Projet musical de E.z.k (ex-
Malevolentia), Je est né courant 2006 en tant que one man band et ce n'est que plus tard que cette formation singulière devient un groupe grâce à l'arrivée de nouveaux membres. Les Bisontins font très peu parler d'eux mais ont le but très précis d'exprimer des sentiments à travers leur musique. En effet, le trio s'inspire principalement de l'homme, de son individualisme, de ses sentiments et de son comportement, afin de mettre en place ses thématiques.
Pas pour rien qu'on retrouve assez fréquemment les notions d'urbanisme et de solitude au fil des paroles. Et le patronyme du groupe n'est pas non plus dénué de signification, s'appliquant non seulement à tout personne mais surtout, à l'essence même du trio en question.
Je se met donc à nu avec un premier EP signé chez les Ukrainiens d'Arx Productions. Se dotant d'un artwork sobre et pessimiste, le trio effectue dans un mélange de post-black, de post-rock et de shoegaze, un terme qui apparaît de plus en plus souvent en ce moment et qui décrit la tendance des guitaristes à utiliser des effets et des distorsions, conférant un certain aspect bruitiste. Je essaie de mixer le tout, tout en intégrant des émotions et des sentiments au sein même de ses morceaux, en utilisant le côté mélancolique et torturé du post-rock avec l'agressivité et le côté rêche du black metal.
Inspiré par
Alcest ou
Amesoeurs, Je essaie tout de même de créer quelque chose de personnel. Ceci étant, on ne peut pas dire que cela soit réussi au plus haut point. Même si la production est tout à fait convenable, il n'empêche que la musique de Je pêche sur plusieurs aspects. La fusion des styles, par exemple. Les alternances sont parfois très maladroites comme sur « Les Mensonges de l'Aube », qui, si pris séparément, nous gratifie de bonnes parties black à la limite de l'épique et de douces envolées à la guitare acoustique. Pris ensemble, on peine cependant à y voir une certaine cohérence, on passe du coq à l'âne, même si on aurait pu comprendre ça comme un changement d'état d'esprit.
« Materiel », quant à lui, arrive à avoir une certaine cohérence et le mix est plutôt bien appréhendé, dans la mesure où les riffs rock et black sont maîtrisés et laissent place tantôt à une voix criarde hargneuse, bien que manquant d'efficacité, tantôt à une voix rock. Cependant, on regrettera ces longueurs et ce manque de punch. Il n'y a pas ce côté catchy qui nous permettrait de tenir bon jusqu'à la fin du titre. Idem sur « La Chûte de l'Être », instrumental et acoustique, mélodique et mélancolique, mais trop long et peu varié.
En revanche, l'éponyme «
Un Royaume de Nuit » suffit à lui-même et s'aventure dans l'expérimental tout en nous proposant de très bonnes ruptures, le black se transformant en post-rock ou en minute acoustique. Les riffs distordus et quelques soli font la part belle aux vocaux décharnés de E.z.k et la mélancolie prend le pas sur le côté sombre des compos en général. Dommage toutefois que la batterie soit très mal mixée, son côté rude ne collant pas trop à la délicatesse des guitares.
«
Un Royaume de Nuit » ne marque pas et reste encore très approximatif et sec. Je, à travers cet EP, ne semble pas totalement exprimer ce qu'il a au fond de lui, comme si son potentiel était encore enfermé et ne se contentait que de mélancolie ou de sentiments de solitude. Il faudra développer davantage et tenter de se démarquer pour éviter ces relents à la
Amesoeurs traînant par ci par là.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire