S'il nous fallait user d'un euphémisme bienveillant à l'égard des derniers travaux des Serbes de
Claymore, nous pourrions dire que leur
Lament of Victory ne nous avait pas véritablement laissé un souvenir impérissable. Perclus de défauts en tout genre (tels une production insuffisante, des compositions d'un classicisme achevé, des refrains désespérément simplistes ou encore, et surtout, des chants pénibles pour ne citer que ceux-là) il nous avait même amené à sérieusement nous questionner quant aux capacités de ces musiciens à pratiquer un art qu'à l'évidence ils ne maîtrisaient pas.
Nous voilà deux ans plus tard. Deux ans. Autant dire presque rien si l'on songe à l'ampleur de la tâche à laquelle le quintet originaire de Lazarevac était confronté.
Ce qui nous frappe d'emblée concernant ce disque concerne sa production. Enfin à la hauteur des ambitions des
Slaves, elle ne handicape plus notre écoute. A l'évidence Stormspell Records a mis bon ordre dans la maison.
Viennent ensuite les chants. Abandonnant ces démonstrations maniérées, au lyrisme déplacé de divas fatigantes, Dejana opte désormais pour une expression plus naturelle, plus simple, plus efficace, tantôt Heavy et tantôt plus douce.
Quant aux voix masculines, elles n'ont désormais plus rien d'anecdotique et s'intègrent parfaitement aux dialogues écrits essentiellement par Dejana et Vladimir.
À cet instant précis de l'explication de texte, il conviendra d'insister lourdement sur le bouleversement radical que constituent ces changements. Une mutation si profonde, et si réussi, qu'elle transfigure presque totalement le groupe. Tant d'ailleurs que les analystes prompts à dégainer leurs théories théoriciennes verront là quelque chose de l'ordre de la matérialisation de cette nouvelle naissance par le changement de nom (
Claymore devenant
Claymorean).
Mais cessons de nous égarer en futilités et entrons dans le détail de certaines pistes. Heldenhammer, qui a la lourde tâche d'entamer les débats, est un titre étrange. Les passages très éthérés et gothiques, qui n'auraient sans doute pas entaché certains travaux d'
Artrosis ou de
Theatre Of Tragedy, conjugués à d'autres plus énergiques et ardents de cette chanson nous convainquent aisément. Paré d'une légère grandiloquence, point trop n'en faut, mise en exergue par quelques chœurs masculins du plus bel effet, rien ne peut lui être reproché. Cela étant, au-delà de l'expression de ce contraste, expression à laquelle la formation ne nous avait guère habitués, le morceau est somptueux. Tout comme d'ailleurs un Ironhide vif et inspiré.
Aeons of
Revelations aux allures très italienne nous évoquant notamment
Labyrinth, est, lui aussi, très plaisant. Même
Dreamer on a
Path of Light démarrant sous les augures embarrassants d'une ballade, somme toute, assez classique ne parvient pas à nous décevoir. Et ce notamment grâce aux atours plus dynamiques d'une conclusion séduisante. Le Superbe We
Fight Like
Lions, où Dejana se déchaîne soutenue par la vélocité de guitares efficaces et de chœurs splendides, est sans doute le meilleur titre de cet opus. Une chanson éminemment réussie qui s'inscrit parfaitement dans la mouvance de ces morceaux brillants et enlevés, dans laquelle les
Crystal Viper ou les
Battle Beast excellent. Into the Courts of Chaos, une excellente reprise du titre de
Manilla Road, vient clore ce manifeste.
Bien évidemment, malgré les nombreuses qualités de ce manifeste, il va sans dire que le groupe ne sera pas pour autant devenu le parangon d'une originalité ou d'une personnalité telle qu'elle serait à même d'éclipser les plus illustres représentants de ce Heavy
Power Metal épique qu'il défend, lui aussi. Non bien sûr. Néanmoins il pratique désormais l'exercice avec suffisamment de talent, d'application et d'inspiration pour mériter quelques louanges et pour mériter sa place aux portes du panthéon tant convoité.
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