La première rencontre avec un artiste est déterminante. Ce contact initial, aussi crucial puisses-t-il être, paradoxalement, s'opère souvent par la découverte de détails insignifiants concernant un univers bien plus vastes que ces impressions fugaces et imprécises laissent entrevoir. Nous entrons, en effet, dans l'art exprimé par certains, par de petites portes étroites pour découvrir, parfois, d'immenses territoires aux paysages majestueux, et infinis, dans lesquelles nous nous égarons avec délices. Une pochette insolite, un nom de groupe curieux, un titre d'album inhabituel, quelques lignes flatteuses lues au gré de nos diverses errances, quelques adjectifs étonnamment élogieux ou encore, par exemple, les conseils concis de connaisseurs avisés, voilà autant d'apparences séduisantes que peuvent prendre ces portes susceptible d'éveiller en nous les plaisirs d'une saine curiosité. Un désir originel propice à faire de nouveau pas après de premiers hésitants.
Ce fut donc l'illustration de ce
Unholy War qui poussa votre humble serviteur à s'intéresser davantage à ses musiciens et à leurs travaux. L'image superbe et fascinante de cette pontificale créature aux traits creusées, et au regard cruel, prête, semble-t-il, à déchainer les feux d'un enfer promis à une foule déchainée, suffit, en effet, à attiser mon esprit avide. L'ignorance régnant en maître, difficile, de combler instantanément certaines lacunes. Répondre aux interrogations les plus déterminantes au sujet de ce groupe allait demander quelques efforts. Qui était-il donc?
La question méritait d'être posé concernant ces instrumentistes oklahomains.
Pas véritablement des néophytes s'agissant d'un Heavy Thrash,
Power US, qu'ils défendaient ardemment depuis plusieurs décennies. L'histoire débute même précisément en ce jour de 1987 où les frères Scott, bien décidé à assouvir leur passion créative, donnèrent naissance à cette formation bientôt rejointe par James Randel et par Ghames “Rev” Jone. De nombreux concerts, quelques opus tantôt amateurs tantôt plus professionnelles salués par un public averti, quelques changements de line-up, le lot commun de ce genre d'aventure en somme, émaillèrent le parcourt de ces américains. Puis plus rien après qu'un dernier
Rise Above ne scelle le destin du quatuor. Une fin aussi brutale qu'inattendue.
Fort heureusement, ce mutisme se termine enfin après plus d'une décade silencieuse, avec la sortie, en cette année
2012, de ce nouvel effort intitulé
Unholy War.
Musicalement, il apparait assez inutile de préciser que Forté, malgré ces années passées, n'y aura pas, ou si peu, dévié de ces penchants enclins à cette mouvance traditionnelle américaine. A la fois agressive et mélodique, la musique de cette formation continue, en effet, de se situer quelques part aux confins des styles déjà évoquées ici. Et ce même si ce nouveau disque, en comparaison de ces prédécesseurs, dénote d'un aspect Heavy un peu plus présent au détriment d'un Thrash, de fait, un peu plus effacé. Un équilibre nouveau dévoilant, toutefois, une différence infime.
Quoi qu'il en soit, cette constance artistique, que même l'intégration d'un nouveau chanteur (Dave
Thompson (Enfuneration, ex-Skullpl8, ex-
The Difference, ex-
Bob Catley)) ne parviendra pas à ébranler, nous offre quelques excellentes satisfactions (
Unholy War,
Dead To Me, Take The Mark aux riffs acérés,
Rain Of
Fire, Light to the
Blind...).
Une bonne tenue générale qui , à dire vrai, sera entaché d'une unique faute de gout,
Undying. Cette pénible ballade, comme un diable surgissant de sa boite, vient assurément alourdir inutilement le propos essentiellement vif de ce manifeste. Bien trop mélodique et fade, le morceau se démarque exagérément d'un album très équilibré dans ses intentions à la fois âpres et harmonieuses. Une petite erreur regrettable qui ne saurait, cependant, pas gâché outres mesure nos bonnes impressions.
Unholy War est donc une œuvre très plaisante qui marque de son empreinte le retour de Forté. Une réussite dans son genre qui mériterait, assurément, de connaitre un destin plus glorieux que celui de l'intérêt relatif auquel il semble voué. Une tragique prédiction qui, gageons le, sera magnifiquement démentis par l'attention qu'il suscitera.
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