Liste des groupes Black Metal Ascension (GER-2) Under Ether

Groupe allemand à l'identité mystérieuse, ASCENSION fait bien évidemment dans le black orthodoxe et pour ça, il n'y a par contre aucun mystère. Toute leur imagerie renvoie à l'occultisme. Et c'est suite à d'excellents débuts sur leur démo With Burning Tongues en 2009 qu'ASCENSION sortira Consolamentum l'année suivante, un album bon mais inégal, nous partageant autant de très bons morceaux que de titres plus dispensables. Leur deuxième album, The Dead of the World, sortira en 2014 et c'est quatre ans plus tard, cette année 2018, via le label World Terror Committee, qu'ASCENSION remet le couvert avec leur nouvel album, Under Ether.

Suite au choc de ma découverte de DEATHSPELL OMEGA, ASCENSION m'est tout de suite arrivé dans mes écoutes avec Consolamentum. J'avais beaucoup apprécié cet album, bien qu'un peu en dessous de tout ce qu'a sortit DEATHSPELL OMEGA. Mais comme à la sortie de The Dead of the World, je n'avais pas du tout été emballé par ce deuxième album, j'ai commencé ma première écoute d'Under Ether avec beaucoup d'appréhension, m'imaginant déjà en train de me tourner les pouces à attendre que la musique se termine. Qu'en est-il en réalité ?

Passons d'abord en revue le visuel. Le logo du groupe a été remplacé, depuis l'album précédent, par un genre de sceau, peut-être magique, peut-être pas, mais à la signification plus forte que l'ancien logo (le nom du groupe en lettre gothique un peu dégoulinantes, très classique dans le genre). A la vue de la pochette, on se croit à l'intérieur d'un ancien temple païen avec un masque dans un cercle au fond. Le tout reste dans des tons de couleur orange. Il n'y a aucune autre couleur ce qui permet de se concentrer sur le contraste entre clair et obscure. Nous pouvons, par ces images, nous connecter aux énergies éthériques du black orthodoxe d'ASCENSION. La musique peut démarrer.

Suite à l'intro, "Ever Staring Eyes" commence fort, avec un riffing proche du black bestial ou du moins d'un genre de black death. L'album gardera cette brutalité primaire, mettant quelque peu de côté les inspirations ésotériques et hermétiques du groupe. D'autres titres comme "Dreaming in Death", "Thalassophobia" ou encore "Vela Dare" sont également dans cette lignée. ASCENSION cherche à foncer histoire peut-être de se rattraper de leur réputation d'intellos, davantage attachés aux arts occultes qu'à l'art du riffing. Après, je ne fais que de supposer. Autre point fort guitaristique par rapport à l'album précédent : les solos. Sur l'intro, on croirait avoir affaire à quelque chose de prog ou de psychédélique tellement c'est aérien. Et à partir d'"Ever Staring Eyes", chaque solo reste léger, tranchant avec la bestialité des guitares. On se sent voyager de monde en monde, à travers le décore orangé de la pochette. Et bien évidemment, pour notre plus grand bonheur, chaque titre possède son solo.

Mais alors, qu'est-ce qui fait d'Under Ether un album de black orthodoxe ? Et bien c'est là le problème. Sur le milieu de l'album, en particulier, on ne ressent quasiment plus cette inspiration venue d'un DEATHSPELL OMEGA ou d'un AOSOTH. Où sont passés ces riffs magnifiques, mélodiques à souhait ? Où est passé la profondeur du jeu de dissonance propre au style ? Vu que l'album précédent était déjà dans cette lignée en moins bon, on ne va néanmoins pas se plaindre.

Et c'est là qu'arrive le dernier titre de l'album, "Vela Dare", le plus orthodoxe et le plus marquant après "Ever Staring Eyes". Et quand je dis que c'est le plus orthodoxe, c'est parce-que c'est ça que je cherche chez un groupe comme ASCENSION, ce sont les mêmes sensations que celles de Si Monumentum... de vous savez qui. Déjà, dés le premier riff de ce titre ultime, ceux qui ont écoutés la démo With Burning Tongue sont renvoyés en 2009, aux tout débuts du groupe. Le début fait notamment penser à un titre comme "Coldblooded Grace". Et la suite ? La suite est à l'image de ce début, ça devient de plus en plus majestueux au fur et à mesure qu'on avance dans l'écoute du titre. Mention spéciale aux chants tibétains de ce titre, succédé par les hurlements du vocaliste semblant implorer une faveur à je ne sais quelle divinité antique. Suite au pont au milieu du titre, les dissonances commencent à s'intensifier et c'est là qu'on se rend compte qu'ASCENSION a été formé pour jouer avant tout du black orthodoxe. "Vela Dare", c'est près de huit minutes de bonheur. Dommage qu'il n'y ait pas eut d'autres titres comme ça, notamment sur le milieu de l'album qui semble avoir un ventre mou.

On pouvait difficilement faire plus ennuyant que The Dead of the World. Mais on pouvait craindre qu'ASCENSION reste dans cette lignée pour devenir un groupe générique comme il y en a tant d'autres dans le black metal. Heureusement, ce ne fut pas le cas. Under Ether marque un changement vers de nouveaux horizons pour le groupe, notamment la bestialité des riffs et la légèreté paradoxale des solos. Et certains très bons titres (le premier après l'intro et le dernier) sont là pour nous rappeler ce qu'est le black occulte. ASCENSION revient en forme en cette année 2018 qui n'est pourtant pas si folichonne en matière de black orthodoxe par rapport à l'année précédente.

Une bonne surprise de la part du groupe.