Liste des groupes Metal Symphonique Ylisia Underneath

Encore un ixième groupe de metal symphonique à chant féminin, sans doute voué comme tant de ses pairs à une disparition prématurée des tabloïds, me direz-vous, et vous auriez sans doute raison...à quelques nuances près toutefois ! Ce serait faire fi de la féroce détermination à en découdre de la part de ce quintet néerlandais fondé à Rotterdam en 2020 sous la seule impulsion de l'expérimenté claviériste et compositeur George van Olffen (ex-Kingfisher Sky, ex-Secret Sounds, ex-Moonflower). Cette même année, le rejoindra le guitariste et ami de longue date Martijn de Zeeuw, suivi, en 2021, de Liesbeth Cordia (ex-Eve's Fall, feu-Annatar, feu-Valkyre, guest chez Melted Space...) en qualité de frontwoman, d' Eva Levina à la batterie, et de Tim Hoogervorst (feu-Polydrone, ex theName...) à la basse. Une belle brochette de talents, s'il en est !

Peu après la constitution définitive du line-up, et suite à l'écriture et à la composition de quelques chansons, le combo batave réalisera ses premières démos studio sur Soundcloud. Dans la foulée, le groupe sera présenté au direct de ''NH-pop Demodrop Heavy Edition'' ; une prestation remarquée, couronnée par des retours très encourageants. Poussé par cette onde positive, le groupe intensifiera son activité live dont une participation au Eendracht Festival 2022 à Rotterdam, le partage de la scène avec Imperial Age, Angel Nation, Control The Storm..., le gain du prix du public à la finale du Female Metal Event (FemME) en janvier 2023, entre autres. Un capital scénique dores et déjà étoffé que le collectif souhaite désormais consolider par un capital studio non moins efficient. Aussi nous livre-t-il dans la foulée son introductif et présent album full length, « Underneath » ; égrainant ses 9 pistes sur un ruban auditif de 42 optimales minutes, cette auto-production permettra-t-elle dès lors à nos acolytes de jouer les trouble-fête dans ce si concurrentiel espace metal où s'immiscent moult jeunes loups aux dents longues ?

De cette étroite collaboration émane une œuvre rock'n'metal mélodico-symphonique à la fois enjouée, rayonnante et romantique, nourrie d'effluves électro pop, où des sources d'influence aussi éclectiques que Within Temptation (première période), Evanescence, The Gathering, Anneke van Giersbergen, Kingfisher Sky, Stream Of Passion et Ultravox se font sentir tour à tour. Mixé par le guitariste Daan Janzing (Jahat, ex-Kingfisher Sky, guest chez Phantom Elite), également connu pour avoir mixé/mastérisé quelques albums (Phantom Elite, Serpentyne, Mercy Isle, Shadowrise...), l'opus témoigne d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation. Pour mettre les petits plats dans les grands, l'artwork d'inspiration fantastique et au trait affiné relève du fusain de Gogo Melone, chanteuse/claviériste (Aeonian Sorrow, Elysia) et prolifique graphiste (As The Sun Falls, AfterTime, Inner Fear, Mercy Isle, Bob Katsionis, Stormbound, Xandria, Vetrar Draugurinn, Carry The Torch...) de son état. De quoi nous intimer d'aller explorer plus en profondeur la cale de la caravelle...


A la lumière de leurs pistes les plus enfiévrées, les plus nombreuses de ce set de partitions, nos acolytes parviennent d'un battement de cils à nous rallier à leur cause. A commencer par « Pain », mid/up tempo aux riffs grésillants à mi-chemin entre Within Temptation et The Gathering ; dévoilant de sémillantes séquences d'accords, livrant parallèlement un refrain immersif à souhait mis en exergue par les troublantes modulations de la sirène, alors apparentées à celle d' Anneke van Giersbergen, ainsi qu'un fin legato à la lead guitare, ce hit en puissance des plus grisants ne se quittera qu'à regret. Dans une même énergie, on retiendra non moins l'engageant « Hourglass », tant pour la fluidité de ses riffs typés brit pop que pour l'élégance comme l'efficacité de sa sente mélodique. Enfin, on ne saurait davantage omettre ni « Free », entraînant effort aux riffs crochetés, à la confluence de Stream Of Passion et Evanescence, d'où s'échappent de sensibles arpèges au piano et un refrain catchy magnifié là encore par les pénétrantes ondulations de la déesse, ni « September », pour son énergie aisément communicative doublée de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre.

Lorsqu'il desserre un tantinet la bride, le collectif trouve à nouveau matière à encenser le tympan sans avoir à forcer le trait. Ce qu'atteste, en premier lieu, « Tell Me », low/mid tempo aux riffs émoussés un brin suranné, au carrefour entre Stream Of Passion et Anneke van Giersbergen. Témoignant d'enchaînements intra piste ultra sécurisés, de rampes synthétiques typées mid-80s, d'un vibrant solo de guitare, et d'une insoupçonnée et poignante accélération en fin de piste, cette solaire offrande ne saurait être éludée par un tympan déjà familiarisé avec les vibes des maîtres inspirateurs ici convoqués. Le mid tempo « Catch My Breath », pour sa part, joue sur les effets de contraste atmosphérique pour tenter de l'emporter, de lascifs et intrigants couplets relayant alors d'aériens et invitants refrains. Et la sauce prend, in fine. Dans cette dynamique, « You » se pose, lui, tel un mid tempo progressif un brin organique dans la veine coalisée de Within Temptation et de Kingfisher Sky ; bien qu'un poil plus complexe eu égard à sa technicité instrumentale et accusant quelque linéarité mélodique, le méfait générera, à n'en pas douter, un headbang subreptice et quasi ininterrompu. Mais là n'est pas l'arme ultime de nos gladiateurs pour asseoir leur défense...

Quand ils nous mènent en des espaces plus tamisés, nos compères en viennent alors à nous adresser leurs mots bleus les plus sensibles, non sans déclencher la petite larme au coin de l'oeil, celle que l'on tenterait bien d'esquiver, en vain. Ce qu'illustre, d'une part, « Underneath », ballade romantique jusqu'au bout des ongles et aux airs d'un slow qui emballe, que n'auraient sans doute reniée ni The Gathering ni Xandria. Glissant le long d'une radieuse rivière mélodique qu'empruntent les cristallines oscillations de la maîtresse de cérémonie et recelant un seyant solo de guitare, l'instant privilégié ne saurait être éludé par l'aficionado de moments intimistes. Difficile également de ne pas se sentir porté par les vibes enchanteresses jaillissant des entrailles de la ''gatherienne'' ballade atmosphérique « Labyrinth » ; sous-tendue par des gammes pianistiques d'une confondante sensibilité et inscrivant dans sa trame un fondant refrain porté par les angéliques volutes d'une interprète que l'on croirait alors touchée par la grâce, la tendre aubade pourrait bien laisser quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon.


A l'issue de cette première traversée en eaux profondes, force est d'observer que nos compères nous mènent à bon port, et ce, sans l'amorce d'une escale. Témoignant d'une technicité instrumentale dores et déjà maîtrisée, de sillons mélodiques travaillés en profondeur et des plus immersifs, renvoyant chacun à la féconde inspiration de leurs auteurs, d'une qualité de production difficile à prendre en défaut et d'une empreinte vocale des plus ensorcelantes et aisément identifiable, c'est dire que cet introductif opus se suit de bout en bout sans encombre.

D'aucuns, pour se sustenter, auraient sans doute souhaité davantage de variété en matière d'exercices de style, instrumentaux, fresques et autres duos manquant ici à l'appel, ainsi que l'une ou l'autre prise de risque consentie par nos cinq belligérants. Quoi qu'il en soit, à la lumière d'une œuvre ne manquant ni d'allant ni de panache, la formation néerlandaise détiendrait une belle carte à jouer pour espérer rejoindre les sérieux espoirs du si couru registre metal symphonique à chant féminin. Bref, un premier mouvement à la fois émoustillant et pétri d'élégance octroyé par le quintet batave. Dans l'attente à peine voilée d'un second album full length...