisines de bobine. Ainsi, c'est au cœur d'un vaste champ de turbulences que nous plonge l'offensif et ''nightwishien'' «
Eden ». Diversifiant ses phases rythmiques à l'envi et calé sur le schéma oratoire devenu classique de la Belle et le Bête, les claires modulations de la belle s'opposant point pour point aux growls caverneux de son comparse, le trépident manifeste symphonique aux glaçants relents dark gothique parvient à sauvegarder une sente mélodique des plus enveloppantes. Et la sauce prend, une fois encore. Bref, un secteur qui sied bien à nos compères, à exploiter davantage peut-être pour espérer élargir le champ d'un auditorat déjà sensibilisé aux vibes de leurs maîtres inspirateurs.
On ressort de l'écoute de cette rondelle dans un mouchoir de poche séduit à la fois par la finesse des lignes mélodiques esquissées, la limpidité du grain de voix de la frontwoman et une technicité instrumentale difficile à prendre à défaut. D'aucuns pourront toutefois regretter un propos insuffisamment varié sur le plan atmosphérique, ne diversifiant que peu ses exercices de style et ne laissant transparaître pas l'once d'une prise de risque. De plus, n'ayant pas encore totalement digéré ses sources d'influence au point de les faire siennes, le combo batave nous livre dès lors un premier essai manquant un tantinet d'épaisseur artistique. Cet opus témoignant cependant d'une ingénierie du son de bon aloi et de quelques passages d'une redoutable efficacité, le mal n'est pas grave, nos acolytes ayant encore bien le temps de parfaire leurs gammes avant de revenir plus armés dans la bataille, peut-être, espérons-le, à l'aune d'un album full length. Bref, un parcours initiatique parsemé de chatoyantes senteurs et empreint de délicatesse mais des plus prévisibles...
Note : 13,5/20
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