Six après leur premier album, les Russes, ou plutôt les Russo-Tatares (le groupe est originaire de la république autonome du Tatarstan, et certains de ses membres portent des noms clairement typés tatares) d'
Amederia proposent leur second album, cette fois-ci chez le label BadMoodMan Music, sous-division du label russe
Solitude Productions.
Après une intro très classique mais, somme toute, relativement intéressante, constituée de notes de piano mélancoliques et romantiques à souhait soutenues par quelques nappes de cordes en fond, l'album enchaîne sans grande surprise sur un
Doom Death gothique et mélodique jouant fortement sur les alternances de vocaux type "Belle et la Bête". Forts de structures souvent plutôt bien maitrisées, les morceaux savent allier de manière réussie des séquences riches d'un certain dynamisme (bien que sans réelles accélérations ou passages réellement violents) et d'autres plus posées et plus lentes, et ainsi plus aptes à développer les atmosphères recherchées. Le travail effectué au niveau des mélodies est, dans l'ensemble, classique mais plutôt satisfaisant, certains titres proposant quelques passages assez poignants à ce niveau-là, à l'origine de montées en intensité bien senties faisant pour beaucoup dans le charme de l'album.
L'inévitable clavier joue son rôle sans grande surprise, et les différentes nappes utilisées tout au long de l'album, si elles enrichissent les ambiances et renforcent la théâtralité de l'ensemble, ne proposent rien de vraiment mémorable. Le piano s'en sort sans doute un peu mieux, certaines de ses utilisations s’avérant un peu plus intéressantes, même si ici aussi rien de vraiment surprenant. Un peu de flute se fait en outre entendre à l'occasion de manière discrète, comme sur l'introduction du morceau "
Angel's
Fall".
Comme mentionné plus haut, le chant se partage majoritairement entre un growl, de qualité plutôt honnête, et un chant clair féminin très classique pour le genre. Quelques touches de chant clair masculin se font également entendre à l'occasion, pour un résultat assez inégal, ou plutôt assez discutable.
En effet, l'une de ses utilisations les plus marquantes (et pas forcément dans le bon sens) se fait ainsi sur le titre "The Dance of
Two Swans", qui s'avère pousser la dimension romantique de la musique du groupe à son maximum. Ce qui plaira sans doute à une bonne partie du public potentiel de l'album, mais risque également de faire fuir les amateurs d'atmosphères plus sombres et désespérées, tant le morceau, s'il n'est pas en soi fondamentalement mauvais, se révèle être à l'eau de rose. Ce qui serait sans doute dommage car l'album, si il est loin d'être comparable à ce qui se fait de plus sombre dans le genre, renferme quelques touches un peu plus noires et pessimistes.
Ainsi une chanson comme "Loneliness in
Heaven" se révèle déjà plus amère et, de fait, se positionne sans doute comme l'un des titres les plus intéressants de l'album. On remarquera au passage l'utilisation sur la fin du morceau de pleurs féminins, pour un résultat peut-être un poil trop facile de par son aspect très (trop?) littéral, et tranchant par là-même avec la plus grande sobriété que ce titre affiche dans ses émotions par rapport au reste de l'album, mais pas inintéressant en terme d'ambiance. De même, "
Angel's
Fall" propose, par exemple, un interlude reposant sur des chuchotements aux accents relativement menaçants. Si ces quelques pics de noirceur ne suffiront pas à convaincre certains de passer outre les accents romantiques du reste de l'album, ils s'avèrent néanmoins plus que bienvenus..
Un album très classique donc, mais dans lequel les fans de ce type de
Doom devraient trouver leur compte, le groupe ne manquant visiblement ni de talent, ni d’expérience.
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